Le chef des milices séparatistes du polisario, Brahim Ghali, né dans la ville marocaine de Smara, comparaissait mardi 1er juin devant le juge espagnol Santiago Pedraz, pour plusieurs accusations graves, notamment de tortures, de sévices sexuels, de disparitions forcées, et meurtres. L'accusé a plaidé non coupable, devant un magistrat qui n'a pas voulu retenir de mesures restrictives de mouvement. Pourtant, l'homme est connu pour être le chef des milices du polisario qui a opéré depuis 1975 de vastes mouvement de purification ethnique au Sahara et dans les camps de Tindouf en Algérie où il a élu domicile. Les morts se comptent par milliers, des hommes et des femmes marocains d'origine sahraouie, des espagnols et même des personnes de mouvance indépendantiste. Selon les témoignages de ceux qui ont vécu dans les camps de Tindouf, les pires atrocités imaginables ont été commises par Brahim Ghali et les membres du polisario. Des viols de femmes mariées à des soldats envoyés pour formation militaire à Cuba, des viols sur des mineurs et l'incapacité des familles à dire non, des tortures dans les prisons secrètes établies sous terre, des humiliations et atteintes à la dignité humaine, et des stérilisations forcées parmi les Sahraouis né sous l'occupation espagnole, figurent parmi la longue liste de sévices infligés à ceux qui ont osé s'opposer à la doctrine du polisario. Mais face à toutes ces lourdes accusations de génocide, face à la multiplicité des victimes, face aux récits effroyables des survivants, le juge Santiago Pedraz de l'Audiencia Nacional, n'a même pas voulu limiter les mouvements de Brahim Ghali qui a échappé à la justice espagnole depuis 2008, et a montré son mépris de la justice espagnole à plusieurs occasions. Brahim Ghali qui s'est complètement remis de sa maladie ne s'est pas présenté par visioconférence, craignant une inculpation. Même après l'annonce du numéro 2 du polisario que Ghali allait quitter l'Espagne dès son rétablissement et sans comparaitre devant la justice, le juge espagnol avait encore refusé de lui mettre la pression afin qu'il réponde des graves violations des droits de l'Homme dont il fait l'objet. Pourtant, les victimes voient en ce procès, une étape significative et importante dans leur combat pour obtenir justice. Ces hommes et ces femmes sont des revenants, toujours hantés par les mauvais traitements qu'ils ont subi par le polisario, cette organisation qualifiée de « terroriste » par de nombreux milieux, notamment par des militants du séparatisme sahraoui eux-mêmes qui décrivent les membres de cette organisation régnant sur les sahraouis comme des sanguinaires. Brahim Ghali, connu pour être l'un des plus grands tortionnaires dans le monde vivant en liberté, est accusé par de nombreuses personnes, notamment vivant en Espagne. Toutes l'accusent de traitements inhumains et dégradants et font partie des rares personnes à s'en être sortis indemnes des bagnes de l'une des 5 prisons secrètes de Tindouf en Algérie, seul pays soutenant cette organisation. Le chef des milices séparatistes est visé par d'autres plaintes mais dont les dossiers n'ont pas été rouverts par la justice espagnole. Mais ce mardi, il a fait face aux accusations de l'association ASADEDH qui représente plusieurs victimes de Brahim Ghali ainsi que 26 autres figures du polisario et membres des services algériens, et celles de Fadel El Breika qui a réussi à s'échapper des camps de Tindouf en 2019. « La comparution aujourd'hui devant la justice de ce criminel de guerre qui a torturé et assassiné des centaines de personnes est une victoire pour ses victimes qui réclament que justice soit rendue. Le fait que le dénommé Brahim Ghali, responsable de graves crimes pendant 50 ans, soit sur le banc des accusés constitue un pas en avant vers le rétablissement de la justice. Cette comparution n'est que le début d'un procès qui atteindra également les autres dirigeants de la bande séparatiste du polisario. Nous avons confiance en l'indépendance de la justice espagnole qui prendra les mesures adéquates pour que ce criminel réponde de ses actes abjects », a déclaré Fadel El Breika à la sortie de l'audience. Néanmoins, le juge Santiago Pedraz -un proche du PSOE, le parti du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez qui a comploté avec l'Algérie dans cette affaire- a d'ores est déjà fait savoir que selon lui, il n'y avait pas de preuves tangibles concernant les accusations reprochées à Ghali et c'est en ce sens qu'il a refusé à plusieurs reprises d'émettre de quelconques mesures visant à assurer la présence du tortionnaire devant la justice. Cette affaire de la plus grande gravité semble être prise à la légère par le magistrat espagnol, et selon des sources espagnoles proches du dossier ayant requis l'anonymat, l'issue de cette affaire est déjà connue à l'avance vu les réticences du juge à faire le minimum requis. « Je connais très bien Pedraz, cela m'étonnerait qu'il fasse quelque chose (dans le sens des victimes) », nous indique-t-on. Hospitalisé depuis avril dans un hôpital de Logroño dans la région de La Rioja, pour complications dues au covid-19, Brahim Ghali est entré en Espagne illégalement, sous une fausse identité algérienne. Il a pu entrer en Espagne avec l'accord du gouvernement de Sanchez et dans l'anonymat le plus complet pour lui faire éviter des poursuites judiciaires. Face à la réputation du personnage, plusieurs pays de l'Union européenne ont refusé catégoriquement de l'accueillir pour le soigner. Lorsque l'affaire a été découverte par voie de presse, cette information a créé une grave crise diplomatique avec le Maroc, étant donné que Brahim Ghali est le leader des milices séparatistes luttant pour l'installation de l'Algérie dans le Sahara marocain. L'Espagne avait déjà accumulé une série de bourdes diplomatiques envers le Maroc et a cherché à minimiser la portée de cette action hautement déstabilisatrice des relations entre les deux royaumes en indiquant qu'il s'agissait seulement d'un acte humanitaire. Pourtant, Sidameh Battal, un autre ancien chef du polisario qui était atteint du coronavirus également, n'a pas bénéficié du même traitement de faveur par Madrid ni par l'Algérie, si bien que ce dernier est mort abandonné des suites de complications du coronavirus dans les camps de réfugiés de Tindouf. La veille de procès le ministère marocain des Affaires Etrangères a fait savoir dans un communiqué que l'affaire de Brahim Ghali n'était pas le fond de la crise diplomatique entre le Maroc et l'Espagne, en affirmant qu'il s'agit d'une « question de confiance brisée » entre les deux pays. Rabat a déclaré que le fond de cette crise réside dans « une question d'arrière-pensées espagnoles hostiles au sujet du Sahara, cause sacrée de l'ensemble du peuple marocain ». L'Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara marocain, qui a été chassée en 1975 par la Marche Verte, mène depuis de nombreuses années une politique pro-séparatistes sahraouis en leur donnant avantages, nationalité, statut de réfugiés, en organisant des vacances scolaires pour les sahraouis en Espagne dans des familles espagnoles, en multipliant les réseaux associatifs hostiles au Maroc dans la péninsule ibérique et plus encore. L'Espagne a prouvé son hostilité au Maroc et sa cause nationale également suite à la reconnaissance des Etats-Unis sous l'administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara en allant directement protester auprès de la prochaine administration, celle de Joe Biden, pour lui demander de revenir sur cette décision en cas de victoire à la présidentielle américaine.