L'association sahraouie des droits de l'Homme (ASADEDH), principale organisation initiatrice du film judiciaire intenté au chef des milices séparatistes sahraouies du polisario, Brahim Ghali en Espagne, a déposé mercredi soir, un recours officiel auprès du magistrat Santiago Pedraz pour réclamer la confiscation du passeport de l'accusé afin de l'empêcher de fuir sa convocation. Mais le juge de l'Audiencia Nacional, a refusé cette demande une deuxième fois. Voici les détails. Dans une déclaration à Hespress FR, le président de l'association ASADEDH, Ramdan Mesaud Larbi, a indiqué que son association a déposé un recours devant le juge Pedraz mercredi, pour réclamer la confiscation du passeport de Brahim Ghali et la mise en place d'une surveillance par des agents de sécurité devant sa chambre d'hôpital, afin de veiller à ce que l'accusé n'échappe pas à sa convocation devant la justice prévue pour le 1er juin. Le recours posé par l'association basée en Espagne est le deuxième en son genre depuis l'arrivée du chef des milices séparatistes en péninsule ibérique. Deux autres demandes similaires ont été déposées par le bloggeur sahraoui dissident du mouvement séparatiste, El Fadel Breika, naturalisé espagnol, qui poursuit Brahim Ghali pour torture, kidnapping, des faits qui ont eu lieu à Rabouni en Algérie. Il avait été enlevé et torturé dans les prisons secrètes des séparatistes pendant 5 mois, avec deux autres activistes des droits de l'Homme, Mahmoud Zedan et Moulay Abba Bouzid, pour avoir publié la réalité des milices à Rabouni et exprimé publiquement leur rejet de la dictature des milices séparatistes. Selon notre interlocuteur, Brahim Ghali a intégré une chambre d'hôpital normale jeudi 20 mai, « étant donné que son état de santé c'est nettement amélioré et qu'il peut se nourrir lui-même ». Il avait déjà quitté l'unité de soins intensifs fin avril et pouvait tenir une conversation, selon les médias ibérique. Une version confirmée par les représentants des milices séparatistes en Europe qui ont affirmé que sont état de santé s'était considérablement amélioré. Alors que le chef des séparatistes sahraouis se rétablit vite, sa fuite d'Espagne semble ne tenir qu'à quelques jours voire quelques heures, même si le magistrat Pedraz avait initialement refusé de lui imposer des mesures conservatoires estimant qu'il n'avait pas tenté de fuir la justice et qu'il restait facile à tracer. Pourtant, cette justification du juge Pedraz ne semble pas tenir debout vu la manière avec laquelle l'accusé s'est introduit en Espagne, sous un faux nom algérien, et un passeport diplomatique octroyé par l'Algérie, dans une opération illégale et secrète, avouée plusieurs jours plus tard, par la cheffe de la diplomatie espagnole Arancha Laya Lopez, au pied du mur après les révélations de la presse étrangère qui a divulgué tous les détails de l'opération. Après avoir demandé des mesures conservatoires une première fois, l'association ASADEDH qui représente les victimes sahraouies de Brahim Ghali et ses comparses dans les atteintes aux droits de l'Homme, a déposé un nouveau recours, et a fait valoir que l'homme a échappé à la justice espagnole plusieurs occasions, notamment en 2014 et en 2016. L'accusé avait délibérément ignoré sa convocation par le tribunal numéro 5 de l'Audiencia Nacional à l'époque. « Depuis l'arrivée de Brahim Ghali en Espagne jusqu'à aujourd'hui, l'affaire et notre plainte ont pris un cours positif. Le juge a pris une décision importante en décidant de rouvrir notre dossier. C'est une décision très très positive pour les victimes qui attendent que l'enquête permette d'arriver à la vérité », déclaré à Hespress FR, Ramdan Mesaud Larbi. « Le juge avait estimé qu'il n'était pas nécessaire de lui imposer de mesures conservatoires, ni de lui retirer son passeport, ni de lui imposer de surveillance, étant donné son état de santé et aussi parce que l'endroit où il se trouve est connu. Mais nous avons posé un recours parce que cet homme a des antécédents où il a été convoqué et ne s'est pas présenté », a-t-il déclaré en annonçant le recours de son association, deuxième partie à accuser Brahim Ghali. Actuellement deux affaires sont en cours contre Brahim Ghali, celle de l'ASADEDH, et celle initiée par le sahraoui Fadel El Breika. Ghali est également poursuivi par l'Association canarienne des victimes du terrorisme (ACAVITE) pour les mêmes motifs, entre autres, génocide, crimes de guerre, disparitions forcées, terrorisme, torture, et également par une jeune femme sahraouie, Khadijatou Mahmoud, sauvagement violée en Algérie. « Déjà en 2008, lorsque la première plainte a été déposée, il était représentant en Espagne (du polisario) et quand il a vu son nom, il s'est enfuit en Algérie. Cinq ans après, en 2013, il est revenu en Espagne pour une visite familiale, chez sa fille qui habite au Pays Basque, à Vitoria. On l'a dénoncé au juge, et lorsqu'il l'a su, il s'est enfuit en France puis est reparti en Algérie. Et ça la police judiciaire espagnole le sait », a expliqué le président de l'ASADEDH qui ajoute que l'affaire ne concerne pas uniquement Brahim Ghali, mais qu'il s'agit de 23 responsables militaires du polisario et 4 membres des services de renseignements algériens En 2016 encore, rappelle Ramdan Mesaud Larbi à Hespress FR, Ghali était attendu pour une manifestation pro-polisario au Parlement catalan, qui avait lieu le 16 et le 17 novembre. L'association en a informé le juge de l'époque « qui a vérifié les informations et lui a envoyé une citation à comparaitre, et lorsqu'il a su, son avion qui l'emmenait d'Algérie vers Barcelone a fait demi tour et il est retourné à Rabouni ». « Tout cela prouve qu'il a des antécédents et qu'il a cherché à plusieurs reprises à se défiler devant la justice. Maintenant qu'il est là à l'hôpital et Dieu le guérisse, et l'endroit où il se trouve est connu, et le nom d'emprunt qu'il a utilisé pour rentrer est connu, le juge a devant lui plusieurs options pour l'empêcher de fuir une nouvelle fois », a-t-il affirmé. La thèse soutenue par l'ASADEDH s'est confirmée, puisque mercredi, Brahim Ghali a refusé de signer sa citation à comparaitre devant le magistrat Santiago Pedraz, et s'est tourné une fois de plus à l'Algérie pour lui apporter son soutien mais surtout avoir son accord avant de prendre toute décision. Selon un rapport de police, Ghali a refusé de signer le récépissé de la convocation à son audience pur les deux affaires tant qu'il n'a pas consulté l'avis de l'ambassade d'Algérie, et des personnes en qui il a confiance. Face à la réaction du militaire séparatiste et les preuves apportées par les plaignants, le juge Pedraz s'est finalement résolu à réagir, en maintenant la date de comparution de Brahim Ghali au 1er juin et menaçant d'un mandat de perquisition et d'arrêt international si l'intéressé ne se présente pas. Une manière d'obliger Brahim Ghali à choisir entre comparaitre pour les deux affaires de crimes de guerre et génocide qui l'intéressent, ou retourner ad vitam aeternam en Algérie. Mais le magistrat espagnol a encore une fois rejeté le recours de l'ASADEDH et de Fadel El Breika « pour le moment », estimant que les conditions pour Ghali n'ont toujours pas changé et sortant une excuse, celle qu'il n'y a pas «d'indications claires» qu'il est responsable des tortures attribuées par les plaignants. Mercredi soir, la ministre espagnole des Affaires Etrangères qui a cautionné l'accueil de Brahim Ghali et ignoré les avertissements du ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska qui s'était vivement opposé à son accueil par l'Espagne, s'est prononcée pour qu'il passe devant la justice. « Si M. Ghali a des problèmes en suspens avec la justice espagnole, il devrait comparaitre, comme tout citoyen », a-t-elle dit, affirmant que « la justice espagnole est indépendante, ne répond aux diktats d'aucun exécutif et que l'exécutif respecte cela ». « Je le répète. Si la Justice dit qu'elle a des affaires en suspens, il devra répondre comme n'importe quel autre citoyen », a soutenu la ministre lors d'un entretien avec RNE. L'ASADEDH avait initialement fait remarquer dans une lettre adressée Pedro Sánchez, et au président de la justice Commission du Congrès, Isaura Leal, que la gravité de l'affaire de l'accueil de Brahim Ghali réside dans « la tentative de se soustraire aux poursuites judiciaires à travers le délit d'usurpation d'identité », alors que ce dernier est poursuivi pour des crimes contre l'humanité. L'association a relevé que l'entrée du chef des séparatistes du polisario « sous une fausse identité et avec l'aval, les garanties et la protection du gouvernement espagnol » est grave et peut « constituer un crime de prévarication, peuvent traduire un excès dans les fonctions du gouvernement » et constituent une « attaque contre l'indépendance du pouvoir judiciaire ».