Delattre Levivier Maroc se sent prête pour élaborer et ensuite présenter un projet qui non seulement tienne la route mais aussi prenne en compte l'augmentation du capital, le plan social, l'échelonnement de la dette sur une durée plus longue ainsi que l'optimisation des dépenses actuelles…Les détails du plan de redressement de DLM en exclusivité à Hespress Fr. "La décision du redressement judiciaire montre clairement que l'entreprise est aujourd'hui en difficulté mais aussi que la continuité de son activité n'est pas remise en cause", nous explique Camélia Benabdellah, directeur général adjoint de DLM, précisant "Autrement dit, l'on est totalement en capacité de continuer l'ensemble des chantiers (une quinzaine) en cours pour le compte de gros clients. Et ce sans que l'entreprise ne cède absolument rien. Donc tout l'actif industriel est intact et on est capable de faire les achats requis pour ces chantiers". Ceci étant, la responsable, qui nous donne l'exclusivité des détails du plan de redressement, a commencé par faire ressortir : "Les chantiers en cours, d'un côté, ils nous aideront assurément à remonter la pente mais aussi ils sont révélateurs que l'on est encore capable de répondre à des appels d'offres aussi bien public que privé. Alors qu'en principe, les privilégiés pour y répondre, ce sont généralement les sociétés avec une forte capacité et une solidité financière et non pas les entreprises en difficulté qui sont en redressement ou qui sont en liquidation". Et de se féliciter : "Pour contrecarrer cette réglementation, le tribunal et le syndic ont le droit de faire un courrier commun à toute administration publique qui fait foi finalement. Et nous avons donc eu cet avantage majeur avec l'autorisation de notre syndic, appuyée par le tribunal, pour dire que nous sommes en capacité de répondre à ces appels d'offres, donc de pouvoir continuer notre activité". C'est une excellente nouvelle, selon la DGA de DLM, dans la mesure où les choses reprendront dans les prochaines années grâce notamment aux marchés des barrages, qui font partie l'année prochaine de la majeure partie du chiffres d'affaires de toutes les entreprises de construction métallique. "C'est vraiment une très bonne nouvelle qui fait montre de la confiance du tribunal et du syndic en DLM", affirme-t-elle à Hespress Fr, ajoutant que le redressement va permettre aussi un échelonnement de la dette sur une durée qui peut aller d'un minimum de 8 à un maximum de 10 ans. En effet, si DLM avait obtenu la sauvegarde, l'apurement du passif aurait dû être sur une durée de 5 ans. Et cette durée n'aurait pas été suffisante pour assurer à l'ensemble de ses créanciers un apurement à 100%. C'est pour cette raison que la responsable, en attendant la décision finale du tribunal qui se fera après dépôt du plan de continuation par le syndic, réitère que c'est une excellente nouvelle car c'est ce qu'il va leur permettre de retrouver une activité normale et aussi d'être en phase dans un environnement sectoriel qui est plus qu'amputé avec -10% de marges pour les entreprises. "Certes cette nouvelle n'est pas pour réjouir nos créanciers, mais elle va tout de même leur assurer mine de rien 100% de remboursement. Contrairement à ce qui aurait pu se passer en cas de sauvegarde et du fait de ne pas être capable de rembourser toutes les créances des fournisseurs et bancaires avec une durée de 5 ans seulement. Et à tout cela n'oublions pas que le Corona est venu rajouter son lot de misères avec des problèmes monstres de recouvrement et de difficultés de paiement", confie-t-elle. Et de souligner : "Maintenant sur 8 années ou 10, nous pouvons travailler de façon plus sereine et surtout on a plus de temps pour apurer ce passif avec plus de commandes. Nous avions besoin de ce répit, de cette bouffée d'oxygène. Et sincèrement, c'est aussi positif pour nos fournisseurs, certes ce ne sera pas un recouvrement immédiat dans cette situation de redressement mais au moins leurs droits sont garantis. D'autant plus qu'il est dans un plan de remboursement déposé et signé formellement au tribunal". Autre fait réjouissant pour DLM. Benabdellah dit : "Dans notre situation, il n y a rien qui change. Le management actuel est maintenu à son poste et il prend l'ensemble des décisions et le contrôle du syndic n'est qu'un contrôle a posteriori. Donc rien à voir avec des situations de redressement d'entreprises où vraiment la confiance est rompue et où le tribunal confie le management au syndic". Les actionnaires historiques en renfort "En se basant sur le tableau de commandes que nous avons présenté et sur le volume de nos créances, la décision de redressement a été aussi tributaire de quelques conditions. La première c'est l'augmentation du capital, à laquelle nous avons déjà commencé à réfléchir sérieusement et nous avons jusqu'à 2 ans pour pouvoir reconstituer nos capitaux propres", nous confie Eric Cecconello, C.E.O de DLM notant que : "Normalement l'ensemble des administrateurs vont se réunir dans les mois à venir pour voir quelle est la meilleure façon possible pour revenir finalement à une situation normale". Et d'expliquer : "L'augmentation du capital doit revenir à un niveau normal et les capitaux propres doivent représenter au moins un quart du capital de l'entreprise. Et il faut savoir que les actionnaires historiques sont prêts à faire tout leur possible pour y remédier". S'agissant de la seconde condition, limite sine qua non pour nos sources, c'est l'exécution d'un plan social qui viserait à faire correspondre la masse salariale avec la situation actuelle de trésorerie de l'entreprise. Pour la troisième condition, Camélia Benabdellah évoque : "Le recouvrement des créances clients et il faut savoir qu'il y a énormément d'argent à l'extérieur". Et d'indiquer quant à la rationalisation de toutes les dépenses : "En examinant toute une restructuration de l'entreprise, il faudrait qu'on optimise l'ensemble de nos dépenses en fonction de notre carnet de commande actuel et des commandes à venir, qui disons-le tout net, lors de la 1re et 2e année, ça ne sera pas de l'ordre des milliards qu'on faisait en termes chiffres d'affaires il y a quelques temps". C'est ainsi que pour tous ces motifs et obligations, le tribunal de commerce a déclaré DLM en redressement judiciaire et a décidé de conserver l'ensemble des membres de la procédure, en l'occurrence le juge-commissaire Mohamed Amine Jalbi et le syndic Rachid Sebti. Reste maintenant à DLM de retrousser ses manches pour la préparation de la solution la plus adéquate possible, soit un super plan de continuation à exécution rapide.