Le syndicat indépendant des médecins du public du Maroc (SIMP) a adressé une lettre ouverte au ministre de la santé, Khalid Ait Taleb. L'objet de cette correspondance est un SOS lancé par les médecins du secteur public qui appellent à une intervention urgente de leur ministre pour résoudre les différentes problématiques qui troublent leur vie, avant qu'il ne soit trop tard. « Nous vous écrivons aujourd'hui, monsieur le ministre de la Santé, alors que le médecin du secteur public en a eu assez du mépris opposé par le gouvernement à ses demandes légitimes que vous aviez reconnues et son exclusion du règlement des dossiers en suspens, à l'image d'autres catégories de professionnels au sein de la fonction publique« , avance le syndicat dans sa correspondance. Le syndicat poursuit ainsi que le médecin du secteur public se retrouve dans une situation catastrophique, difficile à comprendre et à analyser. Raison pour laquelle il interroge le ministre de la santé sur son rôle dans la recherche d'une solution urgente à ces problématiques, notamment dans plusieurs points qui trainent dans les couloirs du ministère depuis des années. Ainsi, le SIMP énumère au ministre cinq points phares du dossier revendicatif des médecins du public, qui nécessitent une résolution immédiate. Premièrement, le syndicat exige du ministre de se pencher sur les «priorités» du dossier revendicatif qui ont assez tardé tout en clarifiant les raisons du report de l'activation des dispositions de la dernière convention du 6 août 2020 concernant l'autorisation de l'indice 509 avec toutes ses indemnités. « Si les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes se sont engagés à poursuivre tous les efforts déployés pour lutter contre la Covid-19, ils sont aujourd'hui contraints, devant l'ignorance du gouvernement, de commémorer le 25 mai pour protester contre 10 ans de déceptions », explique le syndicat. Deuxièmement, le syndicat demande à son ministre d'activer toutes les mutations suspendues depuis 2018 et plus. Selon la même source, il s'agit là d'un « problème qui persiste, au-delà de toute description, et qui dépasse les limites de la patience », notant que « la condition de compensation n'est pas remplie, les concours d'emploi ne rencontrent plus aucun succès et les médecins ou encore les lauréats ne sont plus attirés par la santé publique». Cette doléance légitime intervient alors que le Maroc connait une pénurie sans précèdent de médecins, notamment les spécialistes, mais aussi des infirmiers et techniciens de santé. Jusqu'à quand, se demande le SIMP, alors que plusieurs « provinces du Royaume sont désertées par les médecins, face à des responsables provinciaux et régionaux de la direction de la santé qui ne lèvent pas le petit doigt et observent la situation qui, malheureusement, se complique jour après jour ». Troisièmement, et c'est un point que le SIMP estime qu'il ne peut tolérer aucun retard dans sa mise en œuvre, c'est l'activation inévitable et immédiate de l'intégration de tous les étudiants en médecine qui ont réussi les concours de résidanat pour la spécialité, dans les différents centres de formation continue en milieu hospitalier. Quatrièmement, et afin « d'éviter l'épuisement professionnel des médecins qui sont sous une pression de travail continue depuis plus d'un an », le syndicat des médecins du public appelle le ministre de la Santé à « rétablir la possibilité de bénéficier des congés administratifs +gelés+, même si le problème nécessite un traitement au cas par cas, progressivement. Avec la possibilité de compenser ce mois de congé par un mois de salaire supplémentaire pour ceux qui le souhaitent ». Dans son cinquième et dernier point, le syndicat évoque la contrainte du travail le samedi. Le SIMP appelle ainsi Ait Taleb à renoncer à cette décision, « compte tenu de la capacité des cadres de santé à relever le défi national de la campagne de vaccination, dont notre pays a été pionnier au niveau international, avec une pleine détermination et volonté, pendant les cinq jours ouvrables de travail, du lundi au vendredi, surtout avec la disponibilité intermittente des doses de vaccin ». Selon le syndicat, et vu les retards de livraison de vaccins que connait le Maroc, il y a toujours cette possibilité que la campagne soit prolongée sur plusieurs mois supplémentaires. « Nous devons tous maintenir la santé et l'efficacité de tous nos cadres de santé. De plus, les listes des employés du samedi n'ont pas encore été contrôlées et définies, et ce pour une indemnité promise qui n'a jamais été arrêtée », précise le syndicat. Pour conclure que « la patience des médecins du public est arrivée à ses limites et qu'il faut se méfier de leur colère qui dort, au cas leurs doléances légitimes ne sont pas réalisées ».