La dynamique associative marocaine qui accompagne les travaux de la 65e session de la Commission de la Condition de la Femme des Nations Unies (CSW65) a organisé ce lundi 22 mars, un webinaire, sous le thème » Participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, élimination de la violence, réalisation de l'égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles ». Selon les organisatrices, cette conférence de presse virtuelle a pour but d'éclairer l'opinion publique sur les travaux de la CSW65 ainsi que de la participation des organisations marocaines de femmes et de défense des droits humains aux travaux de la session, à travers laquelle elles partagent aussi leur lecture du statut des droits des femmes au Maroc. A cette occasion, la dynamique associative accompagnant les travaux de la 65e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, constituée d'un certain nombre d'associations au niveau national, participe aux activités de cette session, dans une posture de questionnement des obligations du Maroc vis-à-vis des organes conventionnels, des procédures spéciales, du suivi des politiques publiques en présentant ses travaux, tout en présentant sa position commune sur les politiques suivies à la lumière de la situation épidémiologique actuelle et des conditions qui vont suivre, et pour attirer l'attention des CSW65 aux recommandations qu'elle formulera. Plusieurs militantes marocaines ont participé à cette conférence notamment Amina Lotfi, présidente de l'Association Marocaine des droits des femmes (ADFM). Dans un premier temps, les participantes ont indiqué que les associations de femmes au Maroc n'ont pas été impliquées dans le processus d'élaboration du rapport national par le ministère de la Solidarité, du Développement social, de l'Egalité et de la Famille à l'occasion de la 65e session de la Commission de la condition de la femme, malgré les recommandations faites aux gouvernements à ce sujet, comme indiqué dans la quatrième annexe du rapport national. Certaines d'entre elles ont uniquement été conviées à une réunion virtuelle organisée avec les associations de femmes le 3 mars 2021, poursuit la dynamique, notant que le ministère de la solidarité s'est seulement contenté de présenter la conception du rapport et quelques titres de base des axes qu'il contenait, en plus de quelques statistiques sur la «participation économique des femmes» et leur participation à la vie publique et politique, dans le secteur public et privé et dans les postes de responsabilité et de prise de décision, ainsi que certaines mesures de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Photo Mounir Mehimdate La dynamique a rappelé lors de cette conférence que la présentation dudit ministère n'a pas été partagée avec les associations, ni avant ni après, ce qui a empêché l'interaction avec son contenu, avec la précision requise et le suivi efficace. De plus, les participantes aux travaux de la 65e session de la Commission de la condition de la femme ont précisé qu'elles n'ont pas pu voir le rapport national qu'à la fin de la semaine dernière après sa publication sur le site Internet du ministère soit après le début des travaux de la session. Elles ont également enregistré la nature « structurelle » du rapport, qui se généralise et énumère de nombreux programmes et plans ainsi que des procédures et mesures qui ont été considérées comme des réalisations de manière descriptive qui ne permet pas de clarifier leur impact et comment ils ont été atteint et ce que l'on attend d'eux, ce qui est, ont-elles estimé, incompatible avec les orientations qui devraient être adoptées concernant le contenu de l'examen national. Ainsi, la dynamique associative accompagnant les travaux de la 65e session de la CSW65 a présente sa position sur la réalité quotidienne des femmes au Maroc concernant leur accès et jouissance de leurs droits dans plusieurs domaines. Au niveau des obligations internationales du Maroc, la dynamique enregistre que malgré l'adoption par le Royaume en juillet 2011 du projet de loi 12.12 relative à la ratification du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et du projet Loi n ° 126.12 relative à la ratification du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les instruments d'adhésion n'ont pas encore été déposés auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, et les déclarations interprétatives relatives au chapitre 2 et le quatrième paragraphe de l'article 15 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes n'ont pas été retirés, ce qui fait obstacle, selon le dynamique, au respect des obligations internationales du Maroc et fait obstacle aussi à la condition d'aptitude recherchée par les associations. Photo Mounir Mehimdate Au niveau des politiques publiques, et malgré les stratégies et programmes mis en place, la dynamique associative marocaine estime que l'intégration et l'inclusion des droits des femmes et de l'égalité des sexes dans les politiques sectorielles ainsi que dans la coordination intersectorielle, n'ont pas encore été réalisées. Le mêmes stratégies de politiques publiques, poursuit la même source, ne font pas référence à l'égalité d'accès aux ressources économiques, aux services financiers, à l'héritage et aux ressources naturelles, ni à l'adoption et au renforcement de politiques et d'exigences législatives appliquées en faveur de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. Sans parler des disparités entre les régions et les femmes elles-mêmes, qui font que de nombreux groupes d'entre elles souffrent plus que d'autres de la pauvreté et de la vulnérabilité (femmes et filles rurales, ayant des besoins particuliers, femmes âgées, mères célibataires …). Quant aux lois qui garantissent la protection des femmes contre la violence et la discrimination, la dynamique associative marocaine estime que la législation actuelle reste incapable de lutter efficacement contre le phénomène de la violence et de la discrimination à l'égard des femmes et des filles dans les sphères publique et privée , et les mesures de prévention, de protection, de dédommagement et de sanction demeurent, en particulier en ce qui concerne les violences conjugales et psychologiques, incapables d'assurer une protection complète des femmes victimes et de leurs enfants.