Une vingtaine de sénateurs américains conduits par le républicain James Inhofe et le démocrate Patrick Leahy ont adressé une lettre ouverte au président des Etats-Unis Joe Biden l'exhortant à revenir sur la décision prise par son prédécesseur Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara. « La décision abrupte de l'administration précédente prise le 11 décembre 2020 de reconnaître officiellement les revendications illégitimes de souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara Occidental a manqué de perspicacité, sapé des décennies de politique cohérente des Etats-Unis et aliéné un nombre significatif de nations africaines », ont-ils affirmé dans leur lettre partagée sur le réseau social Twitter par Jim Inhofe. « Nous vous exhortons respectueusement à revenir sur cette décision malavisée et à réengager les Etats-Unis à poursuivre un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui du Sahara occidental », ont-ils appelé. Nous espérons pouvoir compter sur vous pour être partenaire dans cet effort », concluent les sénateurs après bien des blablas de circonstance. Nullement ici, l'idée de rappeler que Jim Inhofe est un lobbyiste américain pro-Algérie et Polisario, dont les mensualités se comptent en milliers de dollars. Seulement voilà, en même temps, l'ONG américaine « Teach the Children International » (TCI) une organisation à but non lucratif basée à Tulsa en Oklahoma fief de Inhofe et qui vient en aide aux enfants à risque aux Etats-Unis et à l'étranger et travaille avec les communautés de réfugiés du monde entier, a par la voix de sa présidente et fondatrice Nancy Huff, interpellé le sénateur américain, James Inhofe, sur son soutien au Polisario. Il faut revenir à la raison écrit-elle « alors même que ses dirigeants continuent de prendre des décisions qui perpétuent le calvaire enduré par les populations séquestrés dans les camps de Tindouf depuis plus de 45 ans. Aussi dans sa lettre adressée au sénateur républicain, la présidente de l'ONG, met en avant les différentes raisons l'ayant encouragé à exprimer son plein soutien au plan d'autonomie présenté par le Royaume, appelant le représentant de l'Etat de l'Oklahoma à faire de même. « J'ai un lien personnel avec cette question » écrit Nancy Huff. « Pendant sept ans, à la demande du Polisario, j'ai facilité l'expédition de conteneurs maritimes de nourriture et de conteneurs médicaux vers les camps de Tindouf gérés par le Polisario. Ces camps situés en Algérie sont peuplés de Sahraouis de souche, qui revendiquent le Sahara comme foyer. Mon expérience dans l'administration de cette aide m'a laissée convaincue que le Polisario fait très peu pour aider ces Sahraouis dans les camps et que le meilleur espoir pour les habitants de cette région est l'administration marocaine du Sahara ». Et d'étayer ses dires « Le Polisario contrôle toute l'aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf. Une grande partie de l'aide que j'envoie sous forme de fauteuils roulants, de fournitures médicales et de nourriture n'atteint jamais les camps de Tindouf, encore moins les personnes qui y vivent ». Dans cette même lancée, elle poursuit: « Pour le Polisario, maintenir cette région en l'état est une bonne politique – cela signifie des décennies de plus de conflits et de controverses, qui maintiennent les Sahraouis dans les limbes pendant que les dirigeants séparatistes prospèrent ». La militante revient aussi sur l'exploitation par les dirigeants du Polisario de la jeunesse sahraouie à leurs propres fins. Nancy Huff évoque également le détournement avéré des aides humanitaires dédiées aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf au sud-ouest de l'Algérie. Des faits démontrés dans un rapport de l'Office européen anti-fraude (OLAF) de 2015. Il faisait état de détournement de larges quantités d'aide humanitaire destinée aux populations des camps de Tindouf, depuis le port d'Oran sous la bonne indulgence des généraux algériens et des dirigeants du Polisario. L'aide était par la suite écoulée dans le marché noir. A ces calamités Nancy Huff oppose le développement tous azimuts des provinces sud du Royaume et les conditions de vie dignes des habitants du Sahara marocain. « Le Maroc a investi des milliards de dollars dans le Sahara occidental et transformé le désert autrefois nomade en villes prospères. J'ai parlé avec des Sahraouis qui vivent au Sahara Occidental, qui m'ont conté la liberté et la prospérité de vivre dans la région. C'est une nette différence avec les camps dirigés par le Polisario – où la personne souffre sous la direction de dirigeants qui n'ont à cœur que leurs intérêts personnels », conclut-elle. De son côté, le politologue américain, Robert Satloff, une référence en matière de politique du monde arabo-musulman et de la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient, a exprimé son vif désaccord avec la thèse de Jim Inhofe. « Je pense que c'est la mauvaise approche au sujet de la question Sahara », a réagi sur Twitter le directeur exécutif de l'Institut de Washington pour la politique au Proche Orient. Selon lui, ' »il n'y a pas de contradiction entre la reconnaissance de la souveraineté du Maroc et le soutien à la médiation de l'ONU pour parvenir à une résolution négociée » de ce différend régional, contrairement aux allégations du sénateur qui s'est fait, pendant des années, le porte-voix de l'Algérie et des séparatistes. Et de souligner que « de plus, les sénateurs qui critiquent le renoncement de Trump à l'engagement de son prédécesseur en faveur de l'accord nucléaire avec l'Iran devraient réfléchir deux fois avant d'exhorter Joe Biden à renoncer à l'engagement de son prédécesseur de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara ».