Les « AD Talks », édition spéciale en ligne de la conférence annuelle de haut niveau Atlantic Dialogues, se sont déroulés du 3 novembre au 23 décembre, autour du thème de « La crise Covid vue de l'Atlantique Sud ». Ce sont au total, 17 sessions impliquant 80 intervenants issus de 37 pays sur quatre continents (Afrique, Amériques, Europe, Asie), qui ont traité de l'impact de la pandémie sur la géopolitique, l'économie et la démocratie de par la Planète. Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le Policy Center for the New South offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement. Il vise à faciliter les décisions stratégiques et les politiques publiques relevant de ses principaux programmes : Afrique ; géopolitique et relations internationales ; économie et développement social ; agriculture, environnement et sécurité alimentaire ; et matières premières et finance. Parmi les intervenants ont figuré nombre d'anciens Atlantic Dialogues Emerging Leaders, de jeunes professionnels issus de tout le bassin Atlantique comme à l'image de la session de clôture sous le thème de « l'impact économique de la crise Covid en Amérique latine » avec la présence remarquée de trois anciens présidents, du Costa Rica, de l'Equateur et de l'Argentine. Mais on n'occultera aucunement les sommités qui ont contribué à la réussite de ces AD Talks, tels que Bronwyn Bruton (USA), directrice des programmes et études pour le Conseil Atlantique, Aminata Touré, ancienne Premier ministre du Sénégal, Amr Moussa (Egypte), ancien secrétaire général de la Ligue arabe et ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, Paulo Portas ancien ministre portugais des Affaires étrangères. Tout cela a fait que cette édition, nourrie par l'actualité des élections américaines et de la distribution de vaccins contre la Covid-19, s'est soldée par un franc succès. Les débats ont en effet été suivis par plus de 25 000 personnes à travers 170 pays. « Le dialogue compte », a conclu le 23 décembre Karim El Aynaoui, président du Policy Center for the New South. « C'est un bien commun que nous apportons, avec des valeurs de tolérance, de respect des faits, de la science, et de curiosité pour les autres cultures ». Des AD Talks, Karim El Aynaoui retient que « nous sommes à un carrefour, et nos choix vont affecter les générations futures, notamment en matière de changement climatique. La gouvernance est essentielle, de même que la solidarité. Le Maroc l'a montré, en levant l'équivalent de 3 % de son PIB pour faire face à la pandémie. La demande de protection est forte, de même que la capacité à mettre en place des filets de sécurité, à apporter les traitements nécessaires et les vaccins. En clair, l'Etat est de retour ». Un « Passage en revue de la Covid-19 au Nord et au Sud », a permis de rappeler l'actualité du principe de non alignement en Afrique, un continent qui ne veut pas choisir entre la Chine et l'Occident. Les notions d'Ouest, de Nord et de Sud semblent de plus en plus dépassées dans l'ordre mondial selon Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères. « Nous avons connu le pire impact sur le chômage en Amérique latine, avec un taux qui a doublé au Costa Rica, passant de 12 % à 22 %. Nous sommes l'un des pays les plus endettés du sous-continent, avec le Brésil et l'Argentine, et la population est très mécontente de la situation. » Miguel Angel Rodriguez, ancien Président du Costa Rica Aminata Touré, a pour sa part déclaré, « On a fait à la mondialisation une réputation surfaite, et il a fallu que la Covid-19 arrive pour qu'on se rende compte qu'elle n'est pas si solide : la première réaction grégaire des Etats a été de fermer les frontières et rapatrier des populations, avec la rupture des chaînes d'approvisionnement et une sorte de chaos ». On retiendra également cette déclaration de Amr Moussa, « Le temps n'est-il pas venu, pour l'Europe, la Russie et les pays en développement, de penser à une nouvelle forme de non alignement avec les Etats-Unis et la Chine, pour contenir la course aux armements et s'assurer qu'il n'y aura pas de confrontation sérieuse entre ces deux pays ? ». Ou encore celle, pertinente de Paulo Portas « Sur les dix pays ayant le plus grand nombre de morts, huit sont dirigés par des populistes, de droite comme de gauche. Le populisme est une simplification, alors que la pandémie est complexe : les Etats-Unis, le Brésil, l'Espagne et l'Italie ont trouvé les idéologies plus pertinentes que la sûreté publique ». Et pour conclure, on laissera le mot de la fin à Bronwyn Bruton « Pendant trop longtemps, les nations européennes et africaines se sont appuyées sur les Etats-Unis, qui ne sont plus intéressés à assumer leur ancien rôle. Avec le changement climatique, il faudra trouver un moyen de voir les nations en développement occuper une plus grande place à la table des négociations ».