Crise diplomatique entre la France et l'Algérie ? La phrase-choc de l'ex-patron des renseignements extérieurs français (DGSE) sur Bouteflika a fait réagir toute la presse algérienne. La France a dû rapidement répondre pour désamorcer in extremis la « bombe » qui menace les relations franco-algériennes. Bourde ou boutade? En tout cas la presse en fait des gorges chaudes. Les relations historiques et délicates entre l'Algérie et la France ne sont plus à raconter. L'amer souvenir du colonialisme est toujours vif dans les esprits des Algériens qui ont combattu pour l'indépendance de « l'Algérie française », et il est tout aussi présent dans la mémoire des Harkis, ces algériens ayant combattu aux côté du colonisateur récemment décorés en France. Même les nouvelles générations en Algérie continuent de remettre sur la table la douleur du passé. La France, cherche la réconciliation. Dans la série des « boutades lancées et des bourdes commises » par les responsables français sur l'Algérie, s'ajoute celle de l'ex-patron des renseignements extérieurs français (2013-2017), Bernard Bajolet, qui était par ailleurs aussi l'ambassadeur de la France en Algérie (2006-2008). « Le président Bouteflika, avec tout le respect que j'éprouve pour lui, est maintenu artificiellement en vie », a-t-il lancé dans un entretien au Figaro, où il parlait des relations franco-algériennes. Cette phrase, a provoqué l'ire de l'Algérie où il est connu qu'il ne faut pas toucher à la sempiternelle sacralité du Président Abdelaziz Bouteflika. Lundi 24 septembre, l'ancien diplomate français en a rajouté une couche en essayant d'expliquer sa bonne intention, mais pour lui, hors de question de se voiler la face sur l'état de santé du Président algérien, « soyons clairs, je souhaite longue vie au président Bouteflika. Je ne suggère donc pas qu'on le débranche » a-t-il dit lors d'un déjeuner avec la presse diplomatique. Selon le diplomate, « cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui espèrent continuer à se maintenir et à s'enrichir », a-t-il déploré, lui qui connait bien l'Algérie pour avoir été l'ambassadeur de la France à Alger. Soucieuse de préserver ses intérêts économiques et diplomatiques et sécuritaires avec l'Algérie, Paris a tout de suite réagi à travers une déclaration de l'actuel ambassadeur à Alger qui s'est défendu que les déclarations de Bajolet ne représentaient en aucun cas la position de la France. « Bernard Bajolet, c'est Bernard Bajolet. Il s'exprime à titre personnel, il n'engage en aucun cas, je dis bien en aucun cas, le gouvernement, le président et l'administration française », s'est défendu Xavier Driencourt. L'ex-directeur des renseignements extérieurs français sous François Hollande a également publié un livre sur l'Algérie, « Le soleil ne se lève plus à l'Est : mémoires d'un ambassadeur peu diplomate », aux éditions Plon. Le livre, où il décortique le système algérien, est dédié à son expérience en tant qu'ambassadeur à Alger.