L'Arabie saoudite qui se dispute le leadership de la région avec l'Iran, semble craindre que le président américain élu ne revienne à l'accord conclu en 2015 alors qu'il était vice-président. Dans ce contexte, le Roi Salmane Ibn Abdelaziz Al-Saoud, d'Arabie saoudite a exhorté jeudi les puissances mondiales à être « fermes » à l'égard de l'Iran et à « l'empêcher de se doter d'armes de destruction massive », sur fond de craintes d'une relance de l'accord nucléaire sous la présidence du nouveau président américain Joe Biden. En effet, au Moyen-Orient, à l'annonce du résultat de la présidentielle américaine, à Téhéran, ce fut un souffle de soulagement tandis qu'à Riyad et Abou Dhabi on a plutôt serré les dents. Ces pays clés de la région s'attendent en effet à un changement important après l'élection, mais cela parait disproportionné aux yeux des spécialistes par rapport à ce qui devrait préférentiellement ressembler à un changement dans la continuité. L'arrivée du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, annonce certes une évolution dans le style et la méthode, mais pas pour autant, une rupture avec la politique appliquée par Washington n'est pas systématiquement à envisager. L'administration Biden ne devrait pas révolutionner l'approche américaine dans la région quoique l'approche est attendue plus apaisée ou en tous cas moins agitée et d'une gestion moins pressante moins unilatérale que sous l'ère de Trump. Aussi dans ce contexte, le royaume saoudien a appelé la « communauté internationale à adopter une position ferme à l'égard du régime iranien », comme cela a été déclaré par le roi Salmane dans son discours annuel devant le Majlis al-Choura, l'Assemblée consultative d'Arabie saoudite. Le roi Salmane tout en réaffirmant le soutien de son pays à la solution de deux Etats dans le règlement du conflit israélo-palestinien a déclaré à propos de la position à adopter vis-à-vis de son meilleur ennemi « Cette position ferme doit garantir que l'Iran sera empêché d'obtenir des armes de destruction massive, de développer son programme de missiles balistiques et de menacer la paix et la sécurité ». Ryad accuse en outre l'Iran de soutenir militairement les rebelles Houthis au Yémen, ce que Téhéran nie. L'Arabie saoudite dirige une coalition militaire dans ce pays contre les Houthis et en soutien au pouvoir. C'est que la rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran dure depuis plus de quatre décennies. Elle remonte à l'avènement de l'ayatollah Khomeiny, l'année du triomphe de la révolution islamique iranienne et le départ du Shah d'Iran. L'Arabie saoudite sunnite a vu dans le zèle ardent ou prosélytisme de l'Iran chiite des années 1980, une tentative d'exporter son modèle « révolutionnaire ». Les deux pays se livrent depuis, plusieurs guerres par procuration, que ce soit au Liban, au Yémen, en Irak ou en Syrie. Sous l'administration Trump, qui accuse l'Iran malgré ses démentis de chercher à se doter de l'arme nucléaire, les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de l'accord international visant à limiter drastiquement les activités sensibles de l'Iran et ont rétabli des sanctions économiques paralysantes contre ce pays. A la différence donc de l'approche de Donald Trump trop rentre-dedans, la nuance devrait être le mot d'ordre de Joe Biden dans la gestion ce dossier. Sur la question iranienne d'abord, où l'ancien vice-président de Barack Obama devrait favoriser les outils diplomatiques et le dialogue plutôt que la politique de la force, sans pour autant remettre en question l'hostilité américaine vis-à-vis de Téhéran. A l'égard des autocrates du monde arabe ensuite, avec qui son prédécesseur républicain a entretenu des liens privilégiés, mettant tous ses œufs dans les paniers émirati et saoudien dans une logique de lutte contre l'expansionnisme iranien à tout prix. Les intérêts américains demeurent les mêmes dans cette partie du Moyen-Orient, Joe Biden devrait chercher à les conserver d'une manière ou d'une autre, l'objectif étant également de restaurer une dynamique de partenariat dans ce sens où ses relations avec ses alliés du Vieux Continent étaient mises à mal en ce qui concerne ce dossier.