L'exécutif marocain prônant une bonne santé à ses recettes fiscales a ciblé une catégorie de pécheurs bien spécifiques, les disciples de Bacchus ou autre Dionysos c'est selon. En s'attaquant à la consommation des boissons alcoolisées Saâd Dine Otmani et consorts n'ont pas dans leurs velléités que de ramener les brebis égarés dans le droit chemin mais surtout de s'en mettre plein les poches. En effet, il a imposé de nouvelles augmentations sur la TIC de ce type de boissons dans son projet de loi de finances pour l'année 2021 (PLF 2021). Dans ses intentions, l'augmentation de la taxe sur toutes sortes de bières à raison de 20%, une valeur qui passera de mille dirhams l'hectolitre à 1200 dirhams soit le 1/5, tandis que la taxe imposée sur le vin et les autres boissons plus fortes quant à leur teneur en alcool variera respectivement de 800 à 900 dirhams par hectolitre. Le président de l'Association des commerçants et professionnels du des restaurants bars et discothèques, Kacem Ajdouri Jilali, digère très mal la décision du gouvernement et tire le signal d'alarme en expliquant à Hespress que ces nouvelles hausses de taxes incluses dans le projet de loi de finances pour 2021 affecteront directement le secteur. « l'augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées contribuera directement à réduire la consommation, après avoir déjà enregistré une baisse conséquente avec l'avènement de la pandémie du coronavirus ». Ajdouri a ajouté que « ces mesures impacteront les ventes dans les magasins d'alcool par catégories, sans parler du reste des autres commerces, tels que les restaurants et bars ainsi que ceux actuellement classés qui sont toujours fermés en raison de mesures de quarantaine, sans qu'il n'y ait eu de mesures compensatoires à cet effet». Force est de constater que le gouvernement de Saâd Dine El Otmani revoit ses ambitions à la hausse quant aux recettes fiscales en exploitant des filons provenant de la consommation d'alcool dans toutes ses splendeurs, des boissons gazeuses et du tabac, qui pour le budget de l'Etat sont des revenus importants. Selon le texte du PLF 2021, il est prévu que les recettes fiscales sur les vins et alcools atteindront 718 millions de dirhams d'ici fin 2020, contre 678 millions de dirhams pour l'exercice précédent (2019), soit un beau pactole d'augmentation et une gourmandise qui prête à en redemander. Malheureusement ce n'est pas en s'attaquant au pouvoir d'achat du marocain avec l'augmentation de la TIC sur les boissons alcoolisées et autres que le gouvernement marocain nourrira sa niche fiscale. Bien au contraire, il s'attaque à des secteurs sensibles d'autant plus fragilisés par la crise sanitaire que traverse le pays. Le domaine touristique moribond non pas par la crise elle-même mais par des décisions gouvernementales qui l'affectent gravement, en est un parmi tant d'autres. Une éventuelle reprise passerait par la réouverture des frontières et ce projet d'augmentation de la TIC sur boissons alcoolisées n'est pas fait pour lui rendre service. Ses conséquences sont négatives car ce ne sont pas que les buveurs locaux « musulmans » ou autres qui sont ciblés mais également le touriste, une denrée rare par ces temps voués à Dame Covid. De plus, c'est tout un autre secteur déjà affecté et si porteur au regard des emplois qu'il draine ou englobe et dont Kacem Ajdouri Jilali est le représentant qui va en subir le contrecoup. Le gouvernement Saâd Dine El Otmani voile ses tares en taxant la consommation qui déjà sans qu'on y touche est rubis sur ongle. Il ne faut pas trop tirer sur la corde et s'attaquer aux plus vulnérables, car elle risque de casser. Il est comme qui dirait que cette augmentation est synonyme de la fameuse goutte qui pourrait faire déborder le... verre.