Le second épisode de la confrontation à huis clos entre l'islamologue suisse Tariq Ramadan et une femme qui l'accuse de l'avoir violée en 13 avril 2008 en Suisse et surnommée Brigitte, a débuté ce jeudi matin au tribunal de Paris, a-t-on appris auprès d'un avocat. Tous deux, s'étaient retrouvés le 16 septembre dernier dans le bureau de juges français en présence d'un procureur de Genève pour une confrontation. L'audition avait été suspendue dans la soirée à la demande de « Brigitte ». Déjà quatre fois mis en examen pour viols, Tariq Ramadan est donc revenu ce jeudi au tribunal de Paris pour une affaire dépassant les frontières françaises. La justice suisse demandait depuis deux ans d'organiser cette audition, mais la détention provisoire du prédicateur entre février et novembre 2018, puis son interdiction de quitter la France par crainte d'une fuite et enfin la crise sanitaire ont, à chaque fois, repoussé l'échéance. Cette mère de famille suisse aujourd'hui âgée de 54 ans, disait avoir surmonté sa crainte de saisir la justice grâce au courage des femmes ayant dénoncé les viols et la double vie de Tariq Ramadan, alors incarcéré en France. Selon la plaignante « Brigitte », l'islamologue l'aurait soumise à une série d'actes sexuels brutaux, accompagnés de coups et d'insultes, ne la laissant repartir qu'à l'aube. Interrogé pour la première fois le 16 juillet sur ces faits, Tariq Ramadan a admis l'existence de ce rendez-vous, mais nié toute relation sexuelle avec cette femme, selon un membre de son entourage. Mais il a fini par admettre au cours de l'enquête française avoir pratiqué une sexualité dominatrice avec de nombreuses maîtresses, affirmant toutefois avoir toujours respecté leur consentement et a contesté toutes les accusations de viols portées contre lui. « C'est une étape importante, ça va être une journée longue, intense, éprouvante. Notre cliente est néanmoins sereine et confiante, elle ne dit que la vérité« , a indiqué à son arrivée au tribunal Me Robert Assael, l'un des avocats suisses de « Brigitte ». Tarik Ramadan est « serein et combatif, il sera précis et tout à fait cohérent, contrairement à la partie adverse », a déclaré son avocat, Me Pascal Garbarini. « La confrontation du 16 septembre avait révélé combien la plaignante suisse mentait. Elle a surtout été confrontée à ses propres affabulations », a twitté ce jeudi matin l'islamologue, annonçant avoir déposé plainte pour « dénonciation calomnieuse ». A l'issue de la première audition, en septembre, l'avocate de l'islamologue en Suisse avait relevé la « posture de femme séductrice » de la plaignante dans ses messages échangés avec le prédicateur à l'issue du rendez-vous dans l'hôtel genevois. « On ne peut pas soutenir un seul instant avoir été violentée par cet homme et à peine une heure plus tard lui écrire +je rêve de t'embrasser+ puis à 8h51 +tu es un homme merveilleux+ », avait soulevé Yaël Hayat. Le récit de « Brigitte » est très similaire à celui de « Christelle », l'une des deux premières femmes à avoir porté plainte en France contre l'intellectuel suisse, l'accusant d'un viol dans un hôtel à Lyon en octobre 2009. Pour les magistrats français, ces similitudes témoignent d'un « mode opératoire » récurrent employé par Tariq Ramadan pour exercer son emprise sur ses victimes, thèse appuyée récemment par une expertise psychiatrique au cœur du dossier. Pour la défense de Ramadan, qui conteste la validité de cette expertise rendue en mai, c'est au contraire le signe d'une collusion entre plusieurs des plaignantes, des « maîtresses déçues » entrées en contact pour se venger bien avant de déposer plainte.