Tariq Ramadan se présentera devant le tribunal correctionnel de Paris, mercredi 8 septembre, pour avoir exposé le nom de l'une des femmes qui l'accusent de viol. Déjà confronté à plusieurs accusations de viol, Tariq Ramadan est convoqué au tribunal à la demande du parquet, qui lui reproche d'avoir enfreint la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Son article 39 interdit de « diffuser (…) des renseignements concernant l'identité d'une victime d'une agression ou d'une atteinte sexuelle » sans son accord écrit, sous peine de 15.000 euros d'amende. L'islamologue suisse et son accusatrice en question, qui se fait appeler « Christelle » dans les médias, seront présents à l'audience, ont indiqué leurs avocats. « Christelle » accuse Ramadan de l'avoir violé dans une chambre d'hôtel à Lyon en 2009. Celle qui a déposé plainte en 2017 se retrouvera pour la première fois en face à face avec le Suisse. Cette comparution intervient après que l'islamologue ait cité le vrai nom de « Christelle » 84 fois dans son livre intitulé « Le devoir de vérité » dans lequel il raconte sa version de l'affaire. Plus encore, le parquet demande aussi que l'intellectuel soit jugé pour avoir cité le nom de cette femme lors d'un entretien accordé à BFTMV lors de la sortie de ce livre et dans un communiqué de presse en faisant la promotion. « Donner son nom (…) c'est la désigner comme cible auprès de ses derniers adeptes », a affirmé l'avocat de « Christelle », Me Eric Morain, en dénonçant la campagne « inouïe » de « harcèlement, de menaces » que subit selon lui sa cliente de la part des soutiens de l'islamologue. Les avocats de Tariq Ramadan se sont dit de leur côté « surpris de l'audace » de « Christelle »: « elle est la première à avoir dévoilé son nom et son image, en lançant une cagnotte et lors de multiples interviews », a assuré Me Pascal Garbarini. Libéré le 16 novembre 2018 après le versement d'une caution de 300.000 euros et la remise de son passeport suisse, Tariq Ramadan est toutefois interdit de sortie du territoire. Il est inculpé depuis le 2 février 2018 pour « viol » et « viol sur personne vulnérable », des faits qu'il dénonce affirmant que ses accusatrices mentent. Les accusatrices, Henda Ayari et « Christelle », l'accusent de « viol » en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon. S'ajoutent à ces deux femmes, une troisième, Mounia Rabbouj, qui l'a accusé de neuf viols sur la période 2013-2014. Il n'est toutefois pas poursuivi pour ces faits là. Mais l'enquête a été élargie à trois nouvelles victimes potentielles.