Le Fonds monétaire international (FMI) affirme que la pandémie menace d'effacer les gains sur le plan des possibilités économiques offertes aux femmes, creusant les écarts qui persistent entre les sexes. « Des politiques publiques bien conçues pour favoriser la reprise peuvent atténuer les conséquences négatives de la crise sur les femmes et prévenir de nouveaux revers pour l'égalité entre les femmes et les hommes », souligne l'institution financière internationale basée à Washington dans une nouvelle étude signée notamment par sa directrice générale, Kristalina Georgieva. Selon les FMI, les femmes sont plus présentes que les hommes dans les secteurs sociaux, tels les services, la distribution, le tourisme et l'hôtellerie, qui exigent des échanges en face à face et sont les plus durement touchés par les mesures de distanciation. « Du fait de la nature de leurs emplois, le télétravail est impossible pour de nombreuses femmes », indique l'étude. Dans les pays à faible revenu, les femmes tendent plus que les hommes à travailler dans le secteur informel. « L'emploi informel, souvent rémunéré en espèces sans surveillance officielle, signifie pour les femmes un salaire plus faible et l'absence de protection du droit du travail et de prestations telles que les pensions de retraite ou l'assurance maladie. Les moyens d'existence des travailleurs informels ont subi la crise de COVID-19 de plein fouet », a relevé l'étude. Les femmes tendent à effectuer davantage de tâches ménagères non rémunérées que les hommes Les Nations Unies estiment que la pandémie accroîtra d'environ 15,9 millions le nombre d'individus qui vivent dans la pauvreté en Amérique latine et aux Caraïbes, portant le nombre total de pauvres à 214 millions, parmi lesquels beaucoup sont des femmes et des filles. « Les femmes tendent à effectuer davantage de tâches ménagères non rémunérées que les hommes, exactement près de 2,7 heures de plus par jour », selon le FMI. Elles assument en effet la plus grande part des responsabilités familiales résultant des mesures de fermeture comme les fermetures d'écoles et les précautions à prendre pour les parents âgés vulnérables. « Lorsque les mesures de fermeture sont levées, les femmes mettent plus de temps à retravailler à temps plein », note l'analyse. La pandémie exposent les femmes à un risque accru de perte de capital humain. En résultats, l'abandon scolaire touche les filles dans de nombreux pays, qui sont contraintes de quitter l'école et de travailler pour compléter les revenus du ménage. « Privées d'instruction, celles-ci subissent une perte permanente de capital humain qui sacrifie la croissance de la productivité et perpétue le cycle de la pauvreté au sein de la population féminine », selon l'institution financière internationale qui juge « indispensable que les dirigeants prennent des mesures pour limiter les effets traumatisants de la pandémie sur les femmes ». Ces mesures pourraient consister à étendre l'aide au revenu aux personnes vulnérables, à préserver les liens d'emploi, à mettre en place des incitations pour équilibrer les responsabilités professionnelles et familiales, à améliorer l'accès aux soins de santé et à la contraception, et à élargir les aides aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants.