A Paris, en marge d'un rassemblement interdit de soutien à la famille d'Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 après son interpellation musclée par la Gendarmerie, des incidents sont survenus mardi soir, qui ont donné lieu à une vingtaine d'interpellations alors que l'on signale des blessés de part et d'autre (police et manifestants). La manifestation qui s'est rassemblée devant le tribunal de Paris (nord-est) a mobilisé une foule de plus de 20 000 participants où nombre d'adolescents et de jeunes adultes scandant « Justice pour Adama ! » se sont insurgés contre les violences policières. Cela a dégénéré en fin de manifestation provoquant, l'intervention de la police et c'est parti en vrille. Selon le maire du XVII ème arrondissement c'est un million d'euros de dégâts. La dispersion a été émaillée d'incidents sporadiques : jets de projectiles, tirs de gaz lacrymogènes, incendies, manifestants bloquant le périphérique... À Clichy, les vitres d'un poste de Police municipale ont été brisées par des manifestants. D'autres rassemblements de moindre envergure ont eu lieu en France (Lyon, Lille, Marseille...) contre les violences policières ( Lille, quelque 2 500 personnes ont manifesté dans le calme et plusieurs centaines à Marseille et à Lyon). Selon la préfecture la manifestation n'était pas autorisée en raison de l'état d'urgence sanitaire qui proscrit tout rassemblement public de plus de dix personnes toujours en rigueur en France, elle n'avait en outre « fait l'objet d'aucune déclaration préalable ». Ce que les organisateurs réfutent. Toujours est-il que la manifestation, annoncée depuis le 29 mai sur les réseaux sociaux, avait été interdite quelques heures à peine avant sa tenue par la Préfecture, au motif qu'elle n'était « pas autorisée par le décret du 31 mai 2020 relatif à l'urgence sanitaire ». La préfecture de police estimait également que « la tonalité de l'appel à manifester relayé par les réseaux sociaux laissait craindre que des débordements aient lieu sur un site sensible ». Cette manifestation avait également lieu dans le contexte de celles organisées aux Etats-Unis et dans d'autres pays après la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis le 25 mai. D'ailleurs la famille d'Adama Traoré l'affirme à travers cette déclaration « L'indignation qu'on dénonce aux Etats-Unis, il se passe exactement la même chose en France. En France c'est encore pire : aux Etats-Unis les policiers ont été limogés, en France les gendarmes ont été récompensés », avant de conclure « la justice française a peur de la vérité dans l'affaire Adama Traoré, une reconstitution qu'on demande depuis plusieurs années n'est pas acceptée donc bien évidemment qu'on ne peut pas parler d'enquête dans cette affaire ». Elle a en outre, tenu pour responsable des débordements qui ont émaillé à la fin de la manifestation la préfecture de police de Paris et son patron Didier Lallement. « Hier la manifestation s'est très bien passée. Les images sont là, on l'a vu, des policiers sont montés sur le toit et ont jeté des projectiles sur les manifestants, il ne se passait rien du tout », a affirmé Assa Traoré sœur d'Adama, pour qui « toutes les marches du comité Adama se sont toujours bien passées ». « La violence n'a pas sa place en démocratie, a tweeté le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner. Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous. »