Emmanuel Macron a fait un pas envers les victimes de la Guerre d'Algérie, en reconnaissant jeudi 13 septembre, la responsabilité de la France dans les actes de torture menés entre 1954 et 1962. Le Président de la République a par ailleurs remis une déclaration à la veuve du français et militant anticolonialiste Maurice Audin, victime d'enlèvement et de torture par les militaires français à Alger en 1957. « Le président de la République a (...) décidé qu'il était temps que la nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. (...)Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l'avaient arrêté à son domicile » a annoncé l'Elysée, jeudi 13 septembre. Ce geste du président français est un acte de reconnaissance symbolique de cette guerre qui a vu le déchirement d'hommes morts pour leur pays. Malgré tout la guerre d'Algérie demeure et demeurera un sujet tabou pour la France qui n'a jamais admis officiellement ses responsabilités dans les crimes et les tortures perpétrés en Algérie. Affichant sa volonté de mettre à nu la responsabilité de l'Etat français dans les crimes durant la Guerre d'Algérie, le Président français a déclaré qu'« Il importe que cette histoire soit connue, qu'elle soit regardée avec courage et lucidité. Il en va de l'apaisement et de la sérénité de ceux qu'elle a meurtris (…) tant en Algérie qu'en France ». De son côté, le ministre algérien des Moujahidine, Tayeb Zitouni, a qualifié ce qu'a dit le chef d'Etat de l'hexagone de « "pas 'positif louable » dans une déclaration à la presse jeudi 13 septembre, à Alger, rapporte l'agence algérienne APS. Toujours selon la même source, le ministre algérien a déclaré que les crimes des autorités françaises contre les Algériens durant l'époque coloniale « ne peuvent être niés que par un oublieux et un ignorant de l'histoire ». Malgré cette volonté de tourner la tragique page de l'histoire coloniale qui lie la France et l'Algérie par Emmanuel Macron, la réaction en demi-teinte des Algériens se fait comprendre. Les précédents présidents français avaient eux aussi eu des mots poignants pour qualifier l'horreur de la guerre d'Algérie qui a fait presque 45 000 victimes, mais les résultats attendus par l'Algérie n'avaient pas suivi. « Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité » avait lancé le Président Nicolas Sarkozy à Alger en 2007, avant d'accueillir à l'Elysée les « harkis » (les Algériens ayant combattu aux côtés des Français), ce qui avait fait entrer l'Algérie dans une colère noire. François Hollande, lui aussi avait parlé du manquement de la France à ses valeurs universelles, avait reconnu les souffrances du peuple algérien pendant la colonisation devant le Parlement algérien en 2012, mais encore une fois, pour les Algériens qui réclament une réparation pour le préjudice moral, ces déclarations ne sont pas à la hauteur des dégâts engendrés.