Légende urbaine, démon féminin, fantasme, résistante, mythe ancestrale, Aïcha Kandicha, aussi fascinante qu'effrayante a bercé l'enfance d'un bon nombre de marocains et continue de susciter l'intérêt général. Ancrée dans l'histoire du Maroc, bien qu'elle ne soit pas réelle (du moins pour la majorité), Aïcha Kandicha est une femme de pouvoir qui a fait tourner bien des têtes et terroriser les hommes. A l'occasion de la journée internationale de la femme, fêtée le 8 mars, Hespress FR, dresse le portrait de cette comtesse féministe et combattante à jamais maudite dans l'histoire. Femme de pouvoir (surnaturel) malgré elle, Aïcha Kandicha, dans la mémoire collective fait partie de ces êtres invisibles pour le commun des mortels, qui marchent sur le sol sans laisser de trace. Selon la légende, Aïcha est une femme d'une beauté divine, qui se distingue par de longs cheveux noirs, une robe blanche et des pieds de chèvre ou de chamelle. Véritable joyau culturel du patrimoine marocain, Kandicha était la fille d'un cheikh de tribu du Haut-Atlas. Hormis sa beauté décrite comme renversante, cette jeune femme torturée se distinguait encore plus des autres femmes pour sa lutte et sa résistance. Pour certains elle est un conte que l'on raconte aux enfants pour les effrayer, pour d'autres cette jeune femme aurait bel et bien existé, à une époque où sa ville natale, El Jadida était sous l'occupation coloniale portugaise. Cette dernière sortait la nuit et usait de ses charmes pour séduire les soldats portugais et les tuer en représailles de l'assassinat de l'un de ses proches. Aïcha aurait tellement d'hommes que les soldats ont commencé à la craindre. Les habitants pensaient qu'elle avait des pouvoirs surnaturels. Après sa mort son esprit hanta les lieux. Ainsi, Aïcha réapparaissait les nuits aux hommes qui osaient s'aventurer dans les lieux isolés. Malheureux celui qui croisait son chemin et qui succombait à son corps à peine vêtu. La tentatrice mortelle Le malheureux qui croisait le chemin de Aïcha, ne devait surtout pas succomber à sa beauté irrésistible et à son corps à peine vêtu. Elle appelait d'une voix cristalline et envoûtante le prénom de sa victime Malchanceux, était celui qui lui cédait, il ne revenait plus jamais parmi les siens. Beaucoup de jeunes hommes avaient ainsi disparu en suivant cette femme fatale. Rares , furent les rescapés, qui malgré leur retour, ne sortirent pas indemnes de cette mésaventure .Ils restaient ensorcelés ou fous à tout jamais. Aïcha kandicha l'héroïne militante devint l'esprit maléfique qui a soif de vengeance. Mais ce qui la distinguait encore plus des autres femmes, c'est son rôle de chef d'une guérillas amazigh, lutant contre l'occupant du Maroc à l'époque. Elle menait des attaques contre des intérêts et les positions du colonisateur avec succès puis, elle se retirait dans les montagnes avec ses guérillas. Pour l'occupant, il était impossible de lui mettre la main dessus. Elle avait de plus en plus de succès, elle recevait beaucoup de soutient de la population. Les habitants s'engagèrent par dizaines dans sa guérillas, séduits par son charme et son courage. L'une des premières résistantes de l'histoire Kandicha était à la base d'une des premières guérillas dans l'histoire. Ainsi, seul un pan de l'histoire est resté dans les mémoires, ce qui a créé une image différente de cette femme qui, pourtant, s'est opposée aux envahisseurs et a lutté pour l'indépendance de son peuple. Elle jouit d'un nom mythique capable à lui seul de créer un personnage qui réveille tout l'imaginaire marocain et parfois maghrébin. De nombreux écrivains évoquent ce nom qui crée un monde magique, particulier, parfois angoissant. Pour d'autres, c'est une jeune femme ardente, d'une grande beauté, qui séduit, ensorcelle et dévore ses amants. Pour le reste, c'est une vieille sorcière laide et effrayante, une briseuse de ménage meurtrière qui a créer la terreur. Aïcha Kandisha est-elle un mythe ou réalité ? C'est une question dont les réponses sont multiples. Bien que son personnage soit interprété de nombreuses façons, Aïcha Kendicha représente, dans un sens, un symbole de courage, d'une femme qui sous la lutte révolutionnaire à réussi, juste à la prononciation de son prénom à forcer la crainte et le respect.