Avec plus de 100 morts confirmés dans la journée du 28 janvier, la dangerosité de l'épidémie du Coronavirus est indéniable. La crise ne se limite plus à la Chine, puisqu'elle s'étend maintenant à l'Arabie Saoudite, la France, le Canada, etc., qui sont des partenaires économiques du royaume. Entre psychose et faits, quel impact aura cette épidémie sur l'économie nationale? La crise du Coronavirus pèse lourdement sur le globe à l'heure actuelle. Avec 100 morts et près de 5000 infectés en ce début de semaine, selon un bilan officiel des autorités chinoises, la ville de Wuhan confirme son statut d'œil du cyclone de l'épidémie du Coronavirus. Mais la liste ne se limite pas à l'empire du Milieu, puisqu'elle comprend d'autres pays, notamment la Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud, les USA, la France, le Canada, l'Australie, le Népal, le Vietnam, etc. La propagation du virus pousse bien à s'inquiéter, surtout pour le Maroc, dans la mesure où plusieurs de ces noms sont des partenaires économiques de premier plan pour le royaume. Dans le cas des relations économiques sino-marocaines, l'on parle de 1,63 milliard de dirhams d'exportations pour ce qui est des minéraux nationaux, et de 375 millions de dirhams de produits de grande consommation, notamment l'eau, les agrumes et les conserves de poissons. Selon les données de l'Office des Changes, à fin juin 2019, les importations de produits chinois vers le Maroc se sont chiffrées à 1,4 MMDH, alors que les exportations ont été de 1,36 MMDH durant cette période. De plus, l'Office indique que les produits exportés depuis le Maroc vers la Chine concernent des demi-produits (211 MDH), des biens finis d'équipement (190 MDH), mais aussi des produits bruts d'origine animale et végétale (84 MDH), et des produits finis de consommation (44,8 MDH). Par ailleurs, il est à noter que le trafic aérien du royaume, pour l'année 2019, a totalisé un nombre d'arrivées de 25.059.840 passagers, en croissance de 11,18 % par rapport à l'année 2018, selon les données de l'Office National Des Aéroports (ONDA). Pour ce qui est des parts représentées par chaque continent, l'Europe représente 79,19 % de ces arrivées (17.464.911 passagers), 2,79 % pour l'Amérique du Nord (615.006 passagers), et 7,89 % pour le Moyen et Extrême Orient (1.740.318 passagers). La vigilance mais pas la psychose Une fois que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a confirmé le statut d'épidémie, il n'a été que chose normale de voir les gouvernements se mobiliser pour contrer la propagation du virus auprès de la population. Le Maroc n'échappe pas à la règle, puisque le ministère de la Santé s'est bien mobilisé pour mettre en place un plan sanitaire au niveau des aéroports du royaume, tout en émettant des appels en Chine pour la communauté marocaine établie à Wuhan et dans les autres régions du pays. D'ailleurs, il est à noter que le royaume a procédé, le 16 janvier dernier, au lancement d'une nouvelle ligne aérienne entre Casablanca et Pékin, pour la consolidation des relations entre les deux pays. Cela dit, il faudrait bien se pencher sur le cas des produits chinois, qui font leur entrée au sein du royaume, en provenance des plateformes de commerce en ligne, notamment Ali Express et Wish. Contacté par Hespress FR à ce sujet, le président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs, Bouazza Kherrati, nous a indiqué que le problème avec les achats sur ce type de plateformes réside dans le fait qu'il n'y a pas de contrôle individuel des produits. « Les produits importés de Chine, notamment via les opérateurs sur Internet, ne font pas l'objet d'un contrôle unitaire par la Douane. Le contrôle se fait uniquement dans le cadre commercial, quand il y'a de grandes quantités de produits, notamment quand cela dépasse 10 unités. Moins que cela, il n'y a pas obligation de contrôle », nous a déclaré le président de la FMDC. L'autre problème de cette situation réside dans le fait que si l'on devait faire un recensement des quantités de produits introduites de façon individuelle, l'on devrait bien se retrouver avec un volume dépassant les 10 unités minimums nécessaires au contrôle des Douanes. De plus, si le royaume a pris l'initiative de contrôler les points d'entrée du royaume, celui-ci devrait impérativement contrôler les produits importés, dans la mesure où il s'agit là d'une épidémie mondiale. L'autre point qui devrait alarmer, loin de la Chine, est le cas de l'Arabie Saoudite, puisqu'il y'a de nombreux Marocains qui effectuent la Omra et le pèlerinage là-bas. Il est donc impératif que les agences de voyages du royaume avisent les voyageurs de la situation épidémique dans les deux sens, notamment pour ce qui est des personnes qui souhaitent se rendre en Arabie Saoudite, en plus d'imposer le contrôle à celles qui reviennent de ce pays. Cela risque bien évidemment de porter un coup à l'activité touristique, mais la santé du marocain passe avant tout. Toutefois, il ne faudrait pas tomber dans la psychose, à l'image du cas de Midelt, où deux ressortissants chinois se sont présentés à l'hôpital pour un contrôle routinier, et qui a pris de l'ampleur avec leur interpellation à Casablanca par la suite. En effet, une source au sein du ministère de la Santé nous a expliqué que cette affaire a pris une tournure exagérée, dans la mesure où les individus en question se sont présentés pour un contrôle « banal », mais ont décidé de quitter le bâtiment « sans autorisation », ce qui a poussé l'administration à alerter les autorités qui ont par la suite « interpellé » des deux Chinois à Casablanca. L'on évoque là un état de psychose, en ce sens que l'on risque bien de se retrouver dans un scénario de ségrégation, surtout que plusieurs sources ont expliqué à Hespress FR que certains Marocains ont peur de la communauté chinoise, qui s'adonnent au Commerce dans la métropole. « L'épidémie est déclarée un peu partout dans le monde à l'heure actuelle. Il ne faudrait pas tomber dans l'erreur de penser qu'un Chinois = Coronavirus. Il y'a bien des facilités de visa pour la partie chinoise, mais cela ne veut en aucun cas dire que tous les Chinois portent le virus. Le Maroc doit simplement effectuer de façon normale des contrôles au niveau des aéroports et renforcer les mesures sécuritaires à ce niveau », nous a indiqué le président de la FMDC. Le ministère de la Santé a donc du pain sur la planche. Il doit en effet organiser des campagnes de communication sur le virus, sa propagation et les moyens de prévention. Il devrait de même informer les agences de voyages de l'évolution de la situation et accompagner les services de la Douane dans les contrôles des produits et des passagers, au niveau des différents aéroports du royaume.