La présidente sortante de Taïwan, Tsai Ing-wen (63 ans), qui a fait campagne contre l'autoritarisme de Pékin, a été réélue avec 57,1% des voix selon les résultats définitifs, pour un nouveau mandat, n'en déplaise à la Chine qui s'était engagée dans un processus sévère pour que la présidente sortante échoue dans son entreprise de briguer un nouveau mandat. Dans ses velléités d'isoler Taïwan, considérée comme une de ses provinces, Pékin n'avait pas lésiné sur les moyens. D'une campagne médiatique d'intimidation économique et diplomatique la Chine a tout fait pour dénigrer aux yeux des Taïwanais Tsai Ing-wen qui défendait l'indépendance de son pays. Cette réélection, est un véritable camouflet pour la Chine. Le score de la présidente sortante en dit long. La performance dépasse largement celle de 2016. Tsai Ing-wen a réuni autour d'elle 8,1 millions d'électeurs, un score inégalé depuis que des élections libres se tiennent à Taïwan (1996). 19 millions d'électeurs taïwanais étaient appelés à départager deux visions divergentes de l'avenir du territoire et de ses relations avec Pékin, son plus grand partenaire commercial. Taïwan, île de quelque 23 millions d'habitants, est séparée politiquement de la Chine depuis sept décennies. L'île n'est toutefois considérée comme un pays indépendant que par une poignée de capitales, dont le nombre a fondu ces dernières années sous la pression tous azimuts de la diplomatie chinoise qui ne cache pas ses espoirs de reconquête par la force si besoin. Aussitôt réélue Tsai Ing-wen, s'est présenté comme la garante des valeurs démocratiques, face au pouvoir communiste jugé autoritaire a tenu ce« langage », lors de son premier discours après sa réélection, « Taïwan a montré au monde à quel point nous aimons notre mode de vie libre et démocratique ainsi que notre nation » et s'adressant à son meilleur ennemi, elle a eu cette réplique : « La paix, c'est que la Chine abandonne ses menaces contre Taïwan ». Tsai Ing-wen était opposée à Han Kuo-yu, membre du parti d'opposition Kuomintang, qui prônait un rapprochement avec la Chine. Son opposant a reconnu la victoire de Tsai Ing-wen et l'a appelé pour la féliciter. La Chine n'a pas réagi dans l'immédiat aux résultats de la présidentielle taïwanaise mais on s'en doute ce n'est pas la joie. En effet depuis l'arrivée de Tsai Ing-wen au pouvoir, Pékin qui n'a plus communications officielles avec l'île, a intensifié ses exercices militaires, durci les pressions économiques et soulagé Taïwan de quelques-uns de ses alliés diplomatiques. Dans l'histoire les Etats-Unis ont eu vite fait de féliciter Tsai Ing-wen. Aussi, par la voix du chef de la diplomatie Mike Pompeo, ils ont déclaré dans un communiqué. « Nous félicitons également Taïwan pour avoir démontré une nouvelle fois la force de son solide système démocratique qui en fait un modèle pour la région indopacifique et une force au service du bien dans le monde ». Les Etats-Unis avaient rompu en 1979 leurs relations diplomatiques avec Taipei (capitale de Taïwan) afin de reconnaître Pékin comme le seul représentant de la Chine mais restent l'allié le plus puissant de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.