Tout juste réélue, la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen a averti Pékin : « la Chine doit accepter le fait, Taïwan est déjà un pays indépendant » tout en assurant à Pékin que toute tentative d'invasion de l'île lui coûterait très cher. Tsai Ing-Wen, qui avait fait campagne contre les menaces et l'autoritarisme chinois, avait remporté samedi la présidentielle avec 57,1% des suffrages. Un score record (8,2 millions de voix) et ce, en dépit que Pékin n'ait pas lésiné sur les moyens pour que la présidente sortante échoue dans son entreprise de briguer un nouveau mandat. Sa réélection avait été considéré comme un véritable camouflet pour la Chine. La Chine qui ne cache pas ses velléités d'isoler et de récupérer par la force si besoin, Taïwan, qu'elle considère comme une de ses provinces n'avait pas réagi à la réélection de Tsai Ing-Wen préférant ignorer le fait qu'elle se soit succédée à elle-même. Or le fait que Taïwan ait outrepassé un tabou en invoquant « indépendance » a fait sortir Pékin, déjà en froid avec l'île, de ses gongs. Le gouvernement chinois n'a plus de communications officielles avec Taïwan, depuis l'arrivée de Tsai Ing-Wen à la présidence. La Chine, lors du premier mandat de la présidente a intensifié ses exercices militaires, durci les pressions économiques et soulagé Taïwan de quelques-uns de ses alliés diplomatiques (pas plus 15 pays seulement qui reconnaissent Taïwan). On s'en doute, le géant chinois ne devrait pas changer d'attitude et devrait même durcir le ton au regard de ces dires considérés comme un outrage. Mercredi, le Bureau des affaires taïwanaises, un organisme du gouvernement chinois, a dit que Pékin n'envisageait pas de changer de politique à l'égard de Taïwan après la présidentielle. En effet, dans sa première interview à la BBC depuis le vote qui l'a consacré, la présidente de 63 ans a estimé qu'une telle proclamation n'était pas nécessaire. « Nous n'avons pas besoin de déclarer que nous sommes un Etat indépendant. », a-t-elle nargué, poursuivant « Nous sommes déjà un pays indépendant et nous nous appelons la République de Chine, Taïwan. ». C'est osé et surtout cela a fait réagir la Chine qui n'a pas digéré que le mot indépendance soit évoqué. « Aller à rebours de l'histoire conduit vers l'impasse », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. « Ceux qui divisent le pays sont voués à être maudits pour l'éternité. » Tandis que le porte-parole Ma Xiaoguang déclarait quant à lui, « L'avenir de Taïwan réside dans l'unification du pays ». En dépit des positions du parti de Tsai Ing-Wen, le Parti démocrate progressiste (PDP), au fil de l'histoire Taïwan n'est jamais allée jusqu'à la proclamer cette indépendance. Voilà 70 ans que Taïwan et Pékin sont séparés, depuis que le communisme et Mao Tsé-toung aient proclamé la République populaire de Chine. Pour ce faire ils avaient poussé les nationalistes du général Tchang Kaï-chek à se réfugier sous la protection de la flotte américaine, sur l'île de Formose (aujourd'hui devenue Taïwan), tout juste libérée du joug colonialiste japonais cinquante ans durant.