L'assassinat de l'artisan de la stratégie militaire iranienne en Irak et au Moyen Orient, Qassem Soleimani, liquidé par les forces américaines vendredi à Bagdad, a fait naître un grand scandale mondial. Ce week-end, l'Iran a réitéré sa promesse de répondre par la loi du talion à cette attaque américaine tandis que la voie diplomatique cherche à désamorcer la tension grandissante. En Irak, là où l'attaque a été menée contre le général iranien, l'indignation est au rendez-vous. En effet, on reproche à Washington cette ingérence dans ses affaires internes. C'est en ce sens que le ministère irakien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain, Mathew Tueller, pour dénoncer des « violations de la souveraineté de l'Irak« . Violations des lois internationales « Ces opérations militaires illégitimes menées par les Etats-Unis sont des attaques et des actes condamnables qui peuvent mener à une escalade des tensions dans la région et elles constituent une violation de la souveraineté » de l'Irak et de toutes les lois internationales régissant les relations entre les pays, indique un communiqué du ministère. Alors que la coalition anti-djihadiste a annoncé dimanche, « suspendre » l'entraînement des forces irakiennes et le combat contre le groupe Etat islamique (EI), car elle est « désormais totalement dédiée à protéger les bases irakiennes qui accueillent (ses) troupes« , le Parlement irakien a demandé au gouvernement de mettre fin à la présence de cette coalition militaire internationale emmenée par les Etats-Unis. L'Irak et l'Iran partagent la même opinion au sujet de la violation des Etats-Unis des lois internationales. Sur Twitter, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a dénoncé les « graves violations du droit international lors des assassinats lâches de vendredi« , et les menaces de destruction de « 52 sites » de sites historiques et culturels iraniens, émises par Donald Trump, qui constituent la violation « à nouveau » du « Jus Cogens » qui jette les bases des normes impératives de droit international général. Répondant aux dénonciations iraniennes qui ont rappelé que la destruction de sites historiques était un « crime de guerre« , le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, lui aussi visé par son homologue iranien, a assuré devant les médias américains que les Etats-Unis agiraient « dans le cadre de la loi« , après les menaces de Donald Trump de frapper les lieux historiques iraniens. « Nous agirons dans le cadre de la loi« , a déclaré le secrétaire d'Etat sur la chaîne ABC alors qu'il était interrogé sur le fait que le Pentagone lui-même évoque la protection des sites culturels. « Nous ferons les choses qui sont justes, en ligne avec la loi américaine« , a-t-il martelé sur CNN. L'humeur à l'escalade La pilule de l'assassinat du chef de guerre iranien ne semble pas passer chez les alliés libanais de l'Iran. Le chef du mouvement libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a en effet averti que l'armée américaine allait « payer le prix » pour avoir tué le général iranien et un haut commandant irakien dans l'opération militaire de vendredi. « C'est l'armée américaine qui les a tués, et c'est elle qui va en payer le prix« , a-t-il déclaré dans une allocution télévisée. De son côté, le général de brigade Hossein Dehghan, conseiller militaire de l'ayatollah Ali Khamenei, a confirmé que « la réponse sera assurément militaire et contre des sites militaires« , sur la chaîne CNN. « L'Iran ne cherche pas la guerre mais est prêt à faire face à toute situation« , a déclaré de son côté le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi lors d'une conférence de presse à Téhéran. La voie diplomatique peine à convaincre Alors que les tensions atteignent leur point le plus culminant, les capitales mondiales se dépêchent de tenter de désamorcer la colère iranienne en appelant soit à la désescalade ou à la retenue. En effet, une déflagration enflammant toute la région du Moyen Orient pourrait avoir lieu si les Etats-Unis continuent de provoquer Téhéran qui cherche assurément à répliquer militairement à la hauteur du préjudice occasionné. Devant silence de l'ONU et l'incapacité des membres de l'Union européenne, notamment les signataires de l'accord sur le nucléaire, face aux Etats-Unis, tout comme les réponses pondérées de la Chine et de la Russie qui ont alerté sur les conséquences menant à l'instabilité de la région de cette action « hasardeuse« , il ne reste que la voie de négociations et de la diplomatie pour calmer le jeu. Le président français Emmanuel Macron a affirmé son intention d'avoir un « contact étroit » avec le président russe Vladimir Poutine au sujet de la situation après avoir contacté le président irakien Bahram Saleh, ainsi qu'avec le prince-héritier d'Abou Dhabi, Mohamed bin Zayed. De son côté, l'Arabie Saoudite a dépêché Khaled Ben Salmane, le frère du prince héritier à Washington et Londres, pour discuter de la situation, après que Ryad ait affirmé ne pas avoir été consulté concernant l'attaque. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a par ailleurs été invité à Bruxelles par le Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, dans la perspective d'une « désescalade » des tensions au Moyen-Orient et une tentative de raisonner Téhéran qui pourrait s'affranchir encore plus de ses engagements prévus dans le cadre de l'accord nucléaire.