Des missiles ont été tirés contre au moins deux bases militaires abritant des soldats américains, à Aïn Al-Assad et Erbil. Téhéran affirme toutefois ne pas chercher «l'escalade ou la guerre». Cinq jours après l'élimination du général Ghassem Soleimani, l'Iran a lancé, dans la nuit de mardi 7 à mercredi 8 janvier, la riposte contre les Etats-Unis en tirant des missiles contre deux bases abritant des soldats américains en Irak. «Vers 17 h 30 [heure de la côte est des Etats-Unis, 23 h 30 à Paris] le 7 janvier, l'Iran a tiré plus d'une douzaine de missiles balistiques contre les forces militaires américaines et de la coalition en Irak», a déclaré Jonathan Hoffman, porte-parole du ministère américain de la défense, dans un communiqué. «Il est clair que ces missiles ont été tirés depuis l'Iran», a-t-il précisé. « L'Iraq a été bombardé par 22 missiles − 17 sur la base aérienne d'Aïn Al-Assad et cinq sur la ville d'Erbil − qui ont tous touché des installations de la coalition » internationale antidjihadistes emmenée par les Etats-Unis, a précisé mercredi matin le commandement militaire irakien, qui ajoute qu'aucune victime n'a été dénombrée parmi les forces irakiennes. Après ces raids, revendiqués par Téhéran, les dirigeants américain et iranien ont semblé vouloir calmer le jeu rapidement. Dans un tweet au ton léger, le président américain, Donald Trump, a annoncé qu'il ferait une déclaration mercredi et laissé entendre que le bilan n'était pas très lourd. « L'évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu'ici, tout va bien ! », a-t-il lancé. De son côté, Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et « terminé » dans la nuit des représailles « proportionnées ». « Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre », a-t-il insisté. L'Agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a interdit aux avions civils américains le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe. Ces frappes, survenues en trois vagues, ont été menées avec « des dizaines de missiles », ont annoncé les gardiens de la révolution iraniens, l'armée idéologique de la République islamique cités par la télévision d'Etat iranienne. Téhéran a promis des « réponses encore plus dévastatrices » en cas de nouvelle attaque et menacé de frapper « Israël » et des « alliés des Etats-Unis ». « Nous conseillons au peuple américain de rappeler les troupes américaines [déployées dans la] région afin d'éviter de nouvelles pertes et de ne pas permettre que la vie de ses soldats soit davantage menacée par la haine toujours croissante du régime » américain, ajoute l'armée iranienne dans un communiqué. Si Donald Trump a clairement écarté mardi toute intention de quitter l'Irak, certains des alliés occidentaux des Etats-Unis ont annoncé leur retrait militaire partiel, alimentant les craintes de voir les tensions actuelles saper la lutte antidjihadiste. Le président américain et ses ministres ont tenté de dissiper l'impression de sauve-qui-peut provoqué la veille par un cafouillage. Un retrait des troupes américaines « serait la pire chose qui puisse arriver à l'Irak », a déclaré le locataire de la Maison Blanche, évoquant le danger que représente à ses yeux pour ce pays l'imposant voisin iranien. « A un moment donné, nous partirons, mais ce moment n'est pas venu », a-t-il assuré. De son côté, Londres a « condamné » mercredi ces attaques « imprudentes et dangereuses » contre des bases de la coalition, incluant des forces britanniques, exprimant sa « préoccupation » quant à des « informations faisant état de blessés ». Ces frappes iraniennes surviennent au lendemain de l'enterrement du général Ghassem Soleimani, tué vendredi à Bagdad. Les funérailles, dans sa ville natale de Kerman, ont été endeuillées par une bousculade qui a fait plus de 50 morts et 200 blessés. Une foule immense a réclamé vengeance aux cris de « Mort à l'Amérique ! », comme lorsque son cercueil avait fait étape, dimanche et lundi, à Téhéran et dans d'autres villes iraniennes. Dans ce contexte extrêmement tendu, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui devait assister jeudi à une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), à New York, a affirmé avoir été informé par le secrétaire général de l'ONU que les Etats-Unis lui avaient refusé son visa.