Arrêté le 26 décembre pour « outrage à magistrat » et placé à la prison casablancaise d'Oukacha, le journaliste indépendant, Omar Radi, a « enfin » été libéré ce mardi 31 décembre, en état de liberté provisoire. Cela dit, la date de son audience est toujours maintenue pour le jeudi 2 janvier 2020. Une annonce qui a soulagé la sphère journalistique et les militants des droits de l'Homme en cette fin de décennie, qui a été marquée par l'arrestation de plusieurs journalistes pour différents motifs, notamment l'affaire Hajar Raissouni, qui a ouvert le débat sur les libertés individuelles. Et aujourd'hui l'affaire Omar Radi, qui devrait ouvrir, cette fois-ci, le débat sur la liberté d'expressions au Maroc, mais aussi la liberté de partage des opinions sur les réseaux sociaux. Connu pour ses positions, son militantisme et sa plume « dérangeante », Omar Radi, 33 ans, a été convoqué le 25 décembre courant par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) pour un tweet, qui date d'avril 2019, où il exprime son opinion quant aux peines prononcées à l'encontre des détenus du Hirak du Rif, lors de la confirmation en appel, et où il a « critiqué » le juge en charge de l'appel, Lahcen Talfi. Un tweet pour lequel il a d'ores et déjà visité les locaux de la BNPJ en avril courant, mais sans pour autant qu'il soit arrêté. Neuf mois plus tard, le trentenaire se retrouve derrière les barreaux. Contacté par Hespress FR, son avocat, Me Omar Bendjelloun, nous a indiqué que son client est poursuivi « pour outrage à magistrat sur la base de l'article 263 du Code pénal. L'élément matériel de l'infraction c'est un tweet. C'est la loi ». Un Tweet, oui, mais est-ce que Omar Radi devrait être poursuivi pour avoir exprimé son opinion personnelle sur son compte Twitter personnel ? Interrogé sur ce point, Me Bendjelloun nous affirme qu'il considère que Omar est « innocent des faits qui lui sont opposés, évidemment », tout en saluant « la décision de sa libération ». En tant que représentant juridique du journaliste, Me Bendjelloun nous fait savoir que lors de l'audience qui se tiendra le jeudi 2 janvier au tribunal de première instance de Casablanca, la défense va « plaider les vices de forme et les nullités, dans une première étape. Il se peut que ça soit reporté ». « Mais ce qu'on va défendre, c'est l'innocence de Omar », souligne-t-il. Le timing durant lequel Omar Radi a été arrêté a soulevé plusieurs interrogations, notamment le fait qu'il soit à peine rentré d'Algérie où il avait couvert le 45e vendredi du Hirak algérien, ou encore le fait qu'il se soit exprimé sur l'affaire des « Soulaliyates » sur une radio algérienne. Comment se fait-il donc que la BNPJ ait attendu 9 mois après le Tweet pour l'arrêté ? D'après Me Bendjelloun, « la première convocation, en avril, était pour auditionner Omar Radi sur instruction du procureur, et l'enquête préliminaire a été ouverte le temps qu'ils prennent une décision pour la poursuite ». En ce qui concerne sa couverture du Hirak Algérien ou ses articles, notre interlocuteur conclut dans sa déclaration à Hespress FR que le dossier du journaliste « ne réunit pas ce genre d'élément. La seule matérialité qu'il y a dans son dossier c'est le Tweet ».