Suite à notre article faisant état de la crise des bus dans la ville de Kénitra, le groupe City Bus, dont la société Al Karama est une filiale opérant dans ladite ville, a souhaité fournir sa version des faits et démentir les « allégations » fournies par la Commune de Kénitra et du président du conseil communal, le PJDiste Aziz Rabbah. Hespress FR tient à préciser que la société Al Karama a été contactée avant la rédaction du premier article et a refusé de commenter et donner suite à notre requête. Ce n'est que le lendemain de la publication que la société a réagi en envoyant un communiqué. Ainsi, pour garantir le respect du principe de neutralité à l'égard des deux parties, et le droit de réponse, Hespress FR diffuse cette mise au point. La société Al Karama « n'a pas fait fuir des bus, mais la sortie de ces bus à 3 heures du matin avait pour objectif de les conduire vers un centre de maintenance de la compagnie afin que la société puisse les utiliser dans le cadre du transport public », a indiqué la société dans un communiqué réfutant que les bus aient tenté de prendre la fuite. Al Karama précise également que ses bus ont été empêchés de rejoindre les centres de maintenance par d'anciens employés de la compagnie, qui souhaitaient « se venger », ajoutant qu'ils ont été « incités par certaines parties ». Les anciens employés auraient eu recours à de tierces personnes « non reconnues », munies d'« armes blanches » et ayant recours aux « jets de pierres » pour « arrêter » et « confisquer les bus et séquestrer les conducteurs ». Indiquant que ces actions représentent des « actes criminels dangereux », la société a affirmé avoir été contrainte de déposer de nombreuses plaintes auprès du parquet général compétent, afin d'entendre les personnes concernées. Et d'ajouter que contrairement à ce que stipule le communiqué d'Aziz Rabbah, qui fait porter toute la responsabilité de cette affaire de crise des bus à Kénitra à la société Al Karama Bus, cette dernière estime que depuis le début de la mise en œuvre du contrat liant les deux belligérants, « la commune n'a pas respecté ses engagements prévus initialement, notamment en fournissant un environnement de travail favorable, conformément à l'article 20 de la loi 05.54 relatif à la gestion déléguée des équipements publics ». La société cite à ce propos plusieurs problèmes, à l'instar de la mauvaise condition des routes, des sabotages et du vandalisme commis contre les bus, la propagation du transport illégal, de la concurrence des taxis, ainsi que le manque de voies pour les bus. La société de bus a par ailleurs indiqué que la commune l'a empêché d'appliquer le tarif contractuel, « ce qui a causé plusieurs dommages à la société ». « Ces actions ont fait l'objet de plusieurs correspondances adressées principalement à la Commune en tant qu'autorité déléguée et au reste des autres autorités sans que ces derniers n'aient pris les mesures nécessaires pour résoudre ces problèmes », a argué la société de transport, qui dément catégoriquement les faits avancés par la commune, qui affirment que c'est cette dernière qui a pris l'initiative de corriger la situation. Un rapport sans suite Al Karama Bus explique qu'après avoir été gravement affectée financièrement par ces nombreux problèmes, ce qui a conduit à une rupture de l'équilibre financier du contrat et après la pression exercée par cette dernière et ses correspondances avec les autorités de tutelle, ce n'est qu'à ce moment-là que « la commune a reconnu cette situation dangereuse, qui porte sa responsabilité et a conclu avec l'entreprise un accord en vertu duquel un bureau d'études a réalisé une étude technique », établissant les mesures devant être prises afin de rétablir l'équilibre financier et fournir l'environnement de travail qui se doit. En ce sens, la société indique que l'accord conclu entre les deux parties stipule que la commune s'engage à accepter les résultats de l'étude et que c'est la commune qui a pris en charge les frais de celle-ci. « Après plus de huit mois de travail, le bureau d'études a réalisé son rapport, qui a conclu que la commune urbaine avait manqué à ses obligations contractuelles et légales », ayant causé des pertes matérielles à l'entreprise d'un montant s'élevant à 241 millions de dirhams en 2016. Le rapport du bureau d'études a en outre indiqué que la solution à ces problèmes rencontrés ne saurait s'établir qu'en accordant au groupe une indemnisation pour ces dommages, en fournissant un climat de travail et en étendant le contrat jusqu'en 2034 via un contrat annexe, qui comprend le détail des conclusions du rapport, a ajouté le communiqué du groupe City Bus, qui ajoute que la Commune de Kénitra, a refusé de respecter les résultats dudit rapport, « préférant continuer à éluder sa responsabilité et contribuer à la détérioration » du secteur du transport commun. « Cherchant à améliorer son image auprès de l'opinion publique, elle (la commune de Kénitra) a eu recours à l'imposition d'amendes contre l'entreprise conduisant à la dégradation de sa situation financière et son appauvrissement, ne laissant aucune option pour améliorer le secteur du transport en commun », a ajouté la compagnie de transport public, affirmant que ces actions entreprises par la commune avaient pour objectif d'« obliger l'entreprise à résilier le contrat de son côté ». Al Karama, à travers City Bus, impute à son tour, la responsabilité de cette situation à la Commune de Kénitra, qui chercherait selon elle à « tromper l'opinion publique nationale » notamment des habitants de la ville et surtout les étudiants en positionnant l'entreprise comme étant celle « qui viole ses obligations et est responsable de l'aggravation des problèmes de transport alors que la commune est le véritable responsable de ces problèmes ». La société reste toutefois ouverte à la négociation, « malgré toutes les accusations de la commune envers le groupe ». Elle « réaffirme sa volonté de résoudre le problème des transports publics dans la ville de Kénitra » avec « l'implication de parties bien intentionnées éloignées de toute perturbation politique ou exploitation du sujet dans le cadre de campagnes électorales prématurées », précise la même source. « L'entreprise est prête à communiquer avec tous les acteurs civils et politiques et les autorités locales compétentes, afin de trouver une solution à l'amiable qui satisfasse toutes les parties », conclut-elle. Pour rappel, depuis dimanche 22 décembre, la ville de Kénitra vit sans bus, après que des bus se sont vus confisqués par des employés d'Al Karama vers 3 heures du matin. La crise des bus est arrivée à son paroxysme, surtout du fait qu'elle coïncidait avec la période d'examens de fin d'année des étudiants. Les deux principaux concernés, à savoir la Commune de Kénitra et Al Karama Bus, se lancent la balle des accusations et se font porter le chapeau de cette crise qui mine le secteur du transport pourtant, depuis de nombreuses années sans aboutir à une solution viable et efficace pour les habitants de la ville.