Le suicide est devenu un phénomène de plus en plus répandu dans notre société ces 10 dernières années. Dans un récent rapport, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé qu'au Maroc, 1.104 personnes se sont donné la mort en 2016 (soit 2,9 pour 100.000 habitants), dont 613 femmes et 400 hommes. Rien qu'à Chefchaouen, surnommée Perle bleue, plus de 20 personnes ont mis à leurs jours en 2019, et ce, pour différentes raisons. Dans une analyse de ce fléau, Dr. Jaouad Mabrouki, expert en psychanalyse de a société marocaine et arabe, établit le lien entre la géographie et le désespoir des humains. Il explique dans ce sens que la montagne a un lien direct avec ce nombre croissant de suicides, observé ces deux dernières années à Chefchaouen. Une situation qu'il appelle « stress biologique neuronal« . Le psychanalyste avance ainsi qu'une étude américaine publiée en janvier 2011 avait affirmé que « la vie dans les montagnes favorise le suicide avec un taux plus élevé par rapport à la ville. Le manque d'oxygène dans les hauteurs chez des personnes déprimées ou prédisposées à déprimer entraîne une hypoxie (relative) qui provoquerait un stress neuronal, diminuant alors la capacité de résistance aux pulsions suicidaires ». Toutefois, Dr Mabrouki souligne que ce facteur, qui est la montagne, n'est pas le seul à pousser les habitants de la perle bleue et ses régions à commettre l'irréparable. Il y a également les facteurs sociaux économiques, mais aussi Internet. Selon notre expert, l'absence d'infrastructures de loisirs, de distractions, de culture et d'activités artistiques, nourrit chez ces personnes un sentiment « d'abandon, de délaissement et d'enfermement« . Pour ce qui est d'internet et des réseaux sociaux, Dr Mabrouki note que l'influence des réseaux sociaux et l'accès à l'information et à la découverte d'autres modes de vie différents à travers le pays et le monde, se répercute négativement sur les gens, les poussant à la frustration et à la déprime avec l'augmentation des risques suicidaires. Aussi, l'accès aux soins psychiatriques est difficile dans cette région, fait savoir Dr. Mabrouki, et plus particulièrement l'absence de centres médico-psychologiques, favorisant ainsi des complications des maladies psychiatriques et du suicide comme complication chez les personnes fragiles et déprimées. La consommation des drogues (cannabis) Au Maroc, un grand nombre de jeunes consomment du cannabis. Etant facilement accessible dans leur vile et leur région en général, le cannabis est consommé sans modération par les habitants. Et pour Dr. Mabrouki, la dépendance au cannabis peut favoriser le passage à l'acte suicidaire suite à une forte consommation ou à un manque accru (par un raptus suicidaire). Evoquant également l'impact à ne pas négliger de l'heure d'été, il estime essentiel de se pencher, plus sérieusement et profondément, sur la vie dans les régions montagneuses et l'absence des centres médico-psychologiques.