C'est l'objet de toute une analyse réalisée par Dr. Jaouad Mabrouki, psychiatre, chercheur et expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe. Dans son analyse, Dr. Mabrouki dit avoir observé le Marocain depuis des dizaines d'années dans toutes les situations possibles, dans les cafés, les souks, les mariages, les moyens de transports, les épiceries, la conduite, les réunions familiales, les administrations, les plages. Et il le trouve « très impulsif, très conflictuel, coléreux, rentrant rapidement dans les disputes et les querelles le conduisant souvent au poste de police ». « J'observe et j'analyse ce comportement purement défensif et réactionnel déficitaire de la patience et la maturité à bien traiter les sentiments perçus avant de réagir, d'où son impulsivité. Evidemment, il ne s'agit pas d'un défaut de traitement de sa perception ni d'une mauvaise interprétation. Il s'agit malheureusement d'un frayage neuronal ou d'un circuitage neuronal insécure formé durant son enfance », avance le psychiatre. Le psychanalyste explique ainsi qu'habituellement, pour un cerveau normalement structuré, toute information perçue de l'extérieur passe par plusieurs étapes de traitement neuronal pour être traduite et perçue à sa juste valeur réelle et reconnue comme une émotion sécure ou insécure. Par la suite, elle provoque une réaction chimique de joie, de tristesse ou de défense. Dans le cas du cerveau marocain, « le frayage neuronal s'installe dans son enfance à cause de l'absence de la niche sensorielle sécure », explique Mabrouki. De ce fait, » toute information émotionnelle venant de l'extérieur n'est pas traitée normalement et prend immédiatement le circuit de frayage neuronal et est perçue donc comme une émotion insécure et un danger, d'où le passage immédiat à la réaction défensive« . Le spécialiste s'interroge alors quels sont donc les facteurs responsables de la formation de la niche sensorielle et de frayage neuronal insécures ? Pendant la grossesse Une grossesse qui évolue dans une ambiance de stress, de disputes, de violences morales et/ou physiques engendre un grand stress chez la mère, explique Dr. Mabrouki. Il poursuit que le bébé embryonnaire perçoit ces émotions insécures et un circuitage ou frayage neuronal commence à se former dans son cerveau. « Dans cette situation, nous avons trouvé dans le liquide amniotique les hormones de stress absorbées donc par le bébé. Et nous savons que dans la société marocaine, les querelles et disputes conjugales et entre belles familles sont indispensables« , dit-il. Pendant la petite enfance « Il est évident que l'enfant marocain est maltraité de manière intentionnelle. Il subit des coups, il est méprisé, frustré, victime d'insultes de tout genre de la part de ses propres parents, jamais encouragé, n'a pas de mot à dire, constamment menacé et culpabilisé. Toute cette maltraitance est considérée dans notre culture comme nécessaire pour l'éducation de l'enfant. Seulement cette stratégie éducative détruit totalement la niche sensorielle sécure de l'enfant et empêche une structuration saine de son cerveau. Cette insécurité affective forme donc un frayage neuronal insécure. Ceci explique pourquoi les enfants marocains pleurent et hurlent de toutes leurs forces de manière continue et sans aucune raison raisonable. Tout ce qui vient de l'extérieur emprunte le circuit neuronal insécure et induit des émotions de terreur et de danger » explique Mabrouki dans ce volet enfance. La scolarisation Concernant le volet éducatif, le psychanalyse de la société marocaine et arabe se désole du fait que « le système scolaire marocain se base sur la compétitivité et rivalité et ne reconnait pas du tout l'intérêt de la niche sensorielle affective sécure« . Pour lui, '« l'école n'est qu'une annexe du comportement violent familial sous d'autres formes bien masquées. Ainsi, elle renforce le frayage neuronal insécure de l'enfant, au lieu d'être une niche sensorielle sécure et participe au remodelage de son frayage neuronal insécure ». La religion Concernant le volet religieux. Dr. Mabrouki avance que « l'éducation religieuse, à son tour aussi, terrorise l'enfant par la culpabilité, la menace du châtiment divin et la description de toutes les souffrances en enfer« . L'éducation religieuse non plus ne crée aucune niche sensorielle affective sécure et participe à l'absence d'une structuration saine du cerveau de l'enfant, dit-il. Ainsi, il conclut son analyse intitulée « Pourquoi le Marocain est impulsif et coléreux » que « n'importe quel message reçu d'autrui emprunte immédiatement le circuit neuronal émotionnel insécure, et tout est traduit comme un danger et une menace, d'où son impulsivité et ses réactions coléreuses disproportionnées et immédiates« . Et comme à son habitude, Jaouad Mabrouki laisse le champ libre aux lecteurs de conclure ce qui leur semble important pour eux.