Malgré l'indignation et l'exaspération des Marocains, le gouvernement de Saâd Dine El Otmani a tout de même « instauré et maintenu » l'heure d'été (GMT+1) tout au long de l'année envers et contre tous, en approuvant le 26 octobre 2018 le décret instaurant le maintien de l'heure d'été. Pour convaincre de l'intérêt de cette démarche, une étude d'impact a été réalisée par le ministère chargé de la Réforme de l'administration pour la période allant d'octobre 2018 à mars 2019, et dont le bilan s'est avéré « positif », mais principalement en matière d'économie d'énergie et de performance économique. Seul un critère a été avancé en ce qui concerne « l'humain » qui est le citoyen marocain, à savoir « la stabilité des performances des élèves à l'école ». Mais ce maintien d'heure est toujours pointé du doigt et critiqué par les Marocains en hiver. En effet, ces derniers ont manifesté à maintes reprises leur colère sur les réseaux sociaux vis-à-vis du chamboulement de leur mode de vie, notamment le fait de rentrer du travail ou de l'école le soir, et de se réveiller pour y retourner alors qu'il fait toujours nuit à 8h du matin, le stresse qui s'est accentué, la fatigue quotidienne et autres signes. Dans 10 ans un autre gouvernement avouera que l'horaire GMT+1 au maroc est responsable de lourdes troubles pour les marocains et leurs enfants, que l'économie d'énergie n'est que mensonge et que c'etait juste pour attirer des centres d'appels — radoine radoine (@radoinerad) October 26, 2018 Selon Dr. Jaouad Mabrouki, expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe, psychiatre et psychanalyste, cet horaire d'été qui nous est imposé même pendant l'hiver n'est pas « naturel ». « Nous vivons un décalage entre l'horaire social (le début de nos activités) et l'horaire biologique (lever et coucher du soleil). Ceci perturbe notre horloge interne et notre cycle circadien », argumente-t-il. Notre interlocuteur explique: Le « sommeil ne sert pas uniquement à se reposer, il est effectivement nécessaire au bon fonctionnement du système immunitaire, hormonal, cardiovasculaire et de l'humeur ». Le Maroc maintient l'heure d'été, #GMT+1, en hiver ?#Maroc #GMT+1 pic.twitter.com/RuwGxrwneZ — Ilham Benseddik (@Ilhamo_26) October 28, 2018 Côté sommeil, Dr. Mabrouki détaille qu'avec l'horaire GMT+1 et pendant le sommeil, « les neurotransmetteurs responsables de la régulation de l'humeur sont secrétés de manière déséquilibrée. Il suffit de deux jours de manque de sommeil, pour perturber la sécrétion de deux hormones essentielles, qui régulent l'appétit et la satiété (la Ghréline et l'Orexine) ». Cette dérégulation, poursuit l'expert, « favorise la tendance à la consommation du gras et du sucré, et partant l'obésité, les complications cardiovasculaires et le diabète. Une autre hormone est perturbée, la Mélatonine secrétée la nuit pendant le sommeil, responsable de la multiplication des cellules et du ralentissement de la prolifération des cellules cancéreuses ». Tous ces facteurs précités peuvent entraîner facilement une dépression avec un passage à l'acte suicidaire, signale Dr. Mabrouki. Il donne ainsi l'exemple de la France, où une hausse de suicides et de la consommation des somnifères ont été observées depuis l'instauration de l'heure d'été. L'hypothèse d'un lien de causalité entre ces deux événements a été avancée, souligne-t-il. Et c'est cet argument qui a conduit la Russie à abandonner le changement périodique d'heure en 2011, appuie Dr. Mabrouki. De même, le psychanalyste fait valoir que « notre rythme circadien est réglé majoritairement par l'exposition à la lumière et notre cerveau se synchronise tous les jours à l'alternance jour et nuit« . Cette thèse est appuyée par Claude Gronfier, chercheur chronobiologiste à l'INSERM en France, qui a démontré que « c'est l'exposition à la lumière au cours de la journée qui synchronise notre horloge centrale. Avec l'heure d'été, le fait de ne percevoir de la lumière que tardivement, va retarder l'horloge biologique et entraîner une heure de coucher tardive, avec un risque accru d'une privation de sommeil ». « C'est pourquoi, dit-il, nous notons une augmentation de plaintes de fatigue, de somnolence diurne au volant comme au travail, une baisse de tonus et de moral qu'on nomme dépression saisonnière, et qui peut se compliquer de suicide. Le manque de sommeil va non seulement avoir un impact sur notre humeur et vigilance, mais aussi sur notre système immunitaire qui est souvent plus fragile en hiver ».