En France, et à compter du 15 janvier 2020, les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS – ibuprofène et aspirine) devront tous être placés derrière le comptoir du pharmacien, souligne dans une note l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé en France. Selon la même note, cette mesure vise à favoriser le bon usage de ces médicaments, à savoir le paracétamol et les AINS qui sont les médicaments les plus utilisés en automédication comme antalgiques (antidouleurs) ou antipyrétiques (anti-fièvre) chez les adultes et les enfants. Toutefois, ils seront toujours disponibles sans ordonnance. Actuellement, certains de ces médicaments peuvent être placés en libre accès dans la pharmacie, indique l'agence française de sécurité du médicament, soulignant que ses derniers sont sûrs et efficaces lorsqu'ils sont correctement utilisés, mais présentent des risques lors d'une utilisation inadéquate. Au Maroc, le paracétamol, et surtout le « Doliprane » est le médicament le plus vendu sur le marché national. Cependant, la grande majorité des Marocains ignorent que l'excès de consommation de cet antalgique donne suite à des complications graves sur la santé et touche directement le foie sans oublier qu'ils ne prennent pas le temps de lire la notice. Interrogé sur le danger que présente le paracétamol sur la santé du citoyen, Dr. Hamza Guedira, Président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens du Maroc a expliqué à Hespress Fr que cette mesure que vient de mettre en place la France, lui, il l'avait proposé il y a deux ans lors d'un débat scientifique. « Le paracétamol est très mal utilisé, en l'occurrence si jamais on dépasse la dose (4gr – 5gr par jours) et les gens le font malheureusement, il peut provoquer l'éclatement de cellule apathique et donc la mort », signale-t-il. Et de ce fait, Dr. Guedira a rappelé le cas du joueur du Raja de Casablanca, Zakaria Zerouali, décédé en octobre 2011 à l'âge de 33 ans, suite à une intoxication médicamenteuse causée par la consommation de trois boites de paracétamol en 24 heures pour traiter une fièvre. Notre interlocuteur avance dans ce sens qu'en effet, l'achat de paracétamol au Maroc ne nécessite pas une ordonnance, cependant Dr Guedira recommande que le paracétamol soit en vente libre, amis que les patients soient conseillés au maximum par les pharmaciens quant à son utilisation. Plus que ça. Notre interlocuteur affirme à qu'il y a des études en Suisse qui avaient plaidé que l'action thérapeutique est obtenue par le biais du paracétamol à partir de 300 à 400 mg , or, qu'au Maroc le paracétamol 1g est vendu partout. « Moi dans ma pharmacie je suis très prudent. Je donne surtout le 500 mg. Mais quand je suis devant des patients un peu têtus, je donne le 1g mais j'insiste sur le fait qu'il ne faut pas dépasser 4 comprimés donc 4g. La marge de manœuvre reste énorme, parce à partir de 8 grammes il peut provoquer des problèmes » argumente-t-il. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé en France a pareillement souligné dans sa note qui date du 17 décembre que dans les prochains mois, un message sur les boîtes des médicaments contenant du paracétamol sera inscrit afin d'alerter sur le risque pour le foie en cas de surdosage. Vu la vente et la consommation énorme de médicament contenant du paracétamol au Maroc, peut-on voir cette mesure s'appliquer au Royaume ? Dr Guedira nous explique que « chez nous, nous avons un grand département de pharmaco-vigilance au ministère de la Santé, nous avons un ministère de tutelle, nous avons une direction de pharmacie, un conseil national de pharmacie. Je pense qu'on doit aller vers le sens de la sensibilisation du patient et du citoyen sur le fait que l'usage de ce médicament n'est pas aussi simple qu'il croit ». Et d'ajouter : « même les médias, les réseaux sociaux peuvent contribuer à cela, c'est indiscutable. Parce que c'est les médias qui rentrent chez 35 millions de Marocains ». Le paracétamol peut-il donc être vendu sur ordonnance ? Notre interlocuteur nous indique qu'il s'agit d'une mesure « assez compliquée à mettre en place». « L'obligation de la souscription c'est un autre débat dans la mesure où il s'agit d'un débat global concernant les médicaments. Mais lorsque nous sommes dans un pays où il n'y a que 48% qui disposent d'une partie de l'assurance maladie et qui supportent de leur poche le reste, alors que 52 % n'ont rien du tout, c'est très difficile d'exiger des ordonnances. On va juste davantage compliquer la chose. Aujourd'hui notre système de santé est appelé à faire des efforts, on est appelé à créer des ruptures avec le passé et passer vers un système plus efficient, plus efficace en faveur de nos citoyens et ceci ne peut être fait que si nous avons une assurance maladie obligatoire généralisée », conclut-il.