La période des fins d'années est l'occasion d'offrir, et de s'offrir, des cadeaux. Les parfums sont d'ailleurs l'un des cadeaux les plus populaires à offrir durant cette période, notant que des enseignes et magasins spécialisés proposent différents packs à prix compétitifs, pas forcément à la portée de tous. Cela dit, en naviguant sur le web, l'on peut bien tomber sur des deals « trop beaux pour être vrais », et qui pourraient bien avoir des conséquences graves sur la santé. Si un deal est trop beau pour être vrai, c'est qu'il l'est. En effet, il est vrai que les droits de douane font que le prix des parfums vendus au sein du royaume soit doublé ou triplé, par rapport aux prix que l'on pourrait trouver auprès d'enseignes internationales en consultant le web, mais l'on peut très bien trouver des prix moindres et plus terre à terre avec l'offre étrangère. En effet, certains commerces nationaux proposent bien des parfums d'origine à prix bas, ou calqués sur ceux pratiqués en Europe, tout en gardant une marge de profit. Comment ? C'est bien simple, dans un sens : la contrebande. À Casablanca par exemple, certains commerces proposent des parfums vendus à 1600 dirhams auprès de magasins spécialisés à 700 dirhams. Cette différence se justifie par un marketing moins imposant, un staff réduit, des coûts d'entretien moindres, etc. Cela dit, ces produits sont bien d'origine, ce qui est un point « positif » dans un sens. Toutefois, d'autres commerçants proposent bien des produits similaires, notamment les fameux testeurs reconnaissables à leurs boites blanches. Au sein du marché de Fnideq, ceux-ci proposent les mêmes parfums de 700 dirhams à des prix allant de 300 à 350 (selon le degré de négociation). Il faut bien comprendre qu'à ce prix, l'on devrait bien commencer à hausser des sourcils. En effet, à ces prix, on se retrouver souvent avec des copies, comme l'indiquent certains marchands, qui se veulent « honnêtes » pour attirer une clientèle à la recherche d'un certain prestige, car oui, cette même clientèle aspire seulement à démontrer un statut en sortant un flacon d'une marque donnée, peu importe le risque sur son épiderme ou sa santé en général. Une zone d'ombre bien imposante sur le marché national On aura bien compris que dans un monde où l'appartenance à une classe socio-économique prône, puisque la valeur des gens, malheureusement, se mesure à leurs biens. Tout comme pour les sacs Louis Vuitton, Gucci et autres marques de luxe, il n'est pas bizarre de voir des femmes et de jeunes filles, et même d'hommes, sortir des flacons de parfum signés Dior, Channel, Tom Ford, etc., et s'asperger de quelques gouttes, histoire d'attirer l'attention. Toutefois, tout ce qui brille n'est pas or, car le prix payé ne reflète pas forcément la qualité de ce que l'on vient d'acheter. Malheureusement, certains individus profitent justement du fait que l'achat d'un parfum de marque n'est pas à la portée de tout le monde, afin de proposer des contrefaçons dont la provenance et la composition sont douteuses, mais peu importe, puisque c'est le visuel qui compte. Pire, l'on peut très se voir lyncher sur les réseaux sociaux à cause de cela, à l'image d'un témoin qui nous a indiqué qu'elle a eu droit à des insultes et différents discours réprimandant, lorsqu'elle a essayé d'inviter les gens à ne pas acheter de parfums lowcost, pour les risques qu'ils présentent sur la peau, auprès d'un magasin connu de Rabat. Cela dit, il faut bien comprendre que nous faisons face ici à un certain « laxisme » de la justice à ce niveau. En effet, le président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs (FMDC), Bouazza Kherrati, nous a indiqué que la législation en place souffre d'une lacune importante, notamment du fait que les produits contrefaits sont introduits en toute impunité, car les marques d'origines ne déposent pas plainte tout simplement. « La Douane ne peut en aucun cas arrêter l'importation d'un produit, s'il n'y a pas une requête de la part du détenteur de son titre. C'est une défaillance de notre loi, que l'on doit corriger absolument, sous peine de voir le marché inonder de produits contrefaits », indique Kherrati. Cela donc est une question de sensibilisation des consommateurs, mais aussi de lutte contre la fraude et la contrefaçon au niveau étatique. Le président de la FMDC a dans ce sens réitéré son appel à la mise en place d'un ministère ou tout autre organisme gouvernemental dédié au bien-être et la sécurité des consommateurs. Sentir bien, oui... mais à quel prix ? Les consommateurs et fanas de parfums devraient être conscients des risques qu'ils encourent en s'aspergeant du contenu de flacons dont l'origine est douteuse. Les risques pour leur santé sont bien présents, puisqu'ils ne se limitent pas seulement à des réactions dermatologiques. En effet, selon les explications du Pr Ahmed Bourra, président fondateur de l'association Dermastic, « les complications cosmétiques peuvent aller de l'eczéma au niveau de l'application, des démangeaisons, des œdèmes, notamment des gonflements de la peau et même pire ». Le Pr Bourra indique dans ce sens que dans certains cas, selon le métabolisme et l'historique médical des individus, l'on peut très bien se retrouver avec « une chute importante de cheveux, des conjonctivites, des complications respiratoires, des irritations des mains et même des complications graves au niveau du visage, notamment un gonflement des yeux et une difficulté respiratoire ». Toutefois, il faut savoir que les produits introduits sur le marché national, de façon légale, font tous l'objet d'un contrôle par des laboratoires spécialisés, et disposent d'une certification en ce sens. « Dans le cas où il y'a problème, les produits douteux sont supprimés du marché, mais sans indemnisation pour les consommateurs. On se limite simplement à un traitement », indique le Pr Bourra, tout en rajoutant que le prix des produits achetés, même s'il est élevé, ne justifie pas forcément leur qualité. Afin d'éviter de se retrouver dans des situations compromettantes pour la santé, le président de Dermastic invite les consommateurs à effectuer de petits tests sur des régions du coude ou de la main, par exemple, et de voir s'il y'a une quelconque réaction. Dans un cas positif, il est conseillé de ne pas utiliser un produit donné et de consulter un médecin.