Impact sur le tourisme et le moral des Marocains, recettes conséquentes, protection du pouvoir d'achat...sont quelques arguments avancés par les conseillers de la deuxième chambre pour exprimer leur opposition à toute hausse des taxes sur les boissons alcoolisées dans le PLF2020. En dépit des assurances données par le ministre des finances quant à l'absence de toute intention d'augmenter les prix d'alcool en 2020, les conseillers ont cru bon de plaider cette cause, sait-on jamais ! Pour Touria Lahrach, de la CDT, « un grand nombre de Marocains sont des buveurs réguliers, et le fait d'augmenter les prix ne les en dissuadera pas, mais fera plutôt prospérer le commerce et l'industrie informels et clandestins« . Cette même idée a été défendue par le groupe ...PJD, qui a fait valoir que toute hausse de taxes sur les boissons alcoolisées « encouragerait les trafiquants et la contrebande d'alcool, ce qui constituerait un grave danger pour la santé des citoyens« . Dans le même sillage, Abdelhamid Fatihi, conseiller USFP, a avancé que les boissons alcoolisées sont « particulièrement prisées » par les Marocains, ce qui devrait, selon lui, pousser l'Etat à « réfléchir à la manière de protéger le pouvoir d'achat de ces consommateurs, plutôt qu'à celle de renflouer les caisses de l'Etat par le biais de la taxation« . Autre argument avancé par les conseiller, l'impact d'une éventuelle augmentation sur l'activité touristique. Azeddine Zikri, de l'Union constitutionnelle, a ainsi affirmé que « l'alcool au Maroc est surtout consommé par les touristes, et toute augmentation imposée à un produit consommé par des étrangers n'aurait aucun sens et impacterait à coup sûr l'activité touristique« . Abdelhaq Hissane, conseiller CDT, a immédiatement rebondi sur la question, invitant le ministre à « se rendre juste dans la rue contiguë au parlement pour constater par lui-même que les nombreux bars qui s'y trouvent sont régulièrement fréquenté, non par uniquement par des étrangers, mais par des Marocains musulmans« . En remettant une couche, il a interrogé Benchaâboune comment peut-on penser à mettre des bâtons dans les roues d'un « créneau qui rapporte à l'Etat beaucoup plus que les recettes générées par les accords de pêche signés avec l'Union européenne » selon les chiffres-mêmes du ministère des Finances. Cette séance à la chambre des conseillers n'était pas dénuée d'humour, un conseiller PAM ayant crié en s'adressant au ministre : « mais vous êtes en train de nous donner soif!« . Pour rappel, le gouvernement table dans le cadre du PLF 20202, sur des recettes générées par la taxation des boissons alcoolisées, de plus de 870 MDH, contre 678 MDH l'année écoulée. Selon la société déléguée responsable du marquage fiscale, les Marocains ont consommé près de 310 millions de litres de bières durant les trois dernières années (2017/18/19). Ainsi, nos concitoyens ont consommé près de 310 millions de litres de bières durant cette même période, soit une moyenne de 103 millions de litres par an. De même, 38 millions de bouteilles de vin et 14 millions d'autres types d'alcool ont été consommés durant la même période, engendrant ainsi hausse de la consommation d'alcool au Maroc de l'ordre de 7% entre 2018 et 2019.