Une semaine après un 1er novembre historique, marqué par des marches grandioses à travers le pays, les Algériens ont une fois de plus manifesté en masse ce vendredi 8 novembre, et ce pour la 38e fois consécutive depuis le 22 février dernier. Ils ont bravé pluie et froid dans plusieurs wilayas du Nord, dont Alger, munis en cela, de parapluies de banderoles, d'une foi inébranlable et une volonté de fer. Les manifestations de ce vendredi se sont déroulées parfois sous des intempéries, mais cela n'a pas entravé les velléités de foule de se former coûte que coûte. Dans la capitale, les premiers marcheurs ont attendu la fin de la matinée et une légère accalmie sur le plan de la météo pour sortir, mais cela n'a pas empêché un nombre impressionnant de manifestants venir grossir la marche, qui s'est voulue pacifique au fur et à mesure de son parcours. Cette nouvelle journée intervient également sept jours après l'annonce officielle des cinq candidats retenus pour le scrutin dont quatre ex-ministres ou Premiers ministres de Bouteflika : Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelkader Bengrina et Abdelaziz Belaïd le cinquième prétendant proche du président déchu et qui l'avait soutenu à fond durant ses quatre mandats. Or, la rue n'en a cure de l'ancien régime qu'elle accuse de tous les maux. Les élections ont été au centre de la thématique au vu des pancartes brandies par les manifestants qui également ont scandé des slogans hostiles aux candidats. En plus du « dégagisme » officiel du régime actuel et de ceux qui l'on servit, exprimé par les manifestants, le mot d'ordre principal, scandé par la foule a été comme à l'accoutumée le rejet du scrutin, et des cinq qui y prennent part. Mais que ce soit à Alger, Oran, Tlemcen, Jijel, Bordj Bou Arreridj, Bouira, Tizi-Ouzou, El Tarf, Mascara, Constantine, Mostaganem, Reghaia, Bejaia et autres villes et wilayas d'Algérie, les manifestants sont sortis pour réclamer le changement, le départ des symboles du régime et réitérer leur refus des présidentielles aux conditions actuelles le 12 décembre et la liberté pour les prisonniers d'opinion détenus dans les geôles de Gaid Salah. Evidemment les arrestations, pain béni des autorités algériennes, n'ont pas manqué dans ce contexte du 38e vendredi. Les porteurs de drapeaux amazighs ont été une cible privilégiée. Force est de constater qu'au regard de la marée humaine descendue dans les rues, le hirak mobilise toujours et de plus en plus en Algérie.