Pour l'exercice 2019, le Parlement européen a remis, jeudi, sa distinction prestigieuse, le prix Shakarov à Ilham Tohti, l'universitaire du Xinjiang, emprisonné à perpétuité en Chine. Aujourd'hui 25 octobre, celui qui enseignait en tant que professeur d'économie de géopolitique à l'université de Minzu de Pékin fête ses 50 ans. Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, nommé en l'honneur du scientifique et dissident soviétique Andreï Sakharov, fut créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Il est doté de 50 000 euros, et remis chaque année par le président du Parlement européen en session plénière à Strasbourg. Le fait que le prix Sakharov ait été décerné à Ilham Tohti en ce 24 octobre est un choix particulièrement symbolique. Il arrive à un moment où la persécution des Ouïghours et autres minorités ethniques musulmanes du Xinjiang est à son summum. Ouïghours et autres sont installés dans cette province de l'ouest de la Chine depuis 10 siècles. En 2008, signataire en France de la Charte 08, un texte qui réclame la démocratisation de la Chine (l'auteur le prix Nobel de la paix Liu Xiabo est mort en prison en 2017) Ilham Tohti est arrêté et détenu au secret pendant plusieurs semaines. Il est relâché pour revenir dans les geôles chinoises début 2014, lorsque, éclatent des attentats Que la République de Chine populaire attribue à des extrémistes ouïghours et ce bien qu'il ait toujours défendu des thèses pacifistes. Six mois plus tard, il est jugé pour « séparatisme » et est condamné à la réclusion à perpétuité au grand dam d'Amnesty International, des Etats-Unis et de l'Union européenne qui avaient appelé à sa libération. Pire, la justice chinoise confirme sa peine en appel quelques temps après. Ilham Tohti n'en est pas à son premier prix décerné depuis le fond de sa cellule du Xinjiang pour son parcours. Trois autres distinctions lui ont été remises par le biais de sa fille Jewher Tohti. En 2014 , il reçoit le PEN – Barbara Goldsmith Freedom to Write Award (prix pour la Liberté d'écrire) puis, en 2016, le prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l'homme, et en 2019, le prix Vaclav-Havel.