L'eurodéputé du parti espagnol Ciudadanos Jordi Cañas a demandé à la Commission européenne d'enquêter sur les soupçons de fraude électorale à Melilla et l'implication du Maroc, qui constitueraient, selon lui, une menace directe pour la sécurité de l'Union européenne. Jordi Cañas, député européen du parti centriste espagnol Ciudadanos, a appelé à mettre en place un instrument européen qui protègerait les processus électoraux et révoquerait l'aide aux pays associés s'il est démontré qu'ils sont à l'origine d'ingérences malveillantes, rapportent plusieurs médias espagnols. Par pays associés, l'eurodéputé espagnol fait référence au Maroc qu'il accuse d'ingérence étrangère, liée à des soupçons de fraude électorale dans l'enclave de Melilla. Une enquête préliminaire a été ouverte après avoir détecté un nombre disproportionné de demandes de vote par correspondance pour les élections locales du 28 mai prochain. Plusieurs indices laissent croire qu'il y a eu un éventuel achat de voix. Les investigations ont conduit à l'arrestation mardi d'au moins neuf personnes à Melilla, dont le conseiller de la Coalition pour Melilla (Coalición por Melilla, CpM) Mohamed Ahmed Al lal et le gendre de son leader Mustafa Aberchán, « A ces événements, déjà très graves, s'ajoutent les plaintes des médias espagnols selon lesquelles la fraude aurait pu être orchestrée par le Maroc, dans le cadre de sa stratégie de violation de l'intégrité territoriale d'un Etat membre de l'Union », a soutenu Jordi Cañas cité par Ceuta TV. « Cette situation serait extrêmement préoccupante car elle viendrait s'ajouter aux indications pointant vers le Maroc dans l'affaire connu comme le Qatar-Marocgate », a-t-il ajouté. Ce n'est pas la première fois que Ciudadanos dénonce devant la Commission et le Parlement européens une supposée « stratégie de pression et de chantage du gouvernement marocain contre l'Espagne ». Dans sa requête, Jordi Cañas a souligné que le Parlement européen lui-même enquête sur l'ingérence étrangère dans une commission spéciale, dans laquelle travaille Maite Pagaza (eurodéputée du groupe Renew Europe, ndlr) et dont les conclusions déjà approuvées démontrent, selon lui, la gravité de la situation. Lire aussi: Le Maroc accusé d'être derrière la « fraude électorale » à Melilla « La Commission européenne doit donner suite à ce travail et prendre toutes les mesures nécessaires, en révisant le soutien que l'UE apporte au Maroc, car le comportement de ce pays n'est pas celui d'un partenaire loyal », a-t-il estimé. « La Commission va-t-elle enquêter sur cette situation extrêmement grave qui constituerait une menace directe pour l'article 4 du TFUE (Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne) ? Si les soupçons d'ingérence étrangère se confirmaient, quelles conséquences cela aurait-il pour l'Etat responsable ? La Commission pourrait-elle établir un instrument garantissant les processus démocratiques européens d'ingérence étrangère, évitant la fraude et révoquant partiellement ou totalement les avantages des pays tiers associés à l'UE ? », s'est interrogé encore le député européen. Outre le Qatargate et cette affaire de fraude électorale, le même député s'en était déjà pris au Maroc en juin 2021. Jordi Cañas avait alors dénoncé devant la Commission européenne une « nouvelle manœuvre » du Maroc qui viserait selon lui à « punir l'Espagne pour la crise liée au Sahara occidental ». Le député espagnol regrettait alors l'exclusion des ports espagnols de l'opération Marhaba.