Les scandales touchant les fruits et légumes marocains exportés à l'étranger s'enchaînent ces dernières semaines. En cause: une présence importante de pesticides parfois hautement dangereux pour la santé. Les mises en garde et les conseils de Bouazza Kherrati, président de la fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC). «Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour», préconise l'Organisation mondiale de la Santé. Mais c'est sans compter sur les dizaines de pesticides, parfois hautement dangereux, que nous consommons sans le savoir. Fraises, avocats, pastèques et melons inondent les étalages en cette période estivale. Ils s'arrachent même à l'étranger, mais sont de plus plus sujets à polémique. Ces derniers jours ont été marqués par les mises en garde de plusieurs pays sur différents fruits d'origine marocaine. D'abord les melons «biologiques» originaires du Maroc rappelés en France après la découverte de traces d'un pesticide cancérigène. L'affaire remonte au 23 avril, lorsqu'un simple échantillonnage a permis de découvrir des traces de «matrine», un insecticide biologique interdit en Europe.
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L'annonce a eu l'effet d'une bombe au Maroc, où finalement le choc a laissé place à l'étonnement. En effet, de simples échantillons ont permis de découvrir que la forte contenance de matrine dans le melon marocain ne découlait pas d'un usage excessif du côté des agriculteurs marocains, mais des engrais ... importés de France par le Maroc ! Exportations entachées Plus récemment, ce sont les avocats bios marocains qui se sont retrouvés dans la tourmente. En plus de l'acharnement des lobbies agricoles espagnols, les autorités néerlandaises ont émis une alerte au niveau du Système d'alerte rapide pour l'alimentation humaine et animale (RASFF), après la détection de résidus de Chlorpyrifos dans les avocats importés du Maroc. Le Chlorpyrifos, jugé dangereux pour la santé humaine et interdit en Europe aurait été détecté en grande quantité par la société importatrice néerlandaise qui prévoyait d'écouler son stock sur le continent européen. Ces accusations largement relayées par les agriculteurs espagnols ont toutefois été démenties par la Confédération Marocaine de L'Agriculture Et du Développement Rural (Comader), rappelant que l'utilisation du chlorpyrifos est strictement interdite et contrôlée au Maroc depuis octobre 2020.
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L'expertise n'a pas encore été effectuée ni dévoilée du côté des autorités marocaines, mais le flou a cédé la place à la méfiance, souligne Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC). Contacté par H24Info, ce dernier explique que «les sources de contaminations peuvent être multiples, comme il s'est avéré avec les melons en France». Ces mises en garde nous viennent presque toujours de l'étranger, et donc nous pouvons en déduire que les produits vendus sur le marché national ne sont pas contrôlés et qu'ils sont certainement bourrés de pesticides, poursuit notre interlocuteur. Alors que le scandale sur la toxicité de la menthe ou encore le thé ont permis de briser des tabous, une réforme de la loi peine à suivre, souligne Bouazza Kherrati, vétérinaire de profession. Les timides projets de loi n'ont pas encore été adoptés et au vu des récentes propositions, ils ne pourraient pas combattre le fléau que représente l'usage abusif des pesticides, poursuit-il. Dangers inévitables En effet, selon le président de la FMDC, «le problème est en amont, au niveau de l'accessibilité et la vente de ces produits très dangereux». Ces pesticides sont mis entre les mains de l'agriculteur qui devraient d'abord être formés et informés sur le bon usage des pesticides et insecticides, poursuit notre interlocuteur, soulignant qu'il faut également «un véritable contrôle, que l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) ne peut pas assumer à elle seule». Le contrôle au niveau des marchés du gros est également défaillant, alors qu'il devrait se faire même a posteriori (...) mais ces efforts seront vains tant qu'il n'y a pas un système de traçabilité», souligne Bouazza Kherrati.
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Par le passé quelques exemples ont toutefois démontré que ce contrôle pouvait porter ses fruits. C'est le cas notamment vers la fin des 1990 lorsque plusieurs personnes, après avoir consommé des melons, ont été intoxiquées par un fort pesticide dans la région de Fès. La gendarmerie qui était chargée de l'enquête a découvert que l'agriculteur n'avait pas respecté les délais et le pesticide s'est retrouvé dans la chaire même du fruit, explique Kherrati. De ce fait, le danger peut être évité, souligne Kherrati, notant qu'une sensibilisation du consommateur est tout aussi primordiale. Un nettoyage rigoureux à l'eau, au vinaigre ou encore au sel doit être effectué systématiquement par le consommateur avant de croquer dans un fruit, si on veut limiter les dégâts, conclut-il.