L'ambassadeur de Jordanie à Rabat, Hazim Al Khateb Attamimi, a reconnu hier, que pour visiter la Jordanie en tant que femme marocaine âgée entre 18 et 35 ans, il est nécessaire d'être accompagnée par un « mahram » ou d'être conviée dans le cadre d'une activité, avec invitation de la part d'une institution jordanienne. Il a ajouté que ces procédures d'octroi de visas « sont appliquées depuis de nombreuses années et n'ont subi aucune modification ». L'ambassadeur a affirmé que l'octroi de visas d'entrée, comme c'est le cas dans plusieurs pays du monde, « est régi par des dispositions réglementaires liées à la légalisation et à la protection du marché du travail en Jordanie », et que ces procédures tendent parfois à « limiter ou restreindre l'entrée de certaines tranches d'âge, et non pas les interdire ». Selon Attamimi, la Jordanie n'empêche pas « les citoyennes marocaines d'entrer sur son territoire, à condition de se soumettre aux mesures réglementaires visant à préciser le lieu de travail ou à indiquer le motif de la visite », relevant que « nos frères marocains sont les bienvenus, comme ça a toujours été le cas, dans leur second pays la Jordanie ». Lire aussi : La Jordanie exige un «mahram» pour les Marocaines A cet égard, le diplomate jordanien a mis en avant la solidité et la particularité des relations historiques entre les deux royaumes, qui se sont encore renforcées sous le règne du roi Abdallah II Ibn Al Hussein et du roi Mohammed VI, ajoutant que ces relations reposent sur des bases solides et claires. Il a, dans ce sens, souligné que les relations bilatérales sont devenues solides sur le plan institutionnel, et ce à travers une série d'accords entre les deux pays dans différents domaines, notant que « l'année précédente a été distinguée à tout point de vue, à la lumière de la visite de 25 délégations officielles jordaniennes au Royaume du Maroc, qui comprenaient des délégations gouvernementales de tous les secteurs, ainsi que des délégations parlementaires représentant la Chambre des représentants et la Chambre haute ». Lire aussi : L'ambassadeur du Maroc au Ghana accusé de harcèlement sexuel L'ambassadeur a exprimé l'espoir de voir cette année connaître la tenue de la Haute commission mixte jordano-marocaine au cours du premier semestre à Amman, et qui sera présidée par les chefs des deux gouvernements, notant que cette réunion sera une occasion pour faire avancer un certain nombre de dossiers communs, particulièrement en matière de visas. Attamimi a, en outre, plaidé pour « faciliter la mobilité et le mouvement des citoyens des deux pays, en vue de la suppression, de façon définitive, des conditions d'obtention du visa entre les deux pays frères ». Une réaction qui n'a pas convaincu Mounia Semlali Dans une publication partagée sur son compte Facebook, Mounia Semlali, responsable du programme justice des genres de l'ONG Oxfam au Maroc, qui s'est vu interdire sa demande de visa jordanien a répondu aux déclarations de l'ambassadeur jordanien. Semlali déclare que ses sollicitations pour rencontrer l'ambassadeur sont toujours restées sans réponse. Et décrit la réponse de l'ambassadeur comme « diplomatique ». « J'ai essayé de vous croire et d'oublier mon histoire avec votre ambassade et les centaines de lettres que j'ai reçu et qui confirment la discrimination et les insultes que subissent mes concitoyennes« , a-t-elle écrit. « Comment est-il possible que vous ne soyez pas au courant de tout ce qui se produit?Les dispositions réglementaires concernant les tranches d'âge que vous avez évoqué ne concernent que les Marocaines et les Tunisiennes. Il est inutile de tenter de cacher une vérité que nous pouvons vite prouver », a-t-elle ajouté.