Si le secteur touristique et balnéaire (et par extension l'activité économique qui lui est liée), il se plaindrait de la formule Tout Compris en disant : « le All Inclusive m'a tuer ». En effet, il ne se passe plus une année, sans que ce nouveau mode de commercialisation en hôtellerie ne fasse des victimes au niveau du secteur. Les touristes sont cloîtrés, pour ne pas dire volontairement séquestrés, dans les hôtels, en grande majorité des villages club, sans sortir, nuit et jour. Evidemment il y en a qui sortent, malheureusement, ils restent une très fine minorité. Nombreux seront ces touristes qui sont venus passer au semaine à Agadir sans ne connaître de la ville que la plage et l'hôtel. Non seulement l'activité économique parallèle au secteur en souffre sérieusement ( des commerces qui ferment, des bazars qui font faillite, des restaurants qui veulent tous se transformer en cabaret, lorsqu'ils ne sont pas en vente, des taxis dont le chiffre d'affaires a baissé effroyablement etc …). Dans cette formule, il y a tout de même un gagnant, bien sûr c'est le Tour Operateur, qui impose sa loi. Pour l'hôtelier avoir un hôtel plein à 80% ne peut pas dire forcément faire un bon chiffre d'affaires et encore moins un bénéfice. Lorsqu'un hôtel quatre étoile, pied dans l'eau vend le All Inclusive ( c'est à dire il permet au client de boire et de manger non stop de 6 heures du matin à minuit, autant qu'il le désire) à 210 euros la semaine, soit 30 euros par jour, on se demande comment il fait pour s'en sortir et « satisfaire ses clients, » payer ses fournisseurs, ses employés, ses taxes et impôts, et essayer de gagner de l'argent. Bref, il ne s'agit pas uniquement de bradage de pris mais également de bradage des prestations et du service. Et par ricochet, cela nuit la renommée de la station, notamment avec la formule bâtarde (All Inclusive ; BB ; demi-pension) dans le même établissement. Ce qui est important à savoir dans cette dramatique situation touristique relevant du All Incusive qui fait un vrai ravage dans la destination, est que cette formule a été inventée par les TO pour être appliquer dans des destinations touristiques se trouvant dans des îles, hors de toute zone urbaine. Dans ces îles, le client n'a pas où aller, ne peut rien acheter, ni rien voir non plus ; on lui amène donc tout le nécessaire dont il a besoin, cher dans l'établissement de séjour. Une bonne formule All Inclusive offre au client manger, boissons alcoolisées et autres, animation, à volonté, y compris cigarettes et cigares. Agadir étant une destination touristique urbaine, se situant en plein centre ville, le All Inclusive, n'y a nullement sa place. Agadir ne peut être comparée à des destinations touristiques tunisiennes, turques, ou égyptiennes se trouvant hors des zones urbaines. Comparaison n'est pas raison, surtout dans ce cas précis. Il est intéressant de rappeler que partout au Maroc, le tourisme est d'abord urbain. Nous avons un tourisme de ville. La vie dans nos villes intègre également la composante touristique et inversement : c'est le cas de Fès, Meknès, Marrakech, comme est le cas d'Agadir. C'est justement cette spécificité du tourisme chez nous, comme est le cas pour Istambul, Paris, Londres ou Rome, qui fait que le touriste vit des moments de plaisirs, de bons souvenirs, vit également des échanges avec la population locale, découvert d'autres mentalités et civilisations, se fait une idée des cultures des autres, ce qui rend son séjour plus riche et plus humain. Quant à enfermer des touristes 7/7 dans des hôtels, c'est faire tout sauf du tourisme qui est basé d'abord sur le contact entre visiteur et population d'accueil. Que les professionnels, les Autorités, les élus, réagissent intelligemment et énergiquement pour mettre fin à ce phénomène tentaculaire qui est entrain de ravager toute la destination. Des solutions existent, il suffit d'y prêter toute l'intention et la réflexion qu'il faut pour les faire savoir à qui de droit.