Où sont passés nos touristes ? A première abord, où sont passés nos touristes, peut sembler une question un peu saugrenue, dans la mesure où les touristes sont bel et bien à Agadir. Or cette question, en plus de son caractère pertinent, est de grande actualité également . Les touristes sont dans la station balnéaire effectivement, mais on ne les voit que rarement en ville. A part à la plage, les touristes sont difficilement trouvables, dans le souk, les commerces, les bazars et les restaurants ou ailleurs… Actuellement, la destination connaît un bon taux d'occupation et nombreux sont les établissements qui sont complets, les Villages de Vacances Touristiques en tête de liste. Or, ce sont justement les V.V.T qui renferment le plus de monde, donc plus de touristes. Jugez-en vous-même : Le Complexe Agador Tamlelet : 1800 lits, Iberestor 800 lits, TiKida Dunas 800 lits, Club Med 600 lits, Valtur 600 lits, Tikida Beach 400 lits etc… En d'autres termes, rien que pour ces cinq Villages touristiques, tous actuellement bien remplis, il faut compter pas mois de 5000 touristes. Or en ville , on ne voit circuler même pas une centaine de touristes étrangers. Où sont donc tous ces touristes qu'on ne voit pas en ville et que font-ils ? La réponse se trouve dans le nouveau mal qui est en train de ranger la destination et qui s'appelle le « All Inclusive », le fameux Tout Compris. Les clients ont payé le séjour en entier, avant d'arriver à Agadir, ils sont donc pris en charge totalement : nourriture, boisson, le long de la journée, le soir et une bonne partie de la nuit. Conséquence, ils ne voient plus aucune raison de quitter l'hôtel ou le Village Touristique. Ils sont pris en charge à 100%. Conséquence dramatique pour la ville d'Agadir, son commerce et ses activités commerciales : les touristes sont à Agadir sans vraiment l'être. Avec l'application en masse du fameux All Inclusive, même les excursions vers Marrakech, Tafraout etc … se font de plus en plus rares. Réceptifs et voyagistes partenaires deviennent ainsi simples transporteurs touristiques faisant la navette entre l'aéroport et l'hôtel. La généralisation, du Tout Compris, vient de démontrer à tous, que toutes les professions touristiques sont touchées et que le mal, voir le virus touristique touche à la fois restaurateurs, bazaristes, commerçants, taxis, activités économiques, excursions, transporteurs, excursions, animation etc… Moralité il faut faire le nécessaire pour arrêter ce massacre preuve en est que ceux mêmes qui l'appliquent s'en plaignent, tellement le All Inclusive porte un grand tort à toute la destination. Agadir est une destination balnéaire urbaine. On ne peut permettre à un système d'hébergement quelconque, sous prétexte que c'est la mode ailleurs, de bloquer toute l'activité économique de toute une ville. Cela va à l'encontre du principe du tourisme qui d'abord, de drainer des devises, de créer des emplois, et de dynamiser l'économie locale, régionale, voire nationale. Mais également de permettre un échange humain, culturel et civisationnel. Il est grand temps que le ministère de tutelle, appuyé par les professionnels, les Autorités et les élus fassent bouger les choses en proposant une bonne réglementation de l'utilisation du All Inclusive. Ce système d'hébergement peut être applicable dans les zones rurales mais pas dans les stations touristiques urbaines. Agadir est ainsi rangé sérieusement par le mal, Marrakech est en train de suivre ce très mauvais exemple, où va notre tourisme ? Il faut arrêter les dégâts et se mobiliser sérieusement pour mettre fin à ce mal, désapprouvé par tous les professionnels et les opérateurs du secteur. Un tourisme inadéquat pour la station balnéaire gadirie, qui se retourne contre tous et qui porte du tort à la ville n'a nullement raison d'être. Il faut le combattre et le bannir définitivement par une réglementation claire et qui met chacun devant ses responsabilités économiques, et sociales. Faire venir les visiteurs pour les renfermer dans des hôtels jour et nuit sans aucun contact avec l'extérieur, c'est transformer les établissements hôteliers en ghettos touristiques de luxe. Ce genre de tourisme, on n'en a pas vraiment besoin.