Le ALL Inclusiv m' a tué. La destination en souffrance sérieuse. Des solutions urgentes s'imposent. Le All Inclusiv : c'est cette formule magique qui permet à un client dans un hôtel de tout consommer, sans rien payer, toute la journée ( le soir aussi, bien sûr) tout au long de son séjour. Comme son nom l'indique, le "Tout Compris" ( All Inclusiv) est une formule qui s'adapte très bien dans des destinations balnéaires très éloignées des centres urbains et des villes. Dans des îles lointaines où il n' y a aucune infrastructure urbaine, à part le village touristique. La formule s'adapte bien aux Iles des Pacifiques, aux Caraïbes, entre autres, où elle marche bien. Or Agadir est une destination balnéaire 100% urbaine. L'introduction du "All Inclusiv" est en train de tuer toute l'activité commerçante liée au tourisme. C'est très sérieux, très grave. Des solutions urgentes et radicales s'imposent. C'est grave parce que les clients ne sortent plus des établissements hôteliers qui appliquent le "All Inclusiv", sauf pour aller à la plage, et encore. Ils ont tout payé, chez eux. Ils ont tout à portée de la main à l'hôtel où ils peuvent consommer à volonté. Le besoin de sortir en ville pour faire des achats, ou de faire une excursion, de contacter la population et de voir ce qui se passe hors hôtel, est éliminé par cette prise en charge totale, sans limite, au sein de l'établissement d'hébergement. Résultat, des commerces, des restaurants, des taxis, des bazars, sont en grande difficulté financière, voire en faillite. C'est tellement sérieux que nombreux sont les intervenants touristiques qui quittent Agadir pour aller s'installer à Marrakech. Actuellement 60% de la capacité hôtelière commercialisable, en hôtellerie hors Résidences Touristiques, de la destination tourne en "All Inclusiv" ( soit 10 000 lits sur 16 000 ). C'est énorme. Cela fait peur dans la mesure que la contagion va toucher d'autres hôtels dès novembre prochain. Où va la destination ? Où va l'activité touristique et commerciale liée au tourisme ? A la faillite totale. La destination est en souffrance sérieuse. La raison en est simple. Le "All Inclusiv", ne cadre nullement avec une destination balnéaire urbaine à 100%. Le Secteur Touristique et Balnéaire ( le STB), faisait vivre toute la ville : restaurants, bazars, commerces divers, taxis, agences de voyages, excursions, souks, sorties diverses, pharmacies etc… Plus rien maintenant depuis que le "All Inclusiv" domine ces dernières années et de plus en plus.De 6 heures à 10 heures : petit déjeuner. De midi à 15 heures : déjeuner. De 16 heures à 17 heures : goûter. De 18 H 30 à 23 Heures :dîner. La vie au sein de l'hôtel est programmée pour que le client fasse un peu d'activités, de loisirs et qu'il consomme à volonté du matin au soir. Les hôteliers ingénieux et calculateurs font venir des commerçants le soir au sein de l'établissement . Au lieu d'aller au souk, ils font venir le souk à l'hôtel. Le dirigeant y trouve son compte, les clients paient le plus fort et l'activité à l'extérieur est complètement paralysée. Le commerce tout au long et autour du STB en a pris un coup très sérieux, voire catastrophique.Le "All Inclusiv" ailleurs, est basé sur des normes : villages de vacances pied dans l'eau, loin de toute zone urbaine, personnel formé pour assurer une animation non stop, infrastructure d'animation bien faite ( amphithéâtre, miniclub pour les enfants, plusieurs piscines, tobogans, cours de tennis, fitness …). Le "All Inclusiv" à Agadir, existait déjà en tant que pension complète notamment au Club Med à la Kasbah et au Club Valtur. La formule a pris une proportion sérieuse avec l'ouverture il y a à peine quatre ans du Village de Vacances Touristique Tikida Dunas ( avec une implication importante du premier TO allemand TUI ) et celle du VVT 'Iberostar ( avec une implication sérieuse également du 2ème TO allemand Thomas Cook). Ces deux villages accusent un très bon taux de remplissage et génèrent des profits RBE (résultat brut exonéré) très conséquents. C'est depuis lors la mode à suivre, bien poussée et favorisée, il faut dire par les Tour opérateurs qui trouvent là leur compte. A part ces villages de vacances conçus dès le départ pour fonctionner en "All Inclusiv", la formule adoptée par des hôtels actuellement, dont des quatre étoiles classiques, sans aucune infrastructure adaptée au "Tout Compris", tourne plutôt à un "ALL Inclusiv" bâtard qui n'a plus aucun sens avec la vraie formule. Des aberrations incroyables sont à relever" du genre formé par un amalgame entre le "BB" ( Bed & Breakfast : lit et petit déjeuner), la demi pension ( petit déjeuner et dîner) et le fameux "All Inclusiv" bien tiré vers le bas, à cause de prestations inadaptées et inappropriées. Comment peut gérer trois populations touristiques avec trois formules d'hébergement aussi différentes les unes des autres ? C'est incroyable, hélas vrai. C'est du n'importe quoi sauf de la vraie gestion hôtelière dans les formes de l'art. La station balnéaire dérape, divague, perd son identité et va droit à la mort, si elle continue ainsi.Ce qui est dérangeant que le cas du "All Inclusiv" à Agadir, principalement dans sa formule adoptée par des hôtels qui ne sont pas fait pour, c'est qu'il s'agit d'un faux "All Inclusiv". Un T"out Compris" de bas de gamme : une pension complète avec des boissons en plus. Mais attention, il s'agit de boissons de très basse gamme. De la nourriture non plus, n'est pas de grande qualité. Résultat, les clients qui ont vécu ailleurs le vrai "All Inclusiv" se sentent leurrés, roulés, trahis. Et c'est la destination et sa renommée qui en pâtissent, la renommée touristique du pays aussi, et bonjour les dégâts à cause du bouche à oreille et de la mauvaise publicité directe. Lorsque tout se fait hors normes, hors formation appropriée, hors infrastructure appropriée, il ne faut pas s'attendre à la joie chez les clients…Avec l'installation du "All Inclusiv" dans des hôtels, on a constaté une réduction du personnel. Une réduction qui va jusqu'à 30%. C'est énorme. Alors que le bus de l'hôtellerie et du tourisme est la création d'emplois, voilà que c'est l'inverse qui se passe. Ajouter à cela que les clients du "Tout Compris" sont des clients spéciaux, des familles qui cherchent à passer des vacances, ensemble, au moindre prix. Le haut de gamme constitué par les golfeurs, les amateurs du thalasso et de produits luxueux ne font nullement ménage avec des établissement qui affichent le "All Inclusiv". Le président du CRT Agadir, Said Scally, dira à ce sujet : « c'est dommage , on est en train de faire d'Agadir, en tant que membre des plus baies du monde, une banale destination balnéaire, dans une île perdue. Un Saint Dominique. Et dire que la destination est entrain de se positionner, en cherchant à faire une bonne animation, des restaurants gastronomiques, des bowlings, du tourisme culturel… Pour qui le faire ? Pour quoi le faire, dans cette perspective envahissante du "All Inclusiv" ? » Qui est gagnant dans cette affaire alors, demanderiez-vous ? Deux intervenants sont gagnants : le Tour opérateur et l'hôtelier. Pour schématiser, sur 1500 DH, l'hôtelier prend 850 Dh et se débrouille avec, le TO prend le reste. Tous les autres intervenants sont hors jeu. Mêmes les excursions ont été réduites de plus de 60%. L'agence de voyage réceptive se transforme en simple autocariste qui fait du transfert de l'aéroport à l'hôtel et inversement. Une activité que certains TO sont entrain de prendre en main directement. Pour le tourisme national, c'est encore pire. Les nationaux n'ont pas le droit d'entrer dans des établissements qui appliquent le "All Inclusiv". Les consommations ne sont pas payantes comme dans des hôtels classiques. Cela se résume à payer entre 400 et 500 Dh pour aller prendre un café ou une boisson à l'intérieur d'un établissement "All Inclusiv" . L'argent ne circule pas. Pas de pourboire non plus. Avec un bracelet, le client est identifié dès l'entrée et peut consommer à volonté, dans la mesure du disponible. Et croyez-le, ce n'est pas toujours réjouissant. Que faire alors ? Il n'y a pas mille solutions à adopter. Le commerce est libre évidemment. N'empêche qu'il faut réglementer et légiférer pour l'application du "All Inclusiv" chez nous, qu'on est sorti de son contexte de naissance. Oui pour le "All Inclusiv", mais en dehors des stations balnéaires urbaines. Le laisser se développer en pleine destination urbaine, comme est le cas pour Agadir est inadmissible. Le tourisme est fait pour encourager la création d'emplois, pour le développement des activités économiques et commerçantes parallèles, pour dynamiser l'économie locale et régionale, pour faire connaître l'arrière pays. Mais aussi pour servir en bon moyen de rapprocher des populations, des mentalités, d'amoindrir le choc des civilisations, et non pour enfermer les visiteurs dans des ghettos touristiques, en pension complète, et qui n'auront vu du pays que l'aéroport et l'hôtel. Il faut arrêter ce massacre et rendre au tourisme ses lettres de noblesse. Cela est d'autant plus important et plus nécessaire que nous venons d'apprendre que la contagion du "All Inclusiv" vient d'atteindre Marrakech. Alors là, si le "All Inclusiv" se développe à Marrakech, c'est que notre tourisme va à la catastrophe et que nos responsables : ministre, élus, Autorités, parlementaires, opérateurs, doivent prendre le problème sérieusement, très sérieusement même, pour arriver à arrêter le massacre avant qu'il ne soit trop tard.