Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié, samedi 08 fevrier à Addis-Abeba, de "scandaleux" la poursuite des violations de l'embargo sur les armes en Libye, se disant favorable à ce que l'Union africaine (UA) joue un rôle plus important dans la médiation de la crise libyenne. Lors d'une conférence de presse au siège de l'UA, où il doit assister dimanche et lundi au sommet annuel de l'Union africaine, M. Guterres a affirmé comprendre la "frustration" de cette organisation panafricaine jusqu'à présent "mise à l'écart" dans ce dossier. "Nous assistons vraiment à un scandale, c'est absolument inacceptable que l'embargo continue à ne pas être respecté et qu'on assiste de plus en plus à la présence des terroristes étrangers en Libye", a-t-il dit. "Il faut que l'embargo soit respecté ", a ajouté le SG de l'ONU, qui a insisté sur la mise en place de mécanismes pouvant garantir l'application concrète des décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il est "évident", a-t-il poursuivi que "la crise en Libye a été sérieusement aggravée par la présence des mercenaires étrangers et des équipements de certains pays et ce en violation claire des mandats du Conseil de sécurité ". L'UA s'est récemment plainte d'avoir été "systématiquement ignorée" sur le dossier libyen, géré principalement par l'ONU et dans lequel les pays européens occupent une place prépondérante. "Nous pensons qu'il est absolument essentiel d'associer l'UA dans la recherche d'une solution au conflit libyen", a-t-il indiqué. "Je comprends parfaitement cette frustration, l'Afrique a été mise à l'écart concernant la Libye", a reconnu M. Guterres, plaidant pour un renforcement de la collaboration entre l'ONU et l'UA. Cette dernière, qui a choisi "Faire taire les armes" comme thème du 33eme sommet d'Addis Abeba cette année, entend être plus efficace à l'avenir dans la résolution des conflits africains, auxquels elle veut apporter des "solutions africaines". Le secrétaire général de l'ONU a, par ailleurs, salué l'initiative d'un forum de réconciliation prise fin janvier lors d'un sommet organisé par le comité de l'UA sur la Libye au Congo-Brazzaville. "Nous soutiendrons pleinement le forum organisé par l'UA", a-t-il dit. "La mission de l'ONU à Tripoli est prête à recevoir dans ses locaux une représentation de l'Union africaine, et nous voulons que les points focaux de l'Union africaine puissent participer à tous les groupes de travail intralibyens", a-t-il ajouté. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire et une intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Depuis avril 2019, des combats opposent aux portes de Tripoli (ouest) les troupes du gouvernement d'union nationale (GNA), soutenu par l'ONU, et les forces du maréchal Haftar, qui ont lancé une offensive pour conquérir la capitale, siège du GNA. Un cessez-le-feu très précaire est entré en vigueur le 12 janvier et des efforts sont en cours pour tenter de le renforcer. "Respectez votre peuple!", disait Guterres en s'adressant aux dirigeants sud-soudanais Antonio Guterres a jugé "inacceptable" l'absence d'accord entre le gouvernement sud-soudanais et les rebelles à l'approche d'une nouvelle date-butoir pour la formation d'un gouvernement d'union. "Pensez à votre peuple, respectez votre peuple, vous n'avez pas le droit de continuer la confrontation alors que votre peuple souffre tant", a déclaré M. Guterres. "C'est votre responsabilité morale et politique de mettre un terme à tout cela et trouver les accords nécessaires pour que le Soudan du Sud revienne à la normalité", a-t-il ajouté. Alors que la signature d'un accord de paix en septembre 2018 a longtemps permis de réduire les combats au Soudan du Sud, une commission des droits humains de l'ONU a regretté vendredi une multiplication des violences armées et des atteintes aux droits à l'approche du 22 février, date-butoir pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar peinent à concrétiser certaines dispositions cruciales de l'accord de paix, dont le nombre d'Etats régionaux et le tracé de leurs frontières. Dans ce contexte, la formation d'un gouvernement d'union nationale, initialement prévue en mai 2019, a été reportée une première fois au 12 novembre 2019. Puis un nouveau délai de 100 jours a été accordé aux deux rivaux, qui ont depuis multiplié les réunions pour résoudre leurs différends avant la nouvelle date-butoir du 22 février. En vain. "Il est pour moi totalement inacceptable que nous approchions à nouveau de la date-butoir (...), sans qu'il y ait d'accord sur un certain nombre de points", a soutenu M. Guterres. "Il est temps que les dirigeants sud-soudanais acceptent de coopérer, et soient dignes de leur peuple fabuleux", a-t-il dit. Le Secrétaire-général de l'ONU a estimé qu'«il est temps de retirer le Soudan de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme et mobiliser un appui international massif pour permettre au Soudan de surmonter ces défis». Il a, d'autre part, appelé à une action concertée pour relever les autres défis posés au continent, notamment les changements climatiques, l'extrémisme et le terrorisme. Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir a accusé M. Machar, son ex-vice-président de fomenter un coup d'Etat. Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique, dont des meurtres et des viols, a fait plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.