Les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir étaient attendus vendredi à Addis Abeba pour un sommet visant à relancer des accords au point mort depuis leur signature en septembre, alors que subsistent de graves différends 18 mois après l'indépendance de Juba. Ce sommet intervient alors que l'armée sud-soudanaise a de nouveau accusé jeudi les forces soudanaises de l'avoir attaquée près de la frontière entre les deux pays, dans l'Etat sud-soudanais du Bahr el-Ghazal occidental (nord-ouest). Selon le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, l'aviation soudanaise a largué des bombes sur la région de Raja, et des combats ont aussi opposé les infanteries des deux pays. «Ils nous ont attaqués mercredi et les combats se sont poursuivis jusque tard dans l'après-midi,» a-t-il déclaré. Interrogé dans la foulée de ces déclarations, le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Benjamin Marial Benjamin, a cependant affirmé que le président Kiir entendait malgré tout se rendre dans la capitale éthiopienne vendredi. Addis Abeba abrite le siège de l'Union africaine, qui joue les médiateurs dans la crise entre les deux Soudans. Peu d'informations ont filtré sur l'ordre du jour. Les précédentes rencontres entre les deux hommes ont dans le passé plusieurs fois été reportées. Seules indications: les délégations des deux pays sont déjà arrivées à Addis Abeba et une conférence de presse des chefs d'Etat est programmée en fin d'après-midi. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a accueilli avec satisfaction l'annonce de ce sommet en encourageant les deux dirigeants «à traiter de manière décisive tous les problèmes en suspens», en citant notamment «la sécurité, la délimitation de la frontière et le statut final» de la région contestée d'Abyei. S'il est maintenu, le sommet sera le premier depuis la signature en septembre par les deux présidents d'accords économiques et de sécurité, toujours pas mis en oeuvre. En septembre, MM. Béchir et Kiir étaient parvenus à se mettre d'accord sur les modalités de reprise de la production pétrolière du Soudan du Sud, dont l'exportation dépend des oléoducs du nord et dont l'arrêt par Juba depuis janvier 2012 après un différend sur les frais de passage avec Khartoum avait mis les économies des deux pays à genoux. Les accords prévoyaient également la mise en place d'une zone-tampon démilitarisée à leur frontière commune.