Le sommet de l'Union africaine débute mercredi avec le 30e Conseil exécutif qui rassemble les ministres des Affaires étrangères des pays membres. Même si aucune décision d'envergure ne sera prise avant la réunion des chefs d'Etat les 30 et 31 janvier, les différents dossiers sensibles seront abordés. Le retour du Maroc 33 ans après avoir quitté l'OUA, devenue UA, le Maroc s'apprête à réintégrer l'organisation panafricaine. Un retour qui confère à ce 28e sommet un caractère historique. Initiée lors du dernier sommet de Kigali en juillet, la démarche marocaine s'est accélérée le 20 janvier par la ratification de l'acte constitutif de l'UA, préalable à l'adhésion du royaume à l'organisation. Quelques jours plus tôt, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement marocain, avait indiqué à la presse que Mohammed VI se rendrait à Addis-Abeba. Mais à l'heure où sont écrites ces lignes, l'incertitude demeure quant à sa venue. Quoi qu'il en soit, le retour du Maroc couronnera une offensive diplomatique de Mohammed VI débutée il y a près d'un an : visite d'Etat dans plusieurs dizaines de pays du continent, signature d'accords commerciaux, sommet rassemblant une trentaine de chefs d'Etat africains à Marrakech (en marge de la COP22) et discours de commémoration de la Marche verte prononcé depuis Dakar. Le Maroc avait quitté l'OUA en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario au Sahara occidental, un territoire que Rabat contrôle et considère comme partie intégrante du royaume. Succession de Dlamini-Zuma En juillet à Kigali, les chefs d'Etat des pays membres de l'UA n'avaient pas réussi à s'accorder sur le nom du ou de la successeur de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma au poste de président de la Commission de l'Union africaine (UA). La faute aux profils des trois candidats – l'Equato-Guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l'Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe – et à la volonté de l'Afrique de l'Ouest de pousser la candidature d'Abdoulaye Bathily. Outre le Sénégalais, Agapito Mba Mokuy et Pelonomi Venson-Moitoi (qui tentent à nouveau leur chance), deux autres candidats sont en lice : le Tchadien Moussa Faki Mahamat et la Kényane Amina Mohamed Jibril. Si Bathily, Mahamat et Amina Mohammed sont favoris, l'élection s'annonce particulièrement serrée tant les blocs régionaux qui soutiennent ces candidats sont en réalité divisés. Un plan de réformes attendu L'équipe en charge des propositions de réformes de l'UA, mise en place par le président rwandais, Paul Kagame, en octobre, devra présenter ses conclusions et ses prérogatives pour améliorer le fonctionnement de l'organisation. La tâche a été confiée à neuf personnalités, parmi lesquelles l'ancien ministre des Finances rwandais Donald Kaberuka, l'économiste bissau-guinéen Carlos Lopes, l'ancien gouverneur de la banque centrale d'Afrique du Sud Tito Mboweni, le magnat des télécoms zimbabwéen Strive Masiyiwa, le Camerounais Acha Leke, associé principal du cabinet mondial Mc Kinsey&Co, l'ancienne ministre de l'Environnement du Nigeria Amina J. Mohammed, qui vient d'être nommée vice-secrétaire générale des Nations unies par Antonio Gutteres, mais aussi Cristina Duarte, l'ancienne ministre des Finances et du Plan du Cap Vert, et Mariam Mahamat Nour, ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération internationale au Tchad. Selon un diplomate en place à Addis, « rien n'a filtré, personne ne sait exactement ce que contient le rapport ». Parmi les pistes évoquées : le mode de financement de l'UA (qui avait été proposé en juillet à Kigali par Donald Kaberuka), l'augmentation ou la réduction du nombre de commissaires. Après IDI, un nouveau président pour l'UA Qui succédera à Idriss Déby Itno à la présidence tournante de l'Union africaine ? Selon toute vraisemblance, et malgré une tentation de courte durée du Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Alpha Condé, 78 ans, candidat désigné par la Cedeao le 17 décembre, devrait prendre la tête de l'organisation pour un an après avoir mené, avec succès, une médiation à Banjul qui a conduit au départ de Yahya Jammeh et évité une intervention armée. Des crises à la loupe Soudan du sud. La crise sud-soudanaise entre le président Salva Kiir et l'ancien vice-président Riek Machar (parti du pays) s'enlise. Malgré une décision de l'Autorité intergouvernementale de développement (Igad) en juillet, soutenue par l'ONU et acceptée par Djouba, d'envoyer une force régionale, les 4 000 soldats devant s'ajouter aux 13 000 déjà présents dans le cadre de la Minuss ne se sont toujours pas déployés. Le 23 janvier, l'ONU a une nouvelle fois demandé d'accélérer la mise en place de ce contingent. Gambie. Côté Gambie, si la crise semble bel et bien finie, le nouveau président Adama Barrow n'a toujours pas rejoint Banjul. Alors que l'ancien président Yahya Jammeh s'est exilé en Guinée équatoriale (à la surprise générale), son successeur demeure au Sénégal dans l'attente de la sécurisation de son pays. Pourra-t-il se rendre à Addis Abeba pour son premier sommet de l'Union africaine ? Les suites de cette crise en passe d'être réglée devraient quoi qu'il en soit être abordées. RD Congo. Après le semi-échec de la médiation menée par l'ancien ministre togolais Edem Kodjo (qui a permis de poser les bases d'un accord), et initiée notamment par l'UA, les évêques congolais, réunis au sein de la Cenco, semblent avoir réussi à réconcilier oppositions et pouvoir. Même si, depuis, la mise en place de l'accord traîne. Le sujet reste important pour l'UA qui garde un œil sur l'application de ce dernier, qui prévoit notamment la tenue de la prochaine élection présidentielle d'ici la fin de l'année. En témoigne l'intervention sur le sujet d'Idriss Déby Itno, président en exercice de l'organisation panafricaine, lors du sommet Afrique-France de Bamako qui s'est tenu il y a dix jours. « L'exemple donné ici par la RDC mérite notre soutien et encouragement. Ce bel exemple doit nous inspirer pour d'autres situations », a déclaré le chef de l'Etat tchadien.