Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a affirmé, mercredi à Rabat, que les ingérences étrangères en Libye auront un impact négatif sur les efforts visant à rétablir la stabilité dans ce pays. « Le Maroc, qui a déjà fait part de sa position à l'égard de la crise libyenne, considère que l'ingérence étrangère, y compris militaire, complique la situation libyenne et impacte négativement les efforts internationaux visant à résoudre cette crise », a indiqué Bourita lors d'un point de presse à l'issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères grec, Nikos Dendias. Ces ingérences « auront un impact négatif sur tous les efforts visant à rétablir la stabilité en Libye », a-t-il averti. Pour le Maroc, « la solution en Libye ne peut être militaire », a encore insisté Bourita, qui a estimé que cette solution « ne peut être que politique et venant des Libyens eux-mêmes, comme cela a été démontré à Skhirat, avec l'accompagnement de la communauté internationale". La résolution de la crise libyenne "ne saurait provenir de l'extérieur, ni servir des agendas extérieurs", a-t-il dit. « La Libye n'est pas un fonds de commerce ou de diplomatie qui peut être utilisé pour organiser des conférences et se prendre en photos », a souligné Bourita, insistant que cette crise ne doit pas être traitée comme un « levier diplomatique », ni comme un « élément de shows diplomatiques », mais requiert un traitement « sobre et responsable, loin de toutes ces manœuvres et de cette exploitation de la souffrance du peuple libyen ». Le ministre a fait part, en ce sens, du « regret » du Maroc de voir « certaines parties contraindre les Libyens à prendre des positions et des obligations juridiques qui ne servent pas les intérêts du peuple libyen », s'interrogeant à cet égard sur « la conformité de ces engagements juridiques avec les dispositions de l'accord de Skhirat ». Ces engagements juridiques et ces positions politiques vers lesquels certaines parties tentent d'entraîner le gouvernement libyen et les différentes factions dans ce pays « servent des agendas extérieurs qui n'ont rien à voir avec les intérêts du peuple libyen, ni avec la stabilité et la paix que les Libyens appellent de leur vœu », a-t-il dit. Par conséquent, « nous sommes aujourd'hui à une étape cruciale dans le développement de la question libyenne, qui requiert coordination et responsabilité et exige l'éloignement de la Libye et des Libyens des agendas et des engagements juridiques qui ne servent ni la stabilité ni la paix dans ce pays », a ajouté Bourita. Le ministre a noté, par ailleurs, avoir convenu avec le chef de la diplomatie grecque de « coordonner davantage à l'avenir nos positions sur la crise libyenne », faisant savoir que les deux parties se sont également mises d'accord pour travailler ensemble « en faveur d'une solution politique basée sur l'accord de Skhirat, qui demeure jusqu'ici la seule expérience diplomatique réussie dans le traitement de la question libyenne ». Concernant la prochaine réunion sur la Libye, prévue à Berlin, Bourita a noté qu'il s'agira de la « 7e réunion internationale depuis Skhirat », formulant le vœu que cette réunion ne soit pas vouée au même destin que ses précédentes et qu'elle soit plutôt « suivie d'une action responsable pour parvenir à des solutions pratiques basées sur l'accord de Skhirat ».