L'Histoire du Maroc a été faite par des hommes valeureux et des femmes hors pair. Toutefois, les livres d'Histoire accordent peu de place à ces dernières. Des Histoires et des Hommes vous propose «Figures historiques», une série très documentée signée par Nadia Kamali et Leyla Triqui, pour rendre hommage à certaines d'entre elles. Cléopâtre Séléné Née en Egypte antique, Cléopâtre Séléné est la fille de Marc-Antoine et de Cléopâtre, la dernière Reine d'Egypte. Après la mort de ses parents, elle est élevée à Rome et épouse Juba II qui devient le Roi de la Maurétanie, l'actuel Nord du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. Elle participe au rayonnement politique, économique et artistique des grandes cités romaines comme Lixus et Volubilis. El Kahina Nous ne savons pas si elle s'appelait Tahya, Dayha ou Damina mais l'Histoire n'a retenu que son surnom: El Kahina qui signifie pour les uns «prêtresse» et pour les autres «sorcière». Au 7ème siècle, El Kahina est la figure insoumise et charismatique, qui s'est opposée à la dynastie Ommeyade dans sa progression pour conquérir et islamiser l'Afrique du Nord. Cavalière émérite, elle tirait à l'arc, maniait la lance et maitrisait parfaitement l'art de la guerre. Elle a pris la tête d'une armée d'hommes pour stopper l'avancée du général omeyyade Hassan Ibn Nouamane. Kenza d'Awraba Au 2ème siècle de l'Hégire, les Abbassides règnent sur la terre de l'Islam mais Idriss 1er leur conteste ce droit. Battu à la bataille de Fakh, il est condamné à l'exil et trouve refuge au Maroc, chez la tribu des Arwaba. Idriss 1er est accueilli avec enthousiasme. Il se voit accorder le commandement mais également la main de Kenza, la fille du chef de la tribu. Idriss 1er réussi à rallier une coalition de tribus berbères pour consolider son. Mais il ne tarde pas à se faire empoisonner par les Abbassides. Kenza se retrouve alors veuve et enceinte d'un garçon, Idriss II pour lequel elle s'est battu jusqu'à son accession au trône à l'âge de 11 ans. Fatima Al Fihriya C'est une riche veuve qui a consacré sa fortune à sa foi. Elle est la plus grande bâtisseuse de notre Histoire. Fatima est arrivée très jeune avec sa famille à Fès durant le règne d'Idriss II. Son père était un riche commerçant. A sa mort, Fatima réussit à convaincre sa sœur Maryam à dépenser l'ensemble de leur héritage au service de leur communauté pour honorer la mémoire de leur père. La générosité de cette femme pieuse a permis l'émergence d'un joyau architectural: la Mosquée Al Qaraouiyine qui est reconnue à ce jour comme étant la plus ancienne université dans le monde, encore en activité. Zeyneb Ennafzaouia Zeyneb était une femme dotée d'une grande beauté mais aussi d'un esprit d'analyse. Elle est originaire de la tribu amazigh de Nafza de l'Est d'Ifriquia, qui est l'actuelle Tunisie. Pour fuir les guerres tribales, son père a choisi de s'exiler à Aghmat dans l'Atlas marocain. C'est là qu'elle grandit et s'impose dans les cénacles des notables et chefs de tribus de la région. Zeyneb a eu 4 maris dont le dernier n'est autre que Youssef Ibn Tachefine qui a créé la dynastie Almoravide. Hafsa Rakounia C'est l'une des poétesses les plus célèbres d'Al-Andalus. Fille d'un noble riche et influent dans Grenade du 12ème siècle, elle a passé son enfance et sa jeunesse dans un contexte d'agitation politique intense, qui marqua la chute des Almoravides et l'instauration du Califat des Almohades. Par son talent et sa culture, tout comme par sa beauté, elle a pu occuper une place importante à la cour des Almohades. Elle a été envoyée à Rabat avec un groupe de poètes et nobles Grenadins devant le calife Abd al-Mumin. Celui-ci lui a accordé la «Rakuna», une sorte de salon littéraire près de Grenade qui lui valut le surnom d'Al-Rakuniyya. Essayida Al Hourra Fille d'une famille musulmane éminente, les Banu Rashid, Essayida Al Hourra est née vers l'an 1485. Elle grandit au Royaume de Grenade que sa famille fuit à la fin de la Reconquista pour s'installer à Chefchaouen, ville fondée par son grand-père. À 16 ans, elle épouse un ami de son père âgé de 30 ans de plus qu'elle. À sa mort elle lui succède au poste de Gouverneur de Tétouan. Elle se remarie après avec le Roi du Maroc, Ahmed al-Wattassi. Marquée par l'humiliation et l'exil forcé de l'Andalousie, elle organisera une économie de piratage des navires européens dans la méditerranée, ce qui lui vaudra également le surnom de la Reine des pirates.