Nous sommes dans les années 1950 et au Maroc, la coexistence entre musulmans et juifs est à la fois exemplaire et inédite pour l'époque. Tourné en couleurs, le film de trente et une minutes raconte l'histoire du brassage culturel et du respect mutuel que se portaient juifs et musulmans, en terre d'Islam. Produit à partir de films tournés et racontés par Aaron Zédé Schulman, «Yahssra…Douk Lyam», réalisé par Serge et Marc Berdugo, a été projeté ce dimanche à Los Angeles, en présence de plusieurs personnalités et membres de la diaspora marocaine de confession juive. Une assistance très émue, comme nous avons pu le constater sur place. Extraits. Quelques années avant qu'il recouvre son indépendance, le Maroc comptait quelque 220.000 marocains de confession juive. Il y a plus de 60 ans donc, ils représentaient plus de 2.3% de la population et il était difficile, comme le montre le documentaire, de différencier marocains et juifs, tant la coexistence était harmonieuse.
Produit à partir de films sur bobines tournés par Aaron Zédé Schulman dans de nombreuses régions du Maroc, le documentaire retrace des scènes de vie du quotidien des Juifs marocains des années 50, leurs rapports avec les musulmans et leurs échanges, au quotidien. A Marrakech, Amezmiz ou encore à Telouat, Meknès, Taza ou encore à Debdou, muni de sa caméra, Schulman a sillonné le pays pour mieux raconter des tranches de vie des juifs du Maroc. Leurs cérémonies, leurs métiers, leurs costumes et leurs coutumes. L'homme d'affaires casablancais a mené un vrai travail d'historien, compilé dans cette œuvre documentaire et raconté sur fond de rythmes judéo-marocains et de chants qui ont bercé l'enfance de dizaines de personnes dans la salle.
C'est dans l'une des salles de la synagogue « Em Habanim », au nord de Los Angeles, que ce film a été projeté, en présence de l'ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis Lalla Joumala Alaoui, de Serge Berdugo, président de la Communauté Juive au Maroc, de plusieurs universitaires et chercheurs et quelque 200 marocains de confession juive. C'est avec intérêt, émotion et beaucoup de nostalgie qu'il a été suivi par l'assistance. Certains n'ont pas pu contenir leurs larmes, d'autres, plus jeunes, découvraient pour la première fois une page de leur histoire et de celle de leurs parents. La projection a eu lieu en marge d'une manifestation culturelle rendant hommage au patrimoine judéo-marocain, organisée par la congrégation sépharade « Em Habanim » basée à Los Angeles.