Balance commerciale déficitaire, croissance économique ralentie, chômage et tensions sociales... L'Algérie est secouée depuis plusieurs mois par une crise financière grave. L'économie du pays, portée depuis des décennies par le pétrole - qui représente 96 % de ses exportations - est mise à rude épreuve après la chute drastique des prix du baril. Une situation alarmante qui a poussé les autorités à repenser in extrémis leur stratégie, et ce afin de freiner la faillite. Les chiffres du Fonds monétaire international (FMI) sont éloquents. Le déficit public a doublé en un an, passant de 8 % du PIB à 16 % en 2015. En février 2016, le président Abdelaziz Bouteflika avait reconnu une baisse de 70 % des revenus pétroliers en moins de deux ans. Depuis, la situation a continué de se détériorer. Les instances dirigeantes en Algérie ont pendant plusieurs années conçu les politiques de développement sur la base de la rente pétrolière, véritable facteur de fragilité qui entrave une croissance économique saine. Aujourd'hui, ils se trouvent contraints à élaborer un budget pour l'année 2017 tout en prévoyant des impôts plus élevés, des augmentations dans les prix du carburant et un gel des salaires. Des mesures qui touchent directement le pouvoir d'achat des Algériens. Les classes moyennes et les couches les plus démunies que sont de plus en plus confrontées à l'appauvrissement, une éventuelle montée des tensions sociales reste envisagée. Selon la revue panafricaine «Africa Times», la décision des autorités algériennes d'augmenter les taxes et de geler les salaires ne fait qu'aggraver la tension. Le plan du gouvernement visant à réduire les subventions des produits alimentaires, tout en augmentant les prix des denrées de base comme le pain et le lait risquerait de conduire à des émeutes dans le pays, ajoute la revue. Dans cet environnement difficile, le régime politique en place a tenté de recourir au Fonds de Régulation des Recettes, comme piste de sortie de crise. Ce fonds, qui était censé contenir l'épargne de cette génération au profit des générations à venir est aujourd'hui dans sa phase finale d'épuisement. A ce rythme, et compte tenu des incertitudes qui pèsent sur la remontée des cours pétroliers, l'Algérie devrait plus que jamais s'engager dans un processus de diversification, indispensable pour sortir d'une économie rentière. Toutefois, l'attractivité du pays pour les capitaux étrangers demeure problématique. La loi des 49-51, qui impose aux projets d'investissement une participation majoritaire d'une entreprise algérienne, décourage toujours les étrangers d'investir.