La 8ème édition du Forum des Droits de l'Homme, placée sous le thème "la force de la culture contre la culture de la violence", organisée en marge du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, à Essaouira, a démarré ce vendredi 21 juin et durera jusqu'au samedi 22 juin. Après la séance d'ouverture marquée par la présence d'Amina Bouayach, présidente du Conseil National des Droits de l'Homme, un panel sous le thème "Violences, entre origines et matérialisations actuelles" a été lancé. Modéré par le journaliste Abdellah Tourabi, ce panel a réuni autour de la même table des intervenants d'ici et d'ailleurs à savoir la journaliste Laure Adler, l'historien Gilles Manceron, l'actrice Nadia Kaci, l'écrivain Abdelkrim Jouaiti, le président du centre de recherche Al Mizane Mohammed Abdelouahab Rafiqi et Abdelhak Zraih, membre du CNDH. Se relayant à la tribune, les intervenants ont apporté leurs éclairages sur le rôle essentiel de la culture comme rempart à la violence. Pour Abdelkrim Jouiti, la culture ne peut que nous inciter à respecter les droits de l'Homme. "Quand j'étais enfant, mes collègues s'amusaient à frapper les chats et à chasser les oiseaux. Mais moi, comme je lisais un peu la poésie, je ne m'imaginais pas en train de faire ce genre de choses. Pour moi, ce genre de comportements violents étaient interdits et ce, grâce à la culture", a-t-il témoigné. De son côté, la journaliste Laure Adler a pointé du doigt les slogans utilisés lors des campagnes électorales du genre "tolérance zéro", estimant que ces derniers ne font que répandre la haine et amplifier tout type de violence. Elle a cité comme exemple la politique migratoire de Donald Trump qui, selon elle, a contribué à une "flambée" de haine et de xénophobie envers cette catégorie sociale en quête d'une vie meilleure. À la question "comment la culture peut lutter contre l'extrémisme religieux", Abdelouhab Rafiqi, alias Abu Hafs, a préféré partager son expérience en tant qu'ex-salafiste. "C'est grâce à la culture que j'ai pu retrouver la joie de vivre qu'on m'a ôté à mon jeune âge. Si mon père a tout fait pour que je devienne un "cheikh", ma mère elle, qui travaillait à la Royale Air Maroc à l'époque et qui était contre toute forme de radicalisation religieuse, m'incitait à lire les magazines de mode et de culture. Elle me donnait également de l'argent en cachette pour aller voir des films dans les salles de cinéma sans que mon père ne soit au courant. Et c'est grâce à ses "petites actions" que j'ai pu par la suite sortir de l'obscurantisme et devenir la personne que je suis actuellement", a-t-il témoigné. Regroupant des intervenants de renom, des artistes, des académiciens et des acteurs politiques et associatifs marocains et étrangers, ce forum qui se veut un espace d'échange et de réflexion, se poursuit jusqu'au samedi 22 juin, en marge de la 22ème édition du festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira.