Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, démissionnera "avant la fin de son mandat électif" fixé au 28 avril prochain, a annoncé lundi la présidence de algérienne. "Ladite démission du président de la République interviendra avant le 28 avril 2019, date de la fin de son mandat électif", a précisé la même source dans un communiqué diffusé par l'agence officielle de presse "APS". Et d'ajouter qu'avant sa démission, le chef de l'Etat algérien devrait prendre d'"importantes mesures pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition". Le communiqué a fait savoir que la nomination dimanche d'un nouveau gouvernement par le président Bouteflika "sera suivie par d'importantes décisions qu'il prendra, conformément aux dispositions constitutionnelles, à l'effet de permettre d'assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition". La présidence algérienne a relevé que cette période de transition s'ouvrira à la date à laquelle M. Bouteflika décidera sa démission. Au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika, 82 ans, a été très affaibli par un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution. Il se déplace en fauteuil roulant et ne fait plus que de très rares apparitions publiques. Voici par ailleurs un rappel des principales dates de la présidence de Bouteflika, confronté depuis février à une contestation sans précédent depuis sa première élection en 1999. - Le 15 avril 1999, M. Bouteflika, adoubé par l'armée, est élu à la présidence (73,79%) en pleine guerre civile. Son élection est contestée par ses six adversaires qui s'étaient retirés du scrutin en affirmant que les "jeux étaient faits". - Le 16 septembre, il obtient un oui massif au référendum sur l'amnistie des islamistes n'ayant pas commis de crimes de sang et de viols et se soumettant à l'autorité de l'Etat. Après sa réélection en 2004, un nouveau référendum permet l'adoption d'une "Charte pour la paix et la réconciliation", offrant le "pardon" aux islamistes encore dans le maquis en échange de leur reddition. La guerre civile avait commencé début 1992, après la décision des autorités d'annuler les législatives à la suite de la large avance au 1er tour des islamistes du Front islamique du salut (FIS), dissous par la suite. Elle a fait 200.000 morts (officiel). Près de 15.000 islamistes ont déposé les armes depuis 1999. - Le 11 avril 2007, deux attentats quasi simultanés à Alger, dont l'un visant le Palais du gouvernement, sont revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien. - Le 6 septembre, le cortège de M. Bouteflika est la cible d'un attentat suicide, et le 11 décembre deux attaques visent le siège du Conseil constitutionnel et des agences de l'ONU, également revendiqués par Aqmi. - En janvier 2013, une prise d'otages spectaculaire sur le site gazier d'In Amenas (1.300 km au sud-est d'Alger) est menée par un commando islamiste. Elle prend fin après un assaut des forces spéciales: 40 salariés et 29 assaillants tués. En 2008, le Parlement adopte une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. M. Bouteflika est élu (90,24%) pour un 3e mandat en 2009. En janvier 2011, des émeutes contre le coût de la vie font cinq morts et plus de 800 blessés. M. Bouteflika annonce des réformes jugées insuffisantes par l'opposition. En 2012 puis 2017, l'alliance soutenant M. Bouteflika, formée du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et du Rassemblement pour la démocratie (RND), conserve la majorité absolue au Parlement. En avril-juillet 2013, un accident vasculaire cérébral (AVC) laisse M. Bouteflika affaibli et souffrant d'importantes séquelles. En septembre, il marque pourtant son autorité avec un important remaniement ministériel et réduit l'influence des services secrets. En 2014, il est réélu (81,49%) pour un 4e mandat. Il prête serment en fauteuil roulant et sera de nouveau hospitalisé à plusieurs reprises en Europe. Le 30 janvier 2016, la présidence dissout le DRS (Département du renseignement et de la sécurité), considéré comme un "Etat dans l'Etat" et dont le patron, le puissant général Mohamed Mediene dit "Toufik", avait été limogé en septembre. Le 15 août 2017, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est limogé, trois mois après sa nomination, sur fond de lutte de clans. Il est remplacé par Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du chef de l'Etat. Le 10 février 2019, Abdelaziz Bouteflika annonce qu'il briguera un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril. Le 22, des dizaines de milliers de personnes défilent contre ce 5e mandat. C'est le début d'une contestation inédite contre M. Bouteflika. Le 11 mars, le président annonce renoncer à briguer un 5e mandat et reporter la présidentielle, tout en prolongeant de fait son mandat, jusqu'à un prochain scrutin. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia est remplacé par le ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui. Le 26, le chef d'état-major de l'armée propose que M. Bouteflika soit déclaré inapte à exercer le pouvoir en vertu de la Constitution ou qu'il démissionne. Mais le 29, les Algériens défilent à nouveau en masse, pour le sixième vendredi consécutif. "Le peuple veut que vous partiez tous!", scande la foule à Alger. Outre ces rassemblements, de multiples manifestations de médecins, d'étudiants, de journalistes, d'avocats, d'ingénieurs et de chercheurs ont contribué à maintenir la pression en faveur de changements profonds. Le 1er avril 2019, la présidence de la République annonce que M. Bouteflika démissionnera avant l'expiration de son mandat, le 28 avril.