Une conférence organisée par l'Institut Amadeus sous le thème « Les défis de l'Union africaine : construire une intégration continentale solide », a réuni vendredi 1er mars 2019, à New York, divers experts américains et africains de renom ainsi que d'ambassadeurs africains à l'ONU. Les importants défis de l'Union africaine (UA) ont été au cœur de cette rencontre, tenue au siège des Nations Unies, qui a permis de discuter de l'organisation continentale qui est en plein processus de réforme. Les participants ont souligné l'importance capitale de l'intégration économique en Afrique pour l'émergence du continent africain, terre d'opportunités et de potentiels où sont enregistrés actuellement les taux de croissance les plus élevés du monde. Intervenant lors de cette rencontre, le président de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, a relevé que le Royaume du Maroc et l'Afrique maintiennent une relation de longue date et leur coopération politique et économique a atteint un niveau supérieur ces dernières années. Depuis le retour du Maroc au sein de l'Union africaine il y a deux ans, a noté Fassi Fihri, le Royaume continue de jouer un rôle majeur dans l'accompagnement du développement en Afrique, précisant que lors des récentes visites de de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans plusieurs pays africains, plus de 600 accords ont été signés par le Royaume avec ces pays dans différents domaines touchant au commerce, à l'investissement, à la coopération culturelle et cultuelle, au sport et à la politique, etc. Tout cela place le Maroc comme premier investisseur en Afrique de l'ouest, et second investisseur au niveau du continent, a-t-il rappelé. Le président de l'Institut Amadeus a également souligné que le Maroc, depuis son retour à sa famille institutionnelle africaine, a été très actif sur la question de la migration, notamment en partageant les succès de ses politiques migratoires avec les pays membres de l'UA. Evoquant la question de l'intégration africaine, M. Fassi Fihri a rappelé que l'année 2018 a été marquée par la signature par une grande majorité de pays africains de l'accord de la Zone de libre-échange continentale africaine, soulignant que 2019 devrait être l'année de la ratification de cet instrument international afin qu'il puisse jouer pleinement son rôle dans l'intégration économique du continent. De son côté, Abderrahman Chabib, président du World Council for Youth and Diplomacy, a plaidé pour un rôle plus prononcé de la communauté internationale pour établir une plate-forme de coopération qui reconnait le potentiel énorme de l'Afrique. Pour M. Chabib, il ne fait aucun doute que l'Afrique est finalement "en train d'émerger". Au cours des quinze dernières années, a-t-il noté, le continent dans son ensemble a enregistré une croissance annuelle supérieure à 5%. Cela a permis de réduire la pauvreté extrême et de créer une classe moyenne grandissante. La croissance du continent africain ne peut plus être expliquée seulement par la forte demande mondiale pour ses produits de base abondants, bien que le récent ralentissement observé sur les principaux marchés émergents, notamment la Chine, soit préoccupant, a estimé le président du World Council for Youth and Diplomacy. Il a également relevé que les deux tiers de la croissance en Afrique au cours de la dernière décennie ont, en réalité, résulté d'une demande intérieure accrue dans des secteurs en plein essor, tels que les télécommunications, les services financiers, la manufacture et la construction. "Nous avons aussi constaté des progrès encourageants dans l'émancipation des femmes, et le continent est en voie de réaliser l'enseignement primaire universel. La propagation du VIH/sida est en baisse et le nombre de décès dus à la tuberculose et au paludisme est aussi en déclin", s'est-il réjoui. "Donc, globalement, notre continent va dans la bonne direction". Pour sa part, Witney Schneidman, Conseiller international Senior pour l'Afrique au cabinet Covington & Burling, a estimé que la signature de l'accord de la Zone de libre-échange continentale a marqué une étape importante de l'histoire du continent africain, "un moment singulier dont l'importance et la signification rappellent ceux de la création de l'Union africaine". Il a toutefois noté que la question de la mise en œuvre de cet accord continental reste tout aussi capitale. Cet ancien responsable du Département d'Etat et du Département américain du commerce extérieur, a, par ailleurs, prédit une hausse des investissements américains en Afrique suite à l'adoption l'année dernière par le Congrès US d'une loi baptisée "Build Act" octroyant des fonds additionnels aux entreprises américaines pour investir dans les infrastructures en Afrique. A cet égard, il a souligné que c'est l'investissement qui est le moteur réel du développement du continent, et non pas l'aide étrangère. Abdou Diop, Managing Partner chez Mazars, a, quant à lui, soulevé la nécessité de remédier à la problématique des infrastructures en Afrique afin de promouvoir l'investissement et le commerce intra-africain. Il a aussi souligné le besoin de promouvoir les blocs économiques régionaux en Afrique afin de permettre une mise en œuvre réussie de l'accord de la Zone de libre-échange continentale. De son côté, Mohamed H'Midouche, PDG de Inter Africa Capital Group, a précisé que vingt pays africains, dont le Maroc, ont ratifié à ce jour l'accord de la Zone de libre-échange continentale, tout en soulignant le rôle important joué par le Royaume pour le développement des infrastructures en Afrique. Selon lui, le développement des infrastructures dans le continent reste essentiel pour une intégration régionale réussie. Cette conférence, qui a permis d'engager un débat constructif sur les défis majeurs du continent africain, a également été marquée par la participation de quelque 140 lycéens et étudiants marocains qui prennent part à New York au programme "Jeunes ambassadeurs aux Nations-Unies", une initiative permettant à des centaines de jeunes venus des quatre coins du monde de se frotter de près aux défis de la politique, du leadership et de la diplomatie internationale.