Elle a tout juste 17 ans et elle revient de loin. Hajar a quitté son Maroc natal l'été dernier pour se retrouver en centre d'accueil pour jeunes migrants dans la commune catalane de L'Hospitalet de Llobregat. Un voyage qu'elle a pris le temps de raconter. « Je suis arrivée à bord d'une embarcation l'été dernier. J'ai passé deux jours en mer avec 50 autres personnes. Un homme est mort. Il faisait froid, il avait faim, il savait à peine nager… Un navire des secours maritimes [espagnols] nous a secourus et conduits jusqu'au port d'Algésiras », raconte-t-elle au journal La Vanguardia. Originaire de Ksar El Kébir au nord du royaume, elle a quitté le foyer familial avec l'approbation de ses parents. Ces derniers ont dû payer 20.000 dirhams à un passeur pour qu'elle puisse quitter le pays à bord d'un bateau de fortune depuis Moulay Bousselham en mettant le cap sur l'Espagne. « Je suis partie avec une amie qui est désormais prise en charge à Madrid. Mes quatre frères sont toujours à Ksar El Kébir. Là-bas, mon père travaille dans le domaine agricole », poursuit-elle. Arrivée à Algésiras, elle est prise en charge dans un centre d'accueil pour mineurs, d'où elle a par la suite décidé de s'enfuir. « Dans la rue, un homme, marocain, que je ne connaissais pas, m'a payée un ticket de bus pour Barcelone », relate Hajar. Un récit qui ressemble à celui de nombre de jeunes migrants qui quittent l'Andalousie pour atteindre la Catalogne. Une fois arrivés à destination, ils sont pris en charge par la Direction générale de la protection des enfants et adolescents (DGAIA). « Ils racontent qu'ils se font payer leur ticket de bus par un homme », souligne Enric Cunillera, directeur du centre d'accueil de L'Hospitalet de Llobregat, spécialisé dans l'accueil des jeunes filles et adolescentes. Ces derniers mois, Hajar a cohabité avec des jeunes de 12 à 18 ans originaires de différents pays, dont le Mali, le Ghana, la Roumanie, la Bolivie, le Nigéria, le Pakistan et la Colombie.