Casablanca. À bord d'un bus, de la ligne n° 19, desservant le centre-ville à Hay Hassani, un receveur tue un resquilleur qui s'est abstenu de payer son ticket. C'était un jour de week-end, dimanche 10 février. Il était 16 h passées. Le bus appartenant à la société de transport en commun Mdina Bus , ligne n° 19, desservant le trajet allant du centre-ville de Casablanca à Hay Hassani, avait déjà quitté le lieu de son départ situé au boulevard Rachidi, juste en face de l'arrondissement de Sidi Belyout. Certes, il s'agit d'une ligne comme les autres, mais à la seule différence, les receveurs se confrontent le plus souvent avec les resquilleurs. Pourquoi ? Parce que la majorité des ouvriers, issus de l'exode rural et louant des chambres à Hay Hassani, ne touchent que des salaires de misère ne leur permettant pas de supporter les charges quotidiennes du transport en commun ? Peut-être. Ce qui est certain c'est qu'aucun receveur, ni contrôleur ne peut combattre définitivement les resquilleurs. C'est ce que Khaled, âgé de 31 ans, célibataire, semblait avoir imaginé. C'est lui qui se chargeait, ce dimanche 10 février, de recevoir les trois dirhams cinquante des usagers. Cette ligne n'était pas étrangère pour lui puisqu'il y travaillait déjà depuis quelques mois. Et à chaque fois, il se trouvait face-à-face d'un ou de deux resquilleurs. Il les obligeait à chaque fois de payer leur ticket. Mais avec Lahcen, 21 ans et Abdelaziz, son aîné de dix ans, l'accrochage a fini au drame. Les deux personnes en question sont issus de la ville de Zagora. Ils ont rejoint, depuis quelques années, la capitale économique et ont loué ensemble une chambre à Hay Hassani.Les deux jeunes hommes ne paient que rarement leur ticket de bus. Quand ils sont montés dans le bus, ce jour, ils se sont réfugiés dans un coin tout en bavardant. Le receveur s'est avancé vers eux, leur a tendu deux tickets et les a sollicités de lui verser les sept dirhams. Tous les deux se sont moqués de lui. «Payez ou descendez», leur a-t-il demandé sur un ton sérieux. En rigolant, Abdelaziz a fait sortir de sa poche un bout de plastique renfermant du tabac à sniffer, connu en dialecte marocain sous le nom de «Tanfiha». En soufflant, le tabac a touché les yeux du receveur. Hors de lui, ce dernier s'est jeté sur Abdelaziz et lui a donné un coup de tête… Les voyageurs sont intervenus pour calmer les tensions des deux resquilleurs et du receveur. Lahcen est intervenu pour soutenir son ami. Le receveur a reculé, a ouvert une petite boîte renfermant des outils de mécanique et a saisi un objet en fer. Il s'est alors avancé vers son protagoniste. Perdant tout contrôle de ses nerfs, il a asséné un coup à Abdelaziz. Ce dernier a perdu connaissance. Le bus s'est arrêté. La police est arrivée. L'ambulance a évacué la victime vers les urgences de l'hôpital Ibn Rochd. Le receveur a été conduit au commissariat de police et a été traduit devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance.