Sujet qui a suscité moult débats et discussions, la dépénalisation de l'avortement revient à la une de l'actualité après le dépôt du groupement parlementaire du Parti du progrès et du Socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, la semaine dernière, d'une proposition de loi visant à retirer de la case pénale « l'interruption médicalisée de la grossesse ». Médecin gynécologue, ancienne présidente de l'Association des gynécologues du secteur privé et parlementaire, Touria Skalli Alaoui, relance le débat tentaculaire sur « l'avortement » en déposant au bureau du Parlement une proposition de loi sur l'IMG. Soutenue par les 12 parlementaires que constitue le groupement parlementaire du PPS, Touria Skalli a dans la voix l'optimisme du gagnant. La parlementaire répète inlassablement que le débat doit être discuté sereinement et dans une approche saine. Pour une fois que la proposition a atterri au sein de la Commission des secteurs sociaux à la tête de laquelle se trouve Saida Ait Bouali du parti Istiqlal et non pas celle de la justice, la parlementaire est soulagé. Justement pour sortir la question de l'approche pénale qui la paralyse. Elle espère trouver une oreille attentive au sein de cette commission pour que le débat embrasse une approche santé. « C'est juste insupportable de garder un enfant qui est le fruit d'un viol ou d'une inceste. En cas de viol, en cas d'inceste ou une grossesse qui menace la santé physique, mentale ou psychologique de la mère… L'approche santé est la meilleure pour éviter le déraillement de la question et pour protéger la santé de la femme, la santé de la famille et celle de l'enfant », souligne Touria Skalli. « Devant des cas concrets les familles et les médecins se trouvent dans l'embarras. Seule une loi de santé pourrait trouver un juste milieu. Avec tous les progrès de la médecine qui permettent de détecter toutes les anomalies génitales très tôt, qui permettent de savoir qu'elles sont les maladies qui vont être dangereuses pour la femme enceinte (…) Et 60 ans après le texte de 1960 du code pénal, la révision de ce texte juridique s'impose », affirme la parlementaire. Comment trouver le juste milieu ? « L'avortement » figure dans le chapitre 8 du code pénal. Dans ce chapitre intitulé « l'atteinte aux mœurs et à la moralité publique », « l'avortement » est traité suivant l'approche de la débauche. La revendication aujourd'hui est de l'arranger dans la logique d'une loi de la santé qui s'adresse aux praticiens de la santé pour éviter les avortements clandestins et non médicalisés qui entrainent des malheurs pour les femmes et les enfants. Avec cette loi le débat va être dirigé sous la coupole du Parlement dans le sens des lois bioéthiques. Le Maroc compte trois lois bioéthiques, une sur le don de sang, le don d'organes et une troisième en cours de discussion on est sur la procréation médicalement assistée, et quatrième et celle proposée par le PPS et qui a pour titre « l'interruption médicalisée de la grossesse ». En effet, l'appellation va avec les recommandations de la Commission royale. Pour sa part, Aicha Lablak, chef du groupement du PPS, a assuré que parmi les partis de la majorité, seul le PJD a répondu favorablement à cette proposition. Et parfois, il suffit d'un pour vaincre.